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"Le temps est un grand-maître qui tue ses plus vieux élèves."

Marie était de retour. Le portail vert d'une grande maison, à l'orée du bois, au bord d'une route. Étrangement, le portail n'était pas fermé. Il était ouvert, comme pour accueillir les visiteurs. Marie pouvait voir l'immense jardin avec, en son centre, une piscine gigantesque. La maison avait un aspect très moderne, peinturée en blanc, avec ses très nombreuses portes-fenêtres donnant une vue sur l'intérieur de la maison. L'étage possédait deux portes-fenêtres qui menaient sur un balcon. Marie s'avança en direction de la piscine. Les déchets plastiques qui craquaient sous ses pieds à chaque pas. Pourquoi personne n'avait nettoyé ? C'était le chaos partout autour de la piscine. Mais rien ne lui revenait en mémoire, aucun souvenir. Elle entra dans la maison par les portes-fenêtres. La cuisine en face d'elle était magnifique. De belles chaises, un beau four, un beau bar... Tout ça devait payer un prix monstrueux. Marie cria :

"Alice ? Il y a quelqu'un ?"

Aucune réponse. Le son de sa voix ce répercutée contre les murs de la maison.

"Est-ce qu'il y a quelqu'un ?"

Rien, à croire que la maison était inhabitée. Elle fouilla le rez-de-chaussée, mais ne trouva rien de très intéressant qui pouvait l'avancer dans sa recherche. D'ailleurs, qu'est-ce qu'elle recherchait au juste ? Des indices sur ce qui s'est passé ce-soir là ? Pourquoi ne pas en parler à Alice ? Puis elle ce souvenu que la communication par téléphone ne marche plus depuis quelque temps. Bref, la seule chose qu'elle voyait était des photos de famille, des jeux de société et des livres par millier. Sur la cheminée, Marie trouva des poupées russes sur la cheminée qu'Alice avait acheté lors d'un de ces nombreux voyages. Elle aperçut aussi une peluche sur le canapé. Un ours rose avec un œil remplacé par un bouton. Marie se rappela qu'Alice et son mari avait un enfant : Martial. Un enfant charmant au court cheveu blond, âgé de 6 ans à peine. Elle reposa la peluche à sa place et attaqua le premier étage. Juste trois accès. Le balcon, la chambre de Martial et la salle de bain. Marie entendit quelque chose qui la figea sur place. Quelqu'un parlait dans la chambre de Martial. C'était la voix de deux petits garçons. Martial ? Mais qui d'autre ?

"Tu veux du thé", proposas l'un d'eux.

Marie n'entendit pas la réponse. Juste un grognement. Elle se rapprocha et colla son oreille à la porte. 

"Tu ne veux pas de thé ?

- Non, je t'ai dit ! Je m'en fous de ton thé", s'énerva la voix stridente et nasillarde.

Marie fronça les sourcils, perplexe. Qui était qui ?

"Tu m'énerves avec ton thé ! T'as pas autre chose à me proposer ! Incapable ! 

- Non, supplia l'autre voix. S'il te plaît, ne me frappe pas !

- Ferme là ! Je veux que tu la fermes !"

Elle entendit des cris venant de la chambre puis un long et terrible sanglot. Marie hésita à rentrer. Elle ne savait pas ce qu'il y avait de l'autre côté. Et elle n'était pas rassurée. Il y avait quelque chose qui clochait... Elle finit par jurer, au diable ce qui pouvait lui arriver ! Elle ouvrit la porte et entra dans la chambre. C'était une chambre normale, un lit sur la gauche, des posters, des BD pour enfant, une fenêtre... Dans un coin de la pièce, Martial sangloté, recroquevillé sur lui-même. Marie s'avança vers lui d'un pas rassurant et s'accroupit à sa hauteur.

"Alors petit bonhomme, qu'est-ce qui se passe ? Avec qui tu parles ?"

Il ne répondit pas. Ses yeux étaient emplis de terreur et il tremblait de tout son corps. C'est là que Marie remarqua les bleus sur ses bras. Il avait été frappé !

Les LimbesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant