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11 juillet, 16h12.

« Je n'avais jamais vraiment ressenti la solitude. Elle était présente au début de mon adolescence bien évidement, ces instants où l'on voit tout le monde jouer avec quelqu'un d'autre que soi, ces jalousies. On les a tous ressenties. J'ai eu des amis, je ne suis pas un cliché non plus, c'est juste que j'ai toujours aimé être seul. Même avec mes proches, bien évidement, j'aimais sortir au cinéma ou aller dans un bar pour normalement ne prendre qu'un seul verre alors que l'on sait pertinemment qu'on ne sait jamais se contenir. Mais j'ai toujours aimé être ma seule réelle compagnie, celle qui ne part pas, celle qui reste, celle qui sait tout.
C'est dangereux d'être seul avec ses pensées, elles n'ont pas toujours été joyeuses, mais je m'en suis toujours à peu prêt sorti, de la même manière.

Je trouve que la solitude libère l'imagination, la création, la beauté. Peut-être que je suis le seul à être dans ce cas, je ne sais pas, ça m'étonnerait. Mais j'aime ça, le silence, tu dois me trouver chiant d'en parler tout le temps.

Mais c'est juste qu'une chose a changé.

Ma solitude n'est plus la même, mon silence n'est plus aussi attirant, la beauté est moins évidente et l'imagination se fait de plus en plus rare. Parce que désormais le silence c'est le son continu de ton cœur qui résonne à travers ces machines. Ce cœur qui bat encore sans pour autant donner signe de vie, il semble fade, vide. Et c'est totalement contradictoire face à la personne que j'ai en face de moi.

Tu pues la vie Louis Tomlinson. Je ne sais pas si c'est ton journal qui me transmet cette idée ou si c'est ces produits désinfectants qui me montent au nez mais la solitude semble moins intéressante face à l'idée que je puisse avoir une conversation avec toi.

Dans un coma il y a l'attente, mais également cette ignorance qui est infligée, tu ne la désires pas, tu ne sais même pas que quelqu'un t'attends, mais moi, je la ressens. Je suis là, près de toi, je te raconte mes pensées, je t'affiche mes mots, je t'illustre mes envies, et toi, tu es ici, plongé dans le silence.

Ça ne fait qu'une semaine et demi que je t'attends, et pourtant, c'est déjà beaucoup trop.

Je ne peux pas dire que tu me manques. Pour te manquer il faudrait te connaître, t'aimer et accepter la douleur qu'engendre cet attachement.
Je ne ressens rien de cela, rien d'assez fort, mais ton absence m'est longue, surtout depuis que j'ai fini ton journal, journal qui s'achève brièvement, sans fin, coupé au milieu d'une page, d'une journée. Un rire inachevé, un sourire abandonné. Je ne peux que m'imaginer ce jour. Cette matinée de vie brisée par la mort de tes proches, et surtout, la destruction de cet amour que tu gardais en toi. C'est ainsi que tout s'est brisé, sur un point. Voilà ton bonheur éteint, et ta vie abandonnée. C'est sur cette phrase que tu t'es détruit, avant de prolonger ce chaos un mois après, sur cette plage, dans mes bras.

Mais il te reste des pages à écrire.
Tant de mots qui attendent ta plume, ta vie ne peut pas s'arrêter sur une phrase, elle n'a pas ce pouvoir là.

J'ai pensé à une chose, tu as passé de nombreux mois à écrire ta vie, ta joie, tes sourires, tes rires, ainsi que ceux des personnes qui t'entouraient.
Mais lorsque la douleur est venue, pas à un seul moment tu ne l'as exprimé. Elle est restée là, coincée au fond de toi, enfermée dans ta cage thoracique qu'elle tentait d'ouvrir, déchirant au passage la surface de tes organes, et de ton cœur aussi.

L'absence peut également être une inspiration tu sais, plus dangereuse certes, mais dans son obscurité elle peut être sublime. L'ombre ne chasse pas la lumière, elle la suit. Elle n'est que son mystère, ses secrets, ses non-dits. On a tous une part d'obscurité en nous, et c'est aussi pour cette dernière que nous nous aimons. Ces choses inconnues de tous, cet implicite dissimulé sous le vice, et ainsi donc, l'inspiration sous la torture.

Jusqu'à la vie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant