18 Décembre (2)

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Après avoir passé la journée à écrire sur plusieurs écrits, dont un roman sur notre situation politique actuelle, je décide de partir dans l'un des endroits dit "clandestins" , regroupant les résistants le soir. Je peux changer de places, de rues, ou de quartiers, mais je vais la plupart du temps « Au petit chez soi ». C'est un café situé dans une rue non loin de chez moi, caché dans l'ombre.

Tout comme pour mon kiosque à journaux, nous sommes obligés de fournir un code pour rentrer. Et lorsque de nouveaux arrivants souhaite venir, il faut qu'ils soient accompagnés dun ancien. Et ce soir-là, j'ai eu droit à ce titre. Alors que je marche dans la petite ruelle, qui n'est pas très loin de mon appartement, des pas se font entendre aux alentours. Inquiète et méfiante, je me mets à aller de plus en plus vite, jusqu'à ce que je comprenne que quelqu'un me suive. D'un mouvement impulsif, je me retourne et croise alors le regard surpris de LHomme au chapeau vert.

Sur le coup, j'ai cru rêver, mais non. Le parfait étranger que j'ai rencontré le matin même, est bel et bien devant moi. Il n'a plus son couvre-chef dune couleur originale, ni sa malle noire toujours entrouverte, mais il reste lui. L'homme qui ne semble ni nazi, ni résistant. Et pourtant, en vue de son geste de ce matin, et de sa présence ici, je sais qu'il est mêlé à la Résistance.

« Vous ! m'exclame-je. Que faites-vous ici ?

- Eh bien, je suis venu vous aider ! Je veux faire partie de la Résistance !

- Mais, hésite-je, comment avez-vous trouvé cet endroit ?

- Oh ! dit-il embarrassé. Eh bien, il se peut que je vous ai vu sortir de chez vous et que je vous ai suivi.

- C'était donc bien vous. Pourquoi ne pas m'en avoir parlé ce matin ?

- J'avais peur que l'on m'entende.

- Oh je vous en prie, très peu de personnes écoutent les conversations des autres, surtout le midi. Et puis, il n'y avait aucun Allemand.

- Oui, c'est vrai, affirme-t-il.

- Alors, vous voulez venir ? Au Café ? demande-je en faisant deux pas vers la porte d'entrée.

- Bien sûr !"

Cette fois-ci, le mot de passe est différent. Je sais que derrière la porte, se trouve un homme, ayant l'oreille quasiment collée contre, afin d'entendre la moindre personne passante. Il faut alors toquer quatre fois, puis, se pencher à la porte et murmurer: "Jamais sans espoir". Une fois l'action faite, l'homme me dévisage pendant un instant, avant de voir avec grand étonnement la porte s'ouvrir.

Nous entrons alors dans le café. À l'intérieur, se trouvent des habitués et des nouveaux. Beaucoup portent l'étoile jaune, qui indiquent qu'ils sont juifs, et d'autres sont autres, elles aussi, résistantes. Une fois dans le lieu, je m'installe sur un tabouret en hauteur, près du bar. L'inconnu me sourit et s'assit en face de moi. Je commande alors un café, tandis que celui-ci demande un whisky.

" D'où venez-vous ? dit soudainement l'homme en me regardant yeux dans les yeux.

- De France bien entendu, réponds-je en remarquant que cette question est assez indiscrète.

- Je me devais de vous poser la question: vous auriez très bien pu être étrangère, et résister également.

- Tout à fait.

- Alors, je tenais à vous dire, déclare-t-il en récupérant son verre tandis que je prends ma tasse, que j'ai beaucoup aimé votre poème.

- Oh ! Ce n'est pas moi qui l'ai écrit, mens-je. Je ne suis pas Mrs. Freedom.

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