Maxime

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Maxime

Ça fait au moins cinq minutes que Marie me fixe sans ciller et ça me mets extrêmement mal à l'aise. Peut-être qu'elle le fait parce que je le faisais déjà avant elle mais comment ne pas regarder une telle beauté ? Dans mon souvenir elle n'a jamais été aussi belle. Sa silhouette s'est aminci et son décolleté montre une poitrine beaucoup plus développée qu'à l'époque. Ce n'est pas une surprise, j'ai toujours maté toutes les filles et pendant mes nombreux stages j'ai pu en voir des faux seins, donc je sais facilement les reconnaître!

- Alors Maxime, comment ça va les études ? Me lance Laura qui se trouve à deux places de moi.

Heureusement, sa question me permet de détourner mon attention de Marie et d'enfin respirer convenablement.

- Ça se passe bien.

Elle me regarde d'un air perplexe et je sens avant même qu'elle ne bouge qu'elle va continuer avec ses questions débiles. De là je repense à ce qu'a dit Yamina un peu plus tôt : il y a vraiment des choses qui ne changent pas avec le temps.

- Mais tu avais pourtant exprimé sur Facebook ta déception par rapport au fait que tu avais doublé ou je ne sais quoi. Je me trompe peut-être de personne après tout !

Je me souviens de ce fameux post sur Facebook. J'étais désespéré et au bout de ma vie. J'avais envie d'exprimer mes pensées et je l'ai fait ! Mais c'est quoi son problème ? Elle était vraiment obligée de parler de ça ? Elle aurait pu parler d'elle et de son métier actuel, qu'on ignore tous d'ailleurs je crois.

J'ai envie de lui demander quel âge elle a pour appuyer là où elle sait que ça fait mal mais je m'abstiens.

- Oui, j'ai eu pas mal de complications pendant l'année et j'ai raté quelques stages ce qui a fait énormément baisser ma côte mais cette année je vais m'y mettre à fond ! Je n'ai plus qu'un an à faire !

Le fait de devoir sans cesse me justifier ne m'avait pas manqué. Et puis, comment ça se fait que je l'ai encore en amie sur Facebook ? Il faudrait que j'envisage un éventuel tri.

De là où je me trouve, je vois un serveur arriver dans notre direction.

- Bonsoir à tous. Je crains qu'il ne manque quelqu'un à table donc nous ne savons pas si nous devons déjà vous servir ou si nous attendons la douzième personne.

D'un coup, on se regarde tous. J'étais persuadé que tout le monde était assis à table. Je jette de rapides coups d'œil mais je ne vois pas qui manque.

Par chance, je suis face à la porte d'entrée du restaurant et je suis le premier à voir une nouvelle silhouette débarquer. Quand je me rends compte de qui manquait à l'appel sans qu'on s'en soient rendus compte, je ne peux m'empêcher d'exprimer un sourire. Pas un sourire ressemblant à ceux que je m'efforce de faire depuis le début, un vrai sourire cette fois-ci.

- Joana, soufflai-je presque inaudiblement. C'est toi ?

Joana est celle que je n'ai plus vu depuis le plus de temps mais c'est celle avec qui je garde les meilleurs souvenirs. On a complètement perdu contact parce qu'elle n'a pas fini l'année scolaire avec nous. Dès qu'elle a eu dix-huit ans elle est partie en cours d'année faire du bénévolat en Afrique. Au final, ça lui a tellement plu qu'elle ne s'est plus consacrée qu'à ça. Ce sont de beaux projets mais je me suis toujours demandé ce qu'elle avait fait ensuite.

- Joana ! Dis-je a présent de façon à ce qu'elle m'entende.

Elle regarde dans ma direction et me sourit à son tour. Avant même que quelqu'un d'autre ait le temps d'enrichir, je me lève et je lui fais un gros câlin !

- Tu sais, je n'avais même pas remarqué que tu n'étais pas là ! Tu n'as plus donné de nouvelles ! Je ne sais même pas quoi dire, tu m'as vraiment manqué !

Ce que je dis est vrai et sincère. C'est évident que Fanny, José, Abdel et tous les autres (excepté Laura), m'ont manqué mais le lien d'amitié que j'ai autrefois eut avec Joana était plus fort que tout le reste et c'est quelque chose qui est resté ancré dans ma mémoire.

- Oh tu sais, j'ai eu pas mal de projets et entretemps j'ai ouvert ma propre ASBL. Je n'ai pas forcement pensé au fait de vous recontacter à nouveau. Pour mon plus grand bonheur, Abdel l'a fait et j'ai pu prendre cette soirée pour venir vous voir.

Elle semble ravie d'être venue, contrairement à moi. Pendant qu'elle fait le tour de la table pour dire bonjour à tout le monde, je m'aperçois qu'il n'y a pas que son visage qui a changé, son style vestimentaire aussi. Ses gros pulls ont laissé place à une jolie chemise léopard moulante et ses cuissardes marron ne font qu'accentuer le côté sexy de sa tenue. Il n'y a jamais eu d'ambiguïté entre nous, bien qu'elle soit super mignonne, alors il faut que je fasse un gros effort pour que ça ne change pas.

- Je suppose qu'en ouvrant ta propre ASBL t'as réalisé un de tes rêves alors ?

- Tu sembles très intéressé dit donc !

Je me tourne immédiatement pour voir qui a dit ça. J'hésite entre Fanny et Maria. C'est fou comme leurs voix se ressemblent. Je respire, j'inspire. J'essaye de ne pas m'énerver. Certaines ont visiblement envie de retourner à l'école. En tout cas, c'est ce que leurs attitudes laissent croire. Si je commence à faire attention à ce que tout le monde dit tout le temps, je ne risque pas d'aller bien loin.

- Je te raconterai tout ça plus tard !

Je suis content qu'elle ne fasse pas beaucoup plus attention à ces gamineries que moi.

- En tout cas, si tu trouves que j'ai changé, moi je trouve que ce n'est pas ton cas ! Et je parie que ta belle peau métisse continue de faire craquer toutes les filles, ou femmes plutôt.

Elle laisse échapper un rire sourd suite à sa petite plaisanterie.

Mais comment lui dire...

- Bah... disons que je compte me marier le mois prochain.

Tout le monde me regarde avec des grands yeux et la bouche entre-ouverte.

- Attends quoi ? Tu vas te marier ? Sérieusement ?

Marie n'en revient pas. Comme le reste du groupe d'ailleurs. Mes petits regards en debut de soirée ont peut-être donné une mauvaise impression mais loin de moi l'idée de tromper ma fiancée.

- Félicitations !

Et c'est parti pour le moment super gênant où tout le monde trinque en ma faveur. D'ailleurs, je vois déjà les questions indiscrètes arriver : Et pourquoi tu n'as pas pris ta copine avec toi ? Vous habitez déjà ensemble ? Pourquoi tu n'as rien mis sur Facebook par rapport à ça ? Et pourquoi je ne suis pas invité(e) ?

Pour fuir tous ces questionnements j'utilise la plus vieille et bonne excuse de l'univers : la toilette.

Parfois, je viens à me demander si on a un jour, véritablement été meilleurs amis. Nous sommes tous si différents...

Les Douze (NOUVELLE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant