I. La panne

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  Gare de Lille-Europe, 10 heures du matin. C'est la fin de l'heure de pointe matinale. Parmi tous les gens qui pénètrent dans la gare, l'un d'eux, Luc, 20 ans, étudiant en droit, part à Paris rejoindre des amis le temps d'une journée ensoleillée.

  Il part sur le quai de la voie 45, où un train Eurostar est à quai, attendant son départ pour Paris-Nord. Il s'étendait sur tout le long du quai, avec ses couleurs bleues et jaunes, occupé par quelques dizaines de passagers français, mais aussi anglais - le train arrivait de Londres. Luc monta à la voiture 10, en 2nde classe. Il prit place, sortit son téléphone et ses écouteurs. Et après quelques minutes d'arrêt, l'Eurostar ferma ses portes puis commença à avancer.

  Très vite, la rame prit de la vitesse, passa près de l'aéroport Lesquin, enjamba l'A1, puis rejoignit cette dernière après avoir contourné la commune de Phalempin. Elle roulait à 270 km/h.

  Mais alors qu'ils passaient sans histoires en terres picardes à 300 à l'heure, soudain, il n'y eut plus de courant dans les voitures du train. Plus de lumières, de prises électriques, plus rien. Naturellement, tous les passagers se demandaient se qui se passait. Un contrôleur prit la parole, avec une voix forte dans chaque voiture :

  " Mesdames et messieurs, en raison d'une panne générale de courant sur la ligne, notre train doit s'immobiliser en pleine voie ".

  Luc, qui commençait à se poser des questions, sentit le frein d'urgence ralentir le train. En à peine 2 minutes, ils sont passés de 300 km/h à l'arrêt total.

  La rame Eurostar resta immobile durant plusieurs minutes, en pleine Picardie, aux abords de l'autoroute A1. Mais une large majorité des passagers, qui voulait absolument arriver à Paris, sont descendus sur la voie, puis se sont dirigés vers l'arrière du train. Luc demanda à un passager belge :

  " Mais qu'est-ce qui se passe ?

  - Ils vont pousser le train, répondit l'homme.

  - Eh bien ça, poursuivit Luc, d'un air très surpris ".

  Luc sortit sur le bord des voies pour prêter main forte aux passagers déjà à pied d'oeuvre. Le conducteur du train desserra le frein, puis la centaine de passagers commença à pousser.

  C'était une scène complètement surréaliste : une rame Eurostar, poussée par 100 passagers désireux de se rendre à Paris. Les gens n'eurent aucune difficulté à pousser cette rame longue de 18 voitures. Luc filma la scène quelques minutes avant de la poster sur Google+, Instagram et  Twitter. Il immortalisa également ses pas uniques sur la voie ferrée. 

  Alors que ça faisait un quart-d'heure que l'Eurostar était poussée, une rame TGV arrivait dans l'autre sens, elle aussi poussée par des passagers. Quelques clients de l'Eurostar échangèrent quelques mots avec ceux du TGV ; ce dernier, parti de Nice, se rendait à Bruxelles. 

  Les 2 rames ont étés stoppées par les passagers. En effet, les 2 groupes de voyageurs avaient décidés de s'arrêter un petit peu pour souffler après une épreuve physique insolite. Les contrôleurs des 2 trains ont demandés aux voitures-bar de l'Eurostar et du TGV de préparer un petit-déjeuner grand format. 

  Et là encore, ce fût quelque chose d'invraisemblable qui arriva sur la LGV Nord : des voyageurs, assis sur les rails de la LGV Nord, en train de déjeuner, de discuter, de rire, d'échanger. C'était comme un grand banquet, mais improvisé. Même les conducteurs s'étaient invités à "table". Et depuis l'autoroute, les automobilistes se demandaient vraiment que faisaient tous ces gens assis sur des voies ferrées. Luc échangea quelques mots avec certains passagers ; certains partaient en week-end, d'autres partaient en voyage d'affaires ou rendait visite à des connaissances un peu partout. 

  Après 1h passée à un "banquet ferré", chaque passager des 2 trains se firent un dernier au-revoir, avant de regagner son train respectif. En entrant, les voyageurs eurent la surprise du personnel, via les hauts-parleurs :

  " Mesdames et messieurs, après ce très bon repas, je vous annonce que le courant a été rétabli sur la ligne (poussées de joies de la part des passagers). Nous allons pouvoir arriver à Paris-Nord en toute quiétude ". La rame reprit de la vitesse, et le reste du trajet se passa sans soucis.

  Après 35 minutes de trajet, l'Eurostar arriva enfin à la gare de Paris-Nord, dans le Xème arrondissement de la capitale française, avec un retard de 1h30. En lisant ceci sur les écrans d'informations, Luc rit, puis rejoignit ses amis dans la grande halle de la Gare du Nord. 

Et cela vient de ma tête ...Where stories live. Discover now