Yamina
Yamina par-ci, Abdel par là. Yamina ceci, Abdel cela. C'est horrible d'être sans cesse reliée à quelqu'un avec qui, on ne peut pas être. Ce n'est pas que je ne veux pas sortir avec lui. Je ne peux pas sortir avec lui. Voilà tout... Il y a trop de différences entre lui et moi et trop de différences, tuent les différences. Trop c'est trop. Puis, c'est impossible pour moi de présenter un garçon à mes parents s'il n'a aucune chance de leur plaire.
Ma mère ne voudrait jamais que je me mari avec un mi- arabe qui fume, qui boit, qui ne croit pas en Allah, qui du coup ne prie pas et qui en plus n'est pas fière de ses origines au point de ne jamais aller dans son pays. J'ai besoin d'un marocain musulman dans ma vie, pas de Abdel. C'est l'éducation que j'ai reçue, c'est tout.
Quand on était gamins, je ne me voyais qu'avec lui. Je passais mes journées à entourer dans les magazines, des maisons susceptibles de pouvoir être les nôtres, une fois adultes. Malheureusement, mes frères ont appris que j'aimais bien Abdel alors ils l'ont frappé. Depuis, ils sont persuadés que je ne lui ai plus jamais parlé. Si seulement ils savaient que Abdel est un forceur et qu'il n'a jamais laissé tomber, il ne serait probablement plus en envie à l'heure actuelle.
Me voilà toute seule, dans cette petite boite pendant que les autres se tuent en fumant des cigarettes. J'ai toujours eut comme projet de les aider à comprendre qu'on peut s'amuser sans fumer, sans boire et sans faire l'amour avant le mariage. Je suis quelqu'un qui adore décider tout et n'importe quoi. J'aime être la chef mais dans ce groupe, il n'y en a jamais eu. Chacun a toujours été libre de faire ce qu'il voulait et personne n'a jamais dicté quoi que ce soit à qui que ce soit. Je suis persuadée que si José, par exemple, avait suivi mes conseils, il serait ici en train de danser avec moi au lieu d'être couché sur un lit d'hôpital.
- Hé, salut !
La petite voix de Joana derrière moi, me sort de mes pensées.
- Tu ne fumes toujours pas ?
Visiblement...
- Moi, je suis en train d'arrêter. J'ai déjà fait deux séances d'hypnose pour m'aider. Ça me pourrit la vie.
En voilà une qui semble tout doucement prendre le bon chemin.
- Je n'ai fumé qu'une demi cigarette là. En temps normal j'en aurai déjà fumé quatre depuis de début de la soirée.
Ce n'est pas pour être méchante mais je n'en ai rien à faire. Je m'en fous de Joana, je m'en fous d'Abdel, je m'en fous de tout le monde. Je veux juste rentrer chez moi, me doucher et me coucher. Je n'ai plus besoin de ce clan des douze, je ne veux plus leur parler. Depuis qu'on s'est tous séparés, j'ai rencontré de nouvelles personnes qui m'ont accepté telle que je suis et qui ne me lâchent pas en plein milieu d'une soirée pour aller fumer.
Joana ne fait que me raconter sa vie mais je ne l'entends pas vraiment. Elle parle, elle parle mais je ne m'y intéresse pas. Je hoche la tête pour faire semblant que je suis ce qu'elle me dit mais en réalité, je regarde le reste du groupe revenir à l'intérieur de la boite.
Je me lève et tous me regardent à leur tour.
- Je pars, dis-je.
Mon visage est neutre. Aucun sourire, aucune expression.
- Je vais t'accompagner, lâche Abdel en se dirigeant vers moi.
Punaise... Ce n'est pas possible !
- C'est gentil mais j'ai une voiture.
Il lève les yeux au ciel.
- Jusqu'à ta voiture patate !
Tous les autres commencent à prendre leurs affaires aussi. Je suis navré d'avoir gâché leur délire. Maintenant, tout le monde veut partir et ils supposent tous vouloir m'accompagner jusqu'à ma voiture. Ce n'est pas que je ne suis pas fière de montrer ma Fiat 500 toute neuve, je le suis. Seulement, je n'ai pas besoin qu'ils m'accompagnent. Je n'ai même pas envie de les revoir alors j'aimerai éviter la partie de la soirée où on programme de nouvelles choses.
En sortant de la boite, j'aperçois sans mal ma voiture rouge vif, à quelques mètres à peine de-là.
Maria s'est accrochée au bras de Manuel, elle a visiblement mal aux pieds. Laura a celui d'Abdel. Joana a celui de Martin et moi à celui de Lucas.
Le silence qui règne à présent est horrible alors Lucas décide de le rompre :
- Bon alors ! Récapitulons !
![](https://img.wattpad.com/cover/162894890-288-k687044.jpg)
VOUS LISEZ
Les Douze (NOUVELLE)
Short StoryDouze amis ou douze ex-amis ? Abdel, le plus jeune et le plus naïf du groupe n'attends qu'une chose : réunir à nouveau le club des douze, comme on les appelait en terminale. Pour ça, il ne trouve rien de mieux que d'organiser un diner dans un restau...