11-Séparation

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Aujourd'hui

Le 22 novembre

Cher journal,

Ces derniers temps ont été un peu dur pour moi. Les événements se sont enchaînés rapidement et le fait de tout encaisser d'un coup est très compliqué à vivre.

***

Maman et moi arrivons enfin à la maison, suite à notre voyage à New-York. Dès que ma mère a posé un pied dans l'appartement, j'ai remarqué que ses doux traits fins du visage, se sont crispés sous l'effet de la peur. J'aurais bien voulu ignorer la cause de cette peur. Celle-ci s'est concrétiser par un cri grave, venant de l'autre bout de l'appartement :

—C'est qui ? Merde !

Mon père déboule dans l'entrée, vêtu d'un simple caleçon rouge. Je sens ma mère se liquéfier à côté de moi, alors je prends les devants :

—Coucou Papa !

—Qu'est-ce que vous foutez ici ?

Il n'a jamais été aussi glacial. Je garde mon sang-froid et réponds simplement :

—Eh bien, c'est chez nous. C'est normal que l'on soit ici ?

—Toi oui, mais elle ?

— « Elle » a un prénom.

—M'en fous, je n'ai plus rien à voir avec elle. J'ai reçu les papiers pour le divorce, alors qu'elle ne mette plus les pieds ici.

—Par... pardon ?

Ce son étranglé vient de sortir de la bouche de ma mère. Mon père la fixe droit dans les yeux, ce qui suffit à l'intimider, pour qu'elle baisse le regard. Il n'ignore pas sa remarque et lui explique :

—Ta plainte pour main courante que tu as déposé à la police... Figure-toi que l'agent qui s'est occupé de toi a seulement compris que tu voulais obtenir le divorce. Alors, voilà les papiers. J'attends seulement que tu les signes et que tu dégages de chez moi !

Jamais je n'aurais cru que mon père puisse être aussi cruel. Il n'a même pas l'air d'avoir de remords. Rien. C'est comme s'il avait perdu son humanité. Face au silence de ma mère, il poursuit :

—Ne t'inquiète pas, tu as la garde d'Hope. Exclusive même. Je te verserai une pension. Mais compte sur moi, pour ne rien te laisser d'autre.

—Mais... mais, bégaye ma mère. Comment... Comment peux-tu...

—Comment je peux quoi ? Vas-y. Finis ta phrase.

Les larmes commencent à inonder les yeux de ma mère. Quant à moi, je reste bouche bée, à me demander qui est l'homme qui se tient en face de moi.

—Laisse tomber, crache-t-il. Tu n'as jamais été foutu de t'imposer face à quelqu'un. Pas une seule fois. Tu m'as toujours laissé faire le sale boulot. Tu es minable. A cause de toi, notre fille te ressemble. Elle se prive de manger, elle fréquente des personnes pas recommandables et se dessine partout sur le corps. Tu crois que tu l'aides en la laissant faire ce qu'elle veut ? Non ! C'est tout le contraire. Tu la laisse s'enfoncer et quand tu t'en rendras compte, il sera trop tard ! Je te l'ai toujours reproché, mais pas une seule fois tu m'as écouté ! Pas une seule ! Alors, si ta question était : pourquoi ne te bats-tu pas pour la garde d'Hope ? La réponse est bien simple : il est trop tard. Je ne peux pas rattraper tous les dégâts que tu as déjà causé sur son corps. Maintenant, dégages de chez moi.

Il se tourne vers moi :

—Hope, tu peux rester pour la nuit si tu veux, mais sache que tu es sous la responsabilité de ta mère, à présent.

Les cicatrices du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant