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Je perds mon temps à écouter ce ramassis de stupidité. « Bla bla bla égalité... bla bla bla liberté... » Mais avons-nous jamais été égaux ? Avons-nous jamais été libres ? Savent-ils même ce qu'est la liberté, eux qui en parlent si bien ? Si l'égalité existait, je n'aurais pas perdu mes parents, ou alors tout le monde les aurait perdus. Si la liberté existait, je serais avec elle, ou bien en train de chercher ma mère. Mais au lieu de cela, je suis enfermé dans une classe, avec des élèves et un professeur dont je préfèrerais qu'ils m'ignorent. Pourquoi vivre, si ce n'est pas pour être libre ?
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Je ne sais que faire. Risquer ma vie, et avoir une chance de retrouver ma mère, même infime, me semble mieux que de me morfondre et d'attendre que la police la déclare morte faute d'avoir fait son travail. Mais il y a peut-être déjà une chance que ce soit trop tard. Dans ce cas, mettre en danger ma vie serait inutile. Mais comment savoir ? Et ma vie aura-t-elle encore un sens si je ne la retrouve pas ? C'est l'unique raison pour laquelle je me bats, que se passera-t-il si je l'abandonne ?
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Plus que quelques heures... pour retrouver une autre forme de captivité ? Je veux m'échapper, aller la retrouver...Mais à quoi bon, si je ne sais où la chercher ?
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Je décide de partir en reconnaissance à l'endroit mentionné. Je ne tente rien, j'observe. On verra bien pour la suite. Je m'aventure dans les rues de la ville, une fois encore. Je crois que de toute ma vie, je ne les ai jamais autant arpentées qu'au cours des deux derniers jours. Je me retrouve dans le même quartier que deux jours auparavant, près du café où il se battait. Cet endroit restera toujours marqué dans ma mémoire, comme la chose la plus inquiétante que je n'ai jamais vue. Les ruelles sombres et étroites, les rares silhouettes qui longent les murs,... Encore une fois, je ne suis pas rassurée. L'immeuble devant lequel je m'arrête est décrépi, et a la même couleur grisâtre que tous les bâtiments de la rue. Je n'ose pas rentrer tout d'abord. Mais si je ne le fais pas maintenant, quand réussirai-je ? J'entre. L'intérieur n'est pas éclairé et sens le renfermé. J'observe les noms sur les boîtes aux lettres. Il est bien là, je suis au bon endroit. Je monte les marches pour arriver au troisième étage, pas d'ascenseur ici. Lorsque j'y pose mon pied, la première grince. Ça commence bien ! Il ne manquerait plus que je me fasse repérer ! Troisième. J'y suis. C'est cette porte je crois, celle dont la poignée est cassée et la sonnette hors-service. Dans cet immeuble, même la porte fait pitié. Elle aussi a été poignardée, comme l'âme de ce bâtiment. Je n'entrerai pas dans l'appartement, je ne suis pas suicidaire. J'entends des bruits. Quelqu'un qui s'approche de la porte. Il va l'ouvrir. Il faut que je me cache, sinon je subirai le même destin que mes parents. Qui sait lequel ?
Je cours jusqu'à la cage d'escalier et me glisse en dessous. L'homme passe la porte et s'approche de ma cachette. Je m'arrête de respirer. Je n'ose même pas lever la tête et le regarder. Ses pas sont lourds, et l'escalier retentit à chacun de ses pas. Un dernier grincement, et il sort. Je suis sauvée. Je retourne à la porte. Il n'y a aucun bruit. Il était donc seul. Soudain, l'émotion m'envahit. Et si ma mère est là, retenue, emprisonnée juste de l'autre côté. Je peux presque la voir, la toucher. Je sens sa présence. Elle me manque.
Je ressors de l'immeuble avec la chair de poule. Où est l'âme de ce terne bâtiment ? Où sont les enfants qui jouent, les parents qui crient, les retraités qui râlent ? Où sont les bruits de la vie, les joyeux sons qui résonnent ? Je ne peux rien tenter pour m'assurer que ma mère est là-dedans pour l'instant, l'homme peut revenir d'un instant à l'autre. Alors je m'éloigne, encore une fois, dans le soir qui tombe. Une fois encore, je suis condamnée à errer dans les rues au gré de mes pas, et à chercher un refuge. Rentrerai-je à la maison ce soir ? Puis-je seulement encore appeler cette bâtisse maison, sans la présence réconfortante de ma mère, qui lui donnait vie ?
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Rien n'arrive par hasard
Teen FictionEst-ce que tu t'imagines, te lever un matin, et apprendre que ta mère a disparu ? Moi non plus, je ne l'imaginais pas. Avant que ça arrive. Mais maintenant, je suis seule. Et je dois à tout prix la retrouver. Parce que rien n'arrive par hasard.