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Je me suis enfermé dans ma chambre après le repas. Dans ma tête, leurs mots se mélangent avec les phrases entendues à l'école. Comment ça, ils respectent mon choix ? Comment ça je peux changer d'avis ?

Ce n'est pas un choix. Ce n'est pas une envie subite, une décision que j'ai prise un jour en me levant. Je suis homosexuel comme je suis un garçon. J'aime les hommes de la même manière que je respire ou même, de façon aussi naturelle que lorsque je chie.

Pourquoi leurs mots veulent-ils me faire douter. Pourquoi ne puis-je simplement être comme je suis, quand je suis sans que personne ne me dise rien ? Pourquoi doivent-ils faire un commentaire ? Pourquoi des gens tuent d'autres juste parce qu'ils n'ont pas les mêmes préférences sexuelles ? Est-ce que le mec qui préfère les brunes va venir casser la gueule à celui qui aime les blondes ? Je ne pense pas, ou alors, c'est vraiment un dérangé.

J'aime les hommes, ça ne veut pas dire que je veux violer des petits enfants. Ça n'a rien à voir avec le fait que ma mère s'est plus occupé de moi ou que je n'ai jamais fait de foot. C'est juste ainsi. Avant, je ne voulais pas le voir mais Taehyung est arrivé et a ouvert la porte en grand. Il m'a juste fallu un peu de temps pour oser la franchir. Maintenant que je suis de l'autre côté, je ne veux pour rien au monde, retourner dans mon ignorance.

Sur ma table de nuit, il y a un vieux livre que je n'ai jamais terminé. Je ne sais même pas si je l'ai commencé. Il est là pour que mes parents croient que je ne joue pas à la console ce qui ne sert plus à rien car elle est dans la cave.

Il est là et entre les pages 56 et 57, il y a les polaroïds qu'on a pris avec Taehyung. C'est vieux. C'était encore au début. On est dans le jardin japonais. Il n'y a que nous deux. Il rit et moi aussi. Son sourire est magnifique, il me fait un bien fou. Il me manque tellement.

Pourquoi n'ai-je plus mon téléphone ?

Je suis en pyjama et il est deux heures du matin maintenant mais j'ai envie de le voir. J'ai besoin de Taehyung. J'ai envie de pleurer. Ce n'est pas un choix, c'est moi. Je ne suis pas un choix, je suis un être vivant avec des hauts et des bas. Je ne suis pas nul, je suis seulement peu doué dans certains domaines. Ce n'est pas de ma faute lorsque je me donne à fond. C'est la faute de personne. Personne ne doit s'en vouloir, il faut juste continuer à vivre.

Je sonne le doigt tremblant car il fait froid. J'attends en regardant une voiture passer derrière moi et disparaître plus loin. Qu'est-ce que je fais là ? Je sonne à nouveau et mes dents commencent à claquer.

" Oui ? "

" C'est moi.... C'est Jungkook, je pourrai voir Taehyung ? S'il vous plait ? "

Il est deux heures du matin et je monte les escaliers sur la pointe des pieds. La mère de Taehyung faisait une tête étrange mais la mienne devait être pire car elle m'a laissé rentrer. Il dort, m'a-t-elle dit. C'est normal étant donné l'heure.

Sa chambre est sombre, une faible lueur venant des éclairages publics traverse les rideaux. J'ai l'impression que je ne suis plus venu ici depuis une éternité. Je me sens bien dans cette petite chambre. Il y a des photos aux murs, je regarde sans bouger. Il y en a une nouvelle avec sa grand-mère, elle est à côté des nôtres. Il les a laissés là.

Il est dans son lit. Je peux voir sa silhouette sous sa couette. Il ne bouge pas, on ne distingue même pas sa respiration. J'ai envie de rire, le savoir là me fait tellement de bien. Je m'avance en glissant les pieds sur le plancher. Il dort en étoile de mer, je souris. Lentement, pour ne pas le réveiller, je me hisse à côté de lui. Il ne se réveille pas, c'est vrai qu'il a le sommeil encore plus lourd que moi.

Une larme coule sans que je ne comprenne pourquoi. Je n'ai pas la force de retenir les suivantes alors je les laisse couler en silence. Ça fait du bien. Je me sens bien. Mes lèvres sont étirées en un sourire qui ne veut pas partir.

Taehyung se retourne. Sa main bouge et heurt mon corps. Il grogne. Je me fige. Il bouge encore. Il semble se rendormir. Il se déplace à nouveau, dans ma direction. C'est son pied qui me cogne cette fois-ci. Il fronce les sourcils. Sa bouche fait une grimace. Ses yeux s'ouvrent. Il sursaute.

- Jung... Jungkook ?

Tu me manquais tellement. Je t'aime. Je t'en supplie, pardonne-moi. Ne me laisse pas tout seul? J'ai besoin de toi.



Publié le 24 09 2018

Vous ne pouvez pas vous imaginez le nombre de fois que j'ai passé cette scéne (ce chapitre et le précédent) dans ma tête. J'ai du tester toutes les possibilités possibles, tous les dialogues, tous les mouvements, les soufles, les ombres et les lumières. C'est l'une des scènes qui m'a motivé à écrire. Alors évidemment, je la trouve bcp moins bien que mes films mais bon, c'est souvent comme ça pour ce genre de scène et c'est assez réussi pour que je m'en contente.

J'aimerais quand même que vous me disiez ce que vous pensez de cette scène :) Vu que j'ai passé des nuits et des cours à l'imaginer (oui, j'invente mes histoires soit pendant les cours, soit la nuit).



Regarde-moi TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant