Chapitre 8 : Fuis pour ta survie

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La nuit était claire et le ciel dégagé. Marie regardait les étoiles. Elles semblaient si loin et si proche à la fois. Quand elle était petite, sa mère lui disait qu'une étoile représentait une personne que l'on avait perdu et que cette personne veillait sur elle. Marie se demandait si ses parents étaient là, dans ce magnifique voile parsemé d'innombrables étoiles. Mais si c'était le cas, comment pouvaient-ils veiller sur elle, les étoiles ne revenaient jamais sur la Terre. En pensant à la théorie de sa mère, Marie caressait les cheveux de sa sœur qui dormait près d'elle.

"Je te promets de ne pas rejoindre papa et maman trop vite, je veillerai sur toi aussi longtemps que je le pourrai."

Après avoir dit ces mots, Marie s'endormit dans cette forêt paisible.

***

Marie se réveilla en sursaut. Son cœur battait la chamade, sa respiration était haletante et des gouttes de sueur coulaient le long de son visage. Encore ce rêve, pensa-t-elle, pourquoi est-ce que je fais toujours ce rêve ?  Depuis plus d'un mois, Marie faisait le même cauchemar presque toutes les nuits. Elle se trouvait dans une pièce étrange avec d'autres personnes. Tout le monde criait et se débattait. C'était tout ce qu'elle voyait et les silhouettes restaient toujours très floues. Marie s'essuya le front avec son bras et observa les alentours. Le jour était déjà levé, tout semblait calme. Plusieurs espèces d'arbres l'entouraient. Il y avait des chênes, des châtaigniers, des hêtres, des bouleaux et d'autres que Marie ne connaissait pas. De rares fleurs jonchaient timidement le sol : des violettes, des carlines, des iris bleus et des lis jaunes. La nature était vraiment très belle en cette saison. 

***

Marie admirait toujours les plantes qui étaient autour d'elle et Suzanne dormait encore. Un bruit lointain attira son attention. Il lui semblait reconnaitre le bruit d'une voiture, puis des aboiements et des gens qui parlaient. D'un coup, elle comprit ce qu'il se passait et elle réveilla sa sœur rapidement. Elle mit sa main sur la bouche de la petite fille pour qu'elle ne fasse pas de bruit. Marie fit signe à Suzanne de rester silencieuse et elles partirent en courant, dans le sens opposé des voix. Suzanne ne comprenait pas pourquoi il fallait courir mais le visage empli de peur de sa sœur lui suffisait amplement. La petite fille tentait tant bien que mal de suivre sa sœur, mais ses petites jambes refusaient d'aller plus vite. Une racine qui sortait du sol la fit tomber. Marie se retourna et revint sur ses pas aussi vite que possible et aida sa sœur à se relever. 

"Dépêche-toi, lança-t-elle essoufflée, c'est la Milice !"

Les deux sœurs reprirent leur course folle en se tenant la main. Les aboiements des chiens et les voix des miliciens se rapprochaient de plus en plus. Marie avait l'impression de sentir leur souffle sur sa nuque et ses jambes. Ils sont plus rapide que nous, pensa Marie, il faut qu'on trouve un moyen de leur échapper. On doit être plus maligne qu'eux. Les chiens nous repèrent grâce à leur odeur mais s'ils ne la sente plus, on pourra se cacher et attendre qu'ils partent. Un bruit différent de celui de leurs poursuivants parvint à Marie. Une rivière !  Marie tira la main de Suzanne et elles se dirigèrent vers le cour d'eau. Celui-ci n'était pas très loin, plutôt étroit.. Un léger courant emportait les feuilles et les brindilles. Marie sauta dans la rivière et un frisson parcourut tout son corps à cause de la fraicheur de l'eau. Elle prit sa sœur par les hanches et la fit descendre dans la rivière. L'eau montait au-dessus des genoux de Marie et jusqu'à la taille de Suzanne. Ensemble, elles descendirent le courant en essayant de ne pas se faire emporter. L'eau était tellement froide que Suzanne grelottait. Sa robe la gênait pour avancer alors elle la remonta aussi haut qu'elle put. Marie avait fait la même chose. Elles peinaient toutes les deux à avancer dans l'eau claire de la rivière. Les aboiements des chiens étaient encore plus proches. A ce rythme, on ne les sèmera jamais. Même dans l'eau ils arrivent à nous suivre ! Soudain, une idée émergea dans l'esprit de la jeune fille. Avec Suzanne, elles se mirent contre le bord de la rivière. Marie commença à prendre de la terre et la mouilla pour en faire de la boue. Ensuite, elle l'appliqua sur son visage, ses cheveux, ses bras et son corps. Elle fit signe à sa sœur de faire la même chose. Quand leur corps fut recouvert de boue, elles avancèrent encore un peu dans la rivière puis elles s'assirent dans l'eau et restèrent là sans bouger ni faire le moindre bruit. Elles se serraient l'une contre l'autre. L'attente était interminable. Les aboiements étaient tout près et les miliciens marchaient près de la rivière. Marie serrait de plus en plus sa sœur contre elle et enfouit son visage dans le creux de son épaule pour s'empêcher de faire le moindre bruit. Une larme silencieuse coula le long de son visage noir de boue. Au bout de quelques minutes, qui avaient paru être des heures pour Marie et Suzanne, les miliciens s'éloignèrent. 

***

Marie et Suzanne avaient attendu presque une demi-heure avant de sortir timidement de la rivière. Elles s'enlacèrent et pleurèrent silencieusement. Après cette étreinte, elles se lavèrent pour enlever la boue de leur corps. Marie lava les cheveux de sa sœur. A ce moment-là, elle se rendit compte qu'elles ne s'étaient pas lavées une seule fois depuis qu'elles avaient quitté leur village. Cela faisait déjà plusieurs semaines. La jeune fille repensa au sort qu'avaient subi ses amis. Je ne dois pas penser au passé, je dois veiller sur Suzanne ! 

***

Marie et Suzanne étaient restées longtemps dans l'eau pour se laver. Ensuite, elles avaient trouvé un grand arbre et s'étaient appuyées dessus pour passer la nuit. Mais dans la forêt noire, aucune des deux ne parvint à trouver le sommeil.

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Merci à ma sœur qui m'a fait la couverture de Pour que le jour se lève et merci à vous qui lisez cette histoire. Bonne lecture à tous !

Pour que le jour se lève [TERMINÉE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant