Fanny

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Fanny

Avant, j'adorais les pâtes bolognaises mais maintenant et particulièrement ce soir, j'en suis dégoutée. La forte odeur de nourriture qui règne dans ce restaurant m'insupporte. J'ai envie de vomir à chaque fois que j'inspire une bouffée d'air et c'est complètement horrible.

- Tu bois de l'eau toi, Fanny ? Me lance Manuel visiblement intrigué.

Oui, et ça me va très bien, pensai-je.

- Tu ne sais pas ce que tu perds ! Cette sangria est probablement la meilleure sangria que j'ai bue de toute ma vie.

Je m'efforce de sourire. Je ne compte pas en boire donc ça ne m'intéresse pas forcement. Ça m'énerve d'être ici. Je joue constamment un rôle et c'est pesant. J'ai envie de me rouler en boule dans mon canapé, seule, et de pleurer jusqu'à n'en plus pouvoir. Fin... Je précise que je voudrai être seule mais même si j'aurai voulu être accompagnée, je n'aurai personne à inviter. Je n'ai plus d'amis, ma famille m'a « lâché » quand ils ont appris la nouvelle et mon copain a pris la fuite. Pourtant, mon attention était de le garder. Je voulais avoir l'assurance qu'il ne partirait pas mais chaque fois que je veux l'assurance de quoi que ce soit, j'en ressors perdante. Le pire c'est que chaque fois que je tourne ma tête vers la gauche, je croise la tête de Martin qui me le rappel constamment. Je lui ai offert ma virginité et en échange je voulais qu'il reste avec moi. Je voulais qu'il ne me quitte plus et qu'il reste auprès de moi pour le restant de mes jours. Qui ne rêverai pas de se marier avec quelqu'un aussi beau ? Tristement, j'ai toujours été naïve et je le serai toujours.

- T'es sûre que tu ne veux pas en goûter un tout petit peu ?

J'avais oublié à quel point Manuel pouvait être insistant.

- Je suis d'accord avec toi Manu, elle est bonne, poursuis Joana. Par contre, ce n'est pas la meilleure que j'ai goûtée! Chez Carrefour ils en vendent d'aussi bonnes.

J'ai compris qu'ils ne me lâcheront pas tant que je n'aurai pas goûtée. Alors, avec une tête de déprimée et je prends en hâte le verre de Manuel. Seulement, lorsque je suis sur le point d'en boire un peu, une scène un peu plus loin attire mon attention.

- Ce n'est pas vrai ! Lâchai-je sans faire exprès.

Je regrette déjà ma réflexion car j'ai senti plusieurs yeux braqués sur moi.

Deux tables plus loin, un homme d'un mètre quatre-vingt à peu près, s'agenouille auprès de sa copine. Ce dont j'ai toujours rêvé est en train de se produire sous mes yeux et je suis peiné de savoir que ça ne m'arrivera probablement jamais avec l'homme que j'aime.

Les deux futurs mariés ont les larmes aux yeux et soudainement, je sens mes joues devenir humides. Bien évidemment, personne ne remarque rien. Le magnifique club des douze est trop occupé à admirer la scène. Même moi, je n'arrive pas à détacher mes yeux d'eux. Ils sont si beaux. Il y a encore cinq minutes, je ne voulais pas que mes anciens meilleurs amis sachent que je compte pour deux à présent. Mais maintenant, j'ai envie qu'ils remarquent que je ne vais pas bien, j'ai envie d'avoir onze épaules sur lesquelles pleurer et j'ai envie de me sentir entourée de gens qui veulent mon bien.

Personne ne m'a jamais remarqué et personne ne me remarquera jamais. Je ne me sentirai jamais autant aimée que la fille qui est en train de se faire demander en mariage. Du coup, je reprends le verre de Manuel, rempli à tas-bord et je le bois coup-sec. C'en est trop. Mon envie de vomir est plus forte et je me mets à courir vers l'extérieur du restaurant. Je crois que prendre de l'air me ferai le plus grand bien.

Les Douze (NOUVELLE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant