Les Limbes

4.

"Faites attention à ce que vos enfants ne sombrent pas dans la drogue, on a déjà du mal à en trouver pour nous."

Le bruit. Il était présent partout, autour d'elle. Des cris et des hurlements bruyants. Des cris graves, des cris aigus. Les jeunes qui se bousculés et se jetés dans tout les sens. Discutant, brayant, s'enlaçant, s'embrassant. Chaque voix faisant écho dans toute la discothèque entière. Les couleurs qui jaillissaient de toutes les directions à la fois. Et sans compter que la salle empestait l'odeur de la sueur qui dégoulinait sur tout les fronts et des parfums à deux balles dont s'aspergeait les adolescentes. Sandra se frayait un passage à travers tous ses jeunes adultes en furie. Elle se dirigeait vers les tables en bois rondes, un peu plus loin. Elle bouscula quelques personnes au passage qui brayèrent après elle, mais c'était sans importance. Elle arriva enfin aux tables. Clay l'attendait déjà. Il avait les cheveux et les yeux maquillaient de noir, lui donnant un air assez gotique. Même son manteau en cuir était noir. Sandra s'avança vers lui d'un pas assurée et déterminée. Clay l'aperçut, lui lança un sourire chaleureux et l'invita à s'asseoir en face de lui. Ce qu'elle fit. 

"Alors, comment est ta soirée pour le moment ? Pas trop ennuyeuse, j'espère", demanda t-il.

Sa voix était rauque et ils devaient presque hurler pour se faire entendre. Sandra cernait déjà bien le personnage. Le genre de type qui se dit être ton ami uniquement pour gagner son argent et faire de bonnes affaires.

"J'ai vu moins bruyant, se contenta t-elle de répondre d'un haussement d'épaule.

- C'est vrai qu'on risque de devenir sourd à rester ici trop longtemps. Tu n'as pas emmené tes amies ?

- Elles n'étaient pas intéressées. Désolé.

- Dommage pour eux. Il rate vraiment quelque chose. La musique est juste super."

Ils n'arrêtaient pas de passer en boucle des musiques de vieux rocks des années 80. Sandra n'avait rien contre, mais à force de l'entendre depuis 30 minutes, elle commençait à devenir folle. Clay se pencha par-dessus la table, un long sourire aux lèvres, dévoilant ses dents en or qui ornaient sa dentition. Sandra réprima un frisson de dégoût. 

"Bon, j'ai quelque chose pour toi, informa le gothique. 

- Tant mieux, car c'est pour ça que je suis ici. Allez donne-le moi, il ne faudrait pas..."

Clay leva la main pour l'arrêter. Il ne paraissait pas aimer l'air qu'elle prenait envers lui.

"D'abord l'argent, après la marchandise."

Sandra soupira agacée. Elle fouilla dans son sac à main et sortit son portefeuille. Après avoir comptée, elle posa sur la table 100 euros en liquide.

"Voilà ta part. 

- Et voilà la tienne."

Ce fut au tour de Clay de poser quelque chose sur la table. Il s'agissait d'un sachet dans lequel se trouvait de la poudre blanche à l'intérieur. Il prit l'argent et se leva, ravi de sa petite affaire.

"J'ai était heureux de faire affaire avec toi. Bonne chance pour la suite. Tu sais où me trouver, bien sûr.

- Je sais toujours où te trouver Clay", soupira Sandra, pressée d'en finir.

Clay hocha la tête et s'éloigna dans la foule. Sûrement pour d'autres "affaires". Sandra amassa la marchandise et se dirigea vers les toilettes pour femme. Elle se fraya de nouveau un passage à travers les gens et entra dans les toilettes. Elle s'assura qu'il n'y avait personne et se cacha dans une des cabines. Sandra ouvrit le sachet et étendit son contenu sur la cuvette. Elle s'empara d'une paille dans son sac et fit... Ce qu'elle avait à faire. La drogue lui monta tout le long du nez, une sensation très désagréable au début. Mais ensuite, c'était la détente. 

Déjà, elle se sentait libre. Sa vision commençait par se brouiller un peu. Et les murs semblaient bouger. Elle se releva avec peine, et tituba jusqu'à la porte, un peu sonnée. Sandra ouvrit la porte et se retrouva de nouveau parmi les autres. Tous ses sens étaient décuplés. La musique sonnait comme une douce mélodie dans sa tête. Elle avait l'impression de comprendre. De comprendre la chanson. Et celui qui l'avait créé. Même si elle était beaucoup plus forte qu'avant, elle comprenait. Les couleurs que projetait le disco paraissaient plus vivantes, plus vives. Elles l'aveuglaient à chaque fois qu'elles passées devant Sandra, dévoilant sa véritable beauté cachée. Sandra se sentait bien. Elle avait l'impression de voler, d'être capable d'accomplir n'importe quoi. Le temps semblait se dilater. Les personnes bougeaient à toute allure, les voix plus rapides qu'auparavant, la musique plus courte. Elle se mit à rire.
Une personne s'approcha d'elle. C'était un jeune homme, le visage souriant. Il lui parlait, mis elle ne comprenait que quelques mots.

"Viens... Piste... Danser !"

Elle ne put s'empêcher de sourire. Son cœur battant la chamade, ses pensées filantes à une vitesse inimaginable. Sandra suivit le jeune homme sur la piste de dance. Elle secoua la tête, complètement folle, les cheveux passants de devant à derrière d'un coup de tête. Elle se défoulait comme elle ne l'avait jamais fait parmi les autres danseurs. Le monde n'avait plus de secrets. Pour elle, tout avait repris son sens ! Elle se sentait libre ! Soudain, un énorme grondement se fit entendre dans toute la salle. Mais personne ne semblait inquiet. Juste un éclair pour eux. Pourtant, ils auraient dû être en alerte. Car, dehors, l'orage avait commencé.