Chapitre 1

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PdV de Sonya

Ça fait beaucoup, beaucoup trop longtemps que nous marchons. J'aurais dû y être habituée, avec le temps. Mais non, et à l'heure actuelle, J ai vraiment l'impression que mes pieds se sont transformés en compote.

Je marche a la tête du groupe B, alors que nous commençons à grimper les montagnes en direction de notre campement, derrière le col. Je suis bien contente que Harriet et moi avons déjà passé notre tour pour tirer le sac dans lequel est enfermé Thomas. Les filles qui y sont maintenant ont vraiment l air de souffrir, avec la pente. Heureusement qu'il ne fait pas encore jour, avec la chaleur, ça aurait été intenable. Comme Teresa, qui a vraiment l air de nous ignorer pour avancer a une cadence soutenue ne s'en préoccupe pas le moins du monde, je me retourne vers les filles avec compassion. Au même moment, du fond de sa prison de toile, notre prisonnier suggère a ses geôlieres de le laisser marcher. Alors que celles-ci ont l air sur le point de le remettre sur ses pieds, j'interviens avec autorité:

- On le fera marcher, ne vous inquiétez pas, mais pas avant que ses petits copains ne soient hors de vue. Mieux vaut garder l'image de guerrières féroces prêtes à le découper en morceaux.

Les filles ont l'air déconfites, mais elles obéissent. Je les entend transmettre à Thomas ma décision, puis je me retourne et continue à avancer. Je réfléchis. Depuis que nous nous sommes attaquées au groupe A, il y a quelque chose qui me perturbe, mais je ne sais pas ce que c'est. Les yeux dans le vague, je me repasse mentalement la scène, déterminée à trouver ce qui cloche.

Sous la commande de Teresa et les ordres du WICKED, nous avions comme mission de capturer Thomas, du groupe A, et de le tuer si nous voulions survivre. Je n'ai jamais été vraiment favorable à ce propos, mais nous n'avions pas le choix. C'est lui ou nous. Et franchement, entre un seul jobard et notre groupe, même moi je ne réfléchis pas longtemps. Donc, lorsque nous les avons vu approcher des Montagnes depuis notre campement, nous sommes descendues en ne laissant que trois filles sur place, au cas où, et en prenant toutes les armes que nous avions. Nous nous sommes cachées derrière les dunes qu'ils auraient obligatoirement du franchir pour atteindre les pentes, et on a attendu. Ça n'a pas pris longtemps. Teresa s'est levée la première, et a avancé vers eux.

Je les observait a la lisière du sable. Ils se sont arrêtés net en la voyant. Je me suis sentie un peu mal pour eux: elle avait été leur amie, et la voilà de retour pour kidnapper leur chef. Elle nous avait dit les détester tous, et Thomas en particulier, mais elle n'avait jamais dit pourquoi. Elle avait juste de "bonnes raisons de les hair". Personnellement, si la survie d'une trentaine de personnes n'était pas en jeu, je lui en aurai demandé de plus amples explications. Mais sachant que nous devrions tuer le dit Thomas, il valait mieux ne pas s'attacher. Ce serait souffrir encore, pour rien. Et n avait on pas déjà assez souffert dans ce monde calciné par le soleil et ravagé par la maladie, après un Labyrinthe empli de monstres?

Comme convenu, le reste du groupe et moi avec nous sommes levé et avons bandé nos arcs, pointant les flèches vers les garçons totalement confus. Alors que Teresa avançait dans leur groupe pour trouver Thomas, elle fut questionnée par un blond échevelé aux yeux bruns, l air tout aussi interloqué que les autres. Elle l a rapidement fait taire, puis à trouvé celui qu'elle cherchait, et à grand renfort de coups sérieux et de menaces, elle la fait avancé. Harriet et moi avons alors pris le sac, on l a bouclé dedans, et puis on a commencé à le tirer. Le copain du blond, un asiatique à forte carrure, s'est lancé dans un chapelet d'injures et de menaces, mais en portant un énième coup à Thomas, Teresa l a fait taire. Et nous sommes parties vers le camp, leur interdisant de nous suivre. Teresa ne leur a rien caché de nos intentions de le tuer.

Depuis, nous marchons dans les montagnes. Leur groupe s'est remi en marche derrière nous, mais ils ne nous suivent pas. Tout en marchant, je triture mon poignet, la ou un Griffeur ma enfoncé sa seringue dans le Labyrinthe. Je réfléchis, me repassant en boucle la scene, sans parvenir à m oter de ma tête l'idée que quelque chose ne vas pas. Ou plutôt, que quelque chose m'échappe.

Me voyant silencieuse depuis un moment, et ayant comme tout le monde besoin de parler un peu, Harriet s'approche de moi:

- Eh, Sonya, ça va? Tu ne vas pas mourir de remords de devoir éliminer ce jobard? Tu fait une tête d'enterrement, et pourtant, on en a vu des enterrements.

Je secoue la tête, un sourire moqueur sur les lèvres. Harriet ne peut pas s'empêcher de sortir des blagues de mauvais goût. Et elle se trompe sur ce qui me chiffonne. Hésitante, je lui demande:

- Teresa peut le transformer en carpaccio, ça m est égal. On a pas le choix. Mais, sinon... tu n'aurais pas ressenti quelque chose de bizarre en voyant le groupe A? Je sais pas, comme si il te manquait quelque chose pour comprendre?

Elle fronce les sourcils, perplexe. Je soupire:

- Non, oublie ce que j'ai dit. C'est du plonk.

- Pourquoi? Ça ta rappelé des souvenirs?

Harriet baisse les yeux vers le poignet que je triture frénétiquement. M'en rendant compte, je le lache.

- Rien, laisse tomber. C'est pas important. Et puis, ce qui compte maintenant, c'est d'arriver au refuge et de recevoir le remède pour pas finir comme ces foutus fondus.

Elle hôche la tête, mais je vois bien qu'elle n en à pas fini avec moi. Elle m'en reparlera plus tard, à coup sûr. Mais pour l'instant, elle s'éloigne de moi pour se rapprocher de Teresa. Ce qui me va parfaitement: J ai besoin de réfléchir.

Et, alors que je le remet à triturer mon poignet, un flash de cette horrible Transformation me revient. Un train. Des agents en combinaison verte, qui ressemblent à des insectes aux yeux globuleux. D'autres enfants, dans le train. Un enfant blond a côté de moi. J'ai peur. J ai très peur. Je ne sais pas ce qu'ils vont me faire.

" Ça va aller, Lizzie, ça va aller. On va s'en sortir."

Et puis, plus rien. Je m'arrête un instant, interdite: un souvenir? Un souvenir de ma vie d'avant, un souvenir que m'a fait remonté l' horrible venin de cette bestiole mecanique? Je réfléchis à toute vitesse, persuadée d'être à deux doigts de trouver ce qui manque. A deux doigts.

Mais J ai beau me retourner la cervelle, plus rien ne me viens. Je secoue a nouveau la tête, de dépit cette fois, avant de me remettre à marcher. Peut importe ce que c'était. Ça n'a plus d'importance maintenant.

Pourtant, alors même que nous nous approchons du col , et que les filles ont depuis un moment sorti Thomas de son sac pour le faire avancer sous la menace de leurs machettes, une image refuse de s'effacer de ma mémoire. Je n'ai plus envie d'y repenser maintenant. J ai un violent mal de crâne, et la chaleur montant avec le soleil n arrange pas les choses.

Mais même si j'essaye de faire le vide dans mon esprit, un bref souvenir me titille, comme pour dire être la clef de mes interrogations. Et alors que nous atteignons enfin le camp, il s'impose dans mon esprit comme la boule de feu dans le ciel.

Le visage interloqué du blond échevelé.

Newt et Sonya: un lien retrouvéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant