Le gardien de San Lorenzo

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Le gardien est de marbre, altier, indifférent

Au touriste impoli qui va vociférant ;

Allongé au soleil son corps si froid paresse,

Et contemple d'en haut tous ceux qui le caressent.

Il a l'air indécis, triste et si peu à l'aise...

Son regard est songeur, on dirait qu'il soupèse

Qui vient sur sa fourrure appesantir sa main.

A-t-il perdu son maître, en avait-il bien un ?

Un compagnon peut-être, ou même une tribu ?

Comme un roi de jadis, il attend son tribut :

Une faune exotique entre ses pattes dort,

Espérant du passant quelque piécette d'or.

Plus de cent ans après rien n'a vraiment changé :

Les mendiants d'aujourd'hui pareils à ceux d'hier

Tendent toujours la main et cherchent à manger

En fouillant nos déchets sous son regard de pierre.

C'est le parvis de Dieu et la cour des miracles :

Qui boitait le matin à midi fait spectacle !

Et les gens de passer, chacun flatte ses flancs

On parcourt sa colonne, on inspecte ses dents !

Tristes sires naguère, aujourd'hui plébéiens,

Défilent sous ses yeux depuis les temps anciens...

Je voudrais qu'il se lève en un seul bond puissant,

Enflammé de colère, énorme et rugissant !

Que devant sa fureur plus un fou ne s'avance,

Que chacun se prosterne, assommé de puissance !

Hélas, rien ne se passe, il reste là, figé,

Mon beau lion est de pierre et ne peut pas bouger...

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© Clelia Maria CASANOVA – 13 octobre 2018


Premier poème depuis mon retour d'Italie hier, inspiré par mon séjour en Ligurie, donc 😊.

San Lorenzo est la cathédrale de Gênes. L'édifice a connu diverses péripéties qui lui permettent d'afficher plusieurs styles architecturaux, et ses parties les plus anciennes datent d'environ 900 ans. C'est un des plus beaux bâtiments de la ville, qui en compte pourtant énormément, et les deux lions qui ornent l'entrée de la cathédrale sont particulièrement superbes (il s'agit de sculptures supposées jumelles de Carlo Rubatto et rajoutées au 19ième siècle, mais j'ai un faible pour le lion de droite,  je trouve qu'il a l'air plus vivant... 😋). Le parvis de la cathédrale se prolonge par une large place, particulièrement fréquentée par des mendiants et autres pauvres gens... Aujourd'hui comme hier... Mais aujourd'hui se rajoute le flux permanent des touristes, plus qu'indifférents à la misère humaine, et irrespectueux au possible... Triste humanité... 😅

Ce séjour italien fut bref, mais j'ai déjà eu l'occasion de m'arrêter à Gênes l'année dernière, pour quelques jours. J'écrirai peut-être un ou deux billets consacrés à la ville en plus du reportage sur mon voyage de cette semaine, si cela vous intéresse 😉.

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