Chapitre 6 : J'aurais aimé avoir plus de temps

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Je tiens à dire que ce chapitre est un peu violent. Il peut être dérangeant pour les personnes jeunes et sensibles. 

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Une sombre ambiance s'était installée dans le village. Chaque regard semblait refléter la même chose : la terreur. Le village était devenu silencieux, plus personne n'osait parler dans la rue. On se regardait avec un air inquiet et accusateur. Tout le monde s'espionnait mutuellement. La paranoïa avait fait irruption dans la vie du village. Même dans les maisons, tout était devenu silencieux. 

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Ce jour-là, Marie et Suzanne avaient décidé de se promener en forêt. Elles voulaient se changer les idées et échapper à la folie qui régnait. Chargée d'un sac avec de quoi manger et deux couvertures, Marie marchait lentement à côté de sa sœur. Jeanne avait insisté pour qu'elle prenne ce sac. On ne sait jamais, peut-être qu'il fera froid ou que vous aurez faim sur le trajet, avait dit Jeanne. Marie pensait à Pierre. Elle aurait voulu qu'il les accompagne, mais avec sa jambe qui le faisait souffrir c'était compliqué. Même s'il était blessé, elle remerciait le ciel que les miliciens ne l'aient pas emmené. 

***

La forêt était un endroit où tout semblait paisible comme si la guerre n'était pas venue jusque-là. Suzanne s'émerveillait devant les papillons, les oiseaux et les fleurs. Elle était si heureuse. Elle n'avait pas autant souri depuis longtemps. Après avoir marché pendant une dizaine de minutes, Marie et Suzanne se couchèrent dans l'herbe et regardèrent les nuages cotonneux. 

"Regarde Marie, celui-ci on dirait un loup qui hurle à la lune !"

La fille aux cheveux châtains regarda ce que Suzanne lui montrait et essaya de trouver ce loup. Elle, à part une grenouille mutante, elle ne voyait pas grand chose. La légère brise faisait partir les nuages et en amenait d'autres. C'était comme un spectacle où les acteurs défilaient à chaque scène. Dès qu'un nuage disparaissait, Suzanne lançait un "au-revoir le nuage" en agitant la main. Quand un autre arrivait, les deux sœurs disaient l'une après l'autre ce à quoi ça leur faisait penser. Elles voyaient des maisons, des arbres, des animaux et des créatures imaginaires. Parfois, devant leur grande imagination, elles éclataient de rire. Que c'est bon de se coucher dans l'herbe sans craindre quoi que ce soit, pensait Marie. Leurs rêvasseries furent interrompues par un grand bruit. On aurait dit des bruits de voitures. Suzanne et Marie se redressèrent et rampèrent jusqu'à des buissons. Quand la guerre avait commencé, leurs parents les avaient prévenues de se cacher à la moindre alerte. Quand les deux sœurs eurent atteint les buissons, elles découvrirent des camions et des voitures filant sur le chemin de terre. Marie reconnut les uniformes des miliciens et des soldats allemands. Ils étaient si nombreux ! Marie n'en croyait pas ses yeux. Elle fit signe à Suzanne de ne pas bouger et de ne faire aucun bruit. La petite fille s'exécuta et ne bougea pas d'un millimètre. Toutes deux restèrent cachées derrière les buissons jusqu'à ce que le bruit des véhicules ne soit qu'un vulgaire chant au loin. Marie se leva doucement et ordonna à sa sœur de la suivre : elles devaient rentrer au village. Les deux jeunes filles marchèrent silencieusement. Où se rendaient ces soldats ? Et pourquoi étaient-ils aussi nombreux ? se demandait Marie. Elle avait un mauvais pressentiment. Les deux sœurs marchaient en direction du village quand elles entendirent des cris d'hommes, de femmes et d'enfants. 

Pour que le jour se lève [TERMINÉE] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant