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Quand Nicolas reviens tel un sauveur dans la salle, il est accompagné d'une machine sur roulettes. Il la fait rouler jusqu'à une prise électrique proche de la table. Il fait plusieurs commandes avant de me demander d'avancer. Pourquoi je le sens mal ? Je lui tends mon bras qu'il nettoie à l'aide d'une compresse puis sors une grosse seringue avec à son bout une gigantesque aiguille.

Je déglutis. Ok, c'est du sérieux là. Il me demande précautionneusement si j'ai peur des aiguilles et des piqûres et je le rassure, même si je trouve qu'il aurait été plus adéquat de le demander avant de montrer cette longue barre de métal qui va me rentrer dans la peau.

Il la plante lentement comme pour faire durer la douleur puis la scotche à mon avant-bras. Je regarde mon sang couler lentement à travers le tuyau pour atteindre une petite fiole en verre. Je n'ai dû attendre que quelques secondes seulement le temps qu'elle se remplisse, ce qui fût rapide étant donné la taille infime de la fiole puis il m'enlève l'aiguille de la peau et me tend une compresse pour que je la presse à l'endroit où l'aiguille été plantée.

Nicolas se lève et retourne devant le saladier. Il prend une inspiration et vide tout le contenu de la fiole dedans. Si j'avais su que mon précieux sang allait être vulgairement gaspillé dans ce liquide immaculé, je n'aurai peut-être pas donné mon accord. Quel gaspillage, un vampire serait d'accord avec moi ! Le liquide d'un blanc parfait devient instantanément bleu ciel au contact de mon sang. Mais environ deux minutes plus tard, le liquide redevient blanc.Nicolas, lui, fronce les sourcils une nouvelle fois et semble réfléchir à la situation tandis que j'observe ce liquide impressionnant.

Comment est-ce possible qu'il se colore de bleu au contact de mon sang et redevienne blanc quelques instants plus tard, comme s'il avait toujours été comme ça.

-Léonore, m'appelle Nicolas

Je lève ma tête vers se dernier pour lui montrer que je l'écoute.

-Sais-tu en quoi cette université est spéciale ?

Si spéciale signifie juste le fait qu'elle se situe dans un château, alors oui elle est spéciale. Parce que si ce n'est pas le cas, je ne vois pas ce qu'elle a de spécial. Après tout, c'est une université !

-Non...

-Dans cette université, tous les élèves maîtrisent des éléments. On apprend aux élèves comment en faire usage et comment les maîtriser.

Pardon ?! Je cligne des yeux, ahurie, puis reprends mes esprits. Pendant deux secondes, j'ai failli le croire. Et puis quoi encore ? Je vais rencontrer le Père Noël demain ? Je veux bien qu'elle soit spéciale mais il ne faut quand même pas abuser !

-Ce n'est pas possible, personne ne maîtrise d'élément, affirmais-je

-Tu maîtrise l'eau, c'est le plus rare, me dit Nicolas

Mais c'est qu'il persiste en plus ! Je déteste que l'on se paie ma tête. Comme si j'allais croire ces sottises. Il me prend vraiment pour une cruche et je n'aime pas ça. De plus, ma mère ne dit rien, elle reste là, stoïque, et écoute notre conversation sans grand intérêt, comme si tout était normal.

-Non, ce n'est pas possible, continuais-je

Il faut arrêter de me prendre pour une débile, maîtriser des éléments, on voit ça dans les livres mais personne n'en possède vraiment. C'est scientifiquement impossible. Je refuse d'y croire !

-Moi, je maîtrise l'air, reprend Nicolas

-Alors faites moi une démonstration et là, et seulement là j'y croirai.

J'ai bien hâte de voir à quel point il va se ridiculiser. Personne ne peut maîtriser d'élément. Et puis l'expression « élément » même n'est pas utilisée, on se demande pourquoi ! Peut-être parce que ça n'existe pas !

-Très bien

Nicolas s'éloigne et me regarde droit dans les yeux. Il lève ses paumes vers le ciel et je vois une mini-tornade sortir de chacune de ses mains. Quoi ?! Co-comment il a fait ?! Non, ce n'est pas possible, j'ai dû rêver ! Je cligne des yeux, me pince le bras pour vérifier que ce ne soit pas un rêve mais non. C'est bien vrai.

Je regarde Nicolas, exorbitée. Je regarde ensuite ma mère, qui elle, reste impassible. Donc elle était au courant de tout ça et ne m'en a MÊME PAS parlé ?! Ça peut paraître bête mais je me sens trahie. Oui, je me sens trahie, j'ai l'impression qu'elle ne m'a pas faite assez confiance pour me le dire, ou bien qu'elle avait peur que je fasse quelque chose qui la déplaise.

-Ok, donc si je récapitule, je vais dans une université dans laquelle tout le monde possède un élément et moi-même je maîtrise l'eau. Tout est normal quoi !, dis-je d'un ton sarcastique

-Ne le prend pas comme ça chérie, commence ma mère. Tu sais, je ne t'ai rien dit parce que j'avais peur que tu ne maîtrise pas d'élément et que tu ais eu une fausse joie. Ma mère m'avait dit que je possèderais un élément comme elle, mais ça n'est pas arrivé. Je ne voulais pas qu'il t'arrive la même chose.

Je la regarde tendrement, ça a dû être horrible ce qu'elle a vécu. Même si j'aurai préféré être au courant, je ne peux m'empêcher d'avoir de la compassion pour elle. Je m'approche d'elle est lui fait un câlin. Ensuite, Nicolas nous invite à aller dans son bureau pour gérer l'administration. La pièce est de taille moyenne, les murs blancs et le bureau en bois. Il y a un ordinateur dessus et quelques papiers éparpillés. Il parle des budgets avec ma mère pendant que je pense à tout ce qu'il s'est passé et tout ce qu'il va se passer.

Je viens d'apprendre que je maîtrise l'eau, que tous ceux qui vont me côtoyer aussi, que ma mère était au courant et que je ne sais pas à quoi cela va me mener. Est-ce que je vais quand même faire mes études d'ingénieure en informatique ? Je ne sais rien.

Je sors de mes pensées et pose ma question, à laquelle Nicolas y répond amusé :

-Bien-sûr ! C'est une université, pas une garderie.

On ne sait jamais ! Je préfère demander. Je hoche la tête. Ok, donc tout va bien alors. Je vais continuer mes études comme dans une université normale. Finalement, ce n'est pas si mal !

On fini les papiers puis on sort tous ensemble dehors pour monter mes affaires dans le dortoir. Nicolas m'indique que l'aile gauche est pour le feu et l'eau et que l'aile droite est pour l'air et la terre. Il y a plusieurs étages pour les âges différents mais quelques fois, par manque de place sur un étage, quelqu'un se retrouve sur l'étage de personnes plus grandes.

On monte les escaliers avec mes valises et mes cartons et nous entrons dans la bibliothèque pour aller dans l'aile gauche.

Seule dans l'eauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant