Je m'en suis voulu. J'ai passé la journée à me détester. Si toutes ces personnes sont mortes, c'est de ma faute. J'ai laissé rentrer un parfait inconnu dans nos rangs, pensant bien faire. Quelle idiote j'ai été ! Je ne sais pas comme j'avais pu être aussi vite charmé. Cet homme n'a pourtant rien d'exceptionnel !Ce matin, j'ai écrit un poème, en seulement une demi-heure. Celui-ci relate les évènements de la veille, par rapport à lHomme au Chapeau Vert. Le texte se nommait : « Ne Pas Trahir »
« Tout ce que tu as fait était juste,
Utile et véritable,
Même moi je n'en revenais pas
Aurais-je été sotte pour ne pas avoir
Su plus tôt toute la gentillesse que tu avais en toi ?Tout ce temps à te crier en te
Rejetant fermement.
A tel point que je t'ai
Haï pendant un
Instant. Mais au final, je me rends compte,
Enfin, que tu ne m'as jamais trahi. »C'est la première fois que j'écris quelque chose de cette manière. Je ne sais pas le nom de ce genre de poème, mais j'en ai déjà lu auparavant. Il faut le lire dun certain œil pour comprendre son message : le mien s'adresse personnellement, non pas seulement à Charles, mais aussi à moi-même. Je suis aussi responsable que lui. J'ai écrit ce texte comme si la personne qui me pointait du doigt, n'était d'autre que la Résistance. Cette grande dame pour laquelle nous nous battons chaque jour. Elle est si déçue. Mais l'homme est aussi responsable que moi. Lui aussi a causé la mort de dizaines de personnes. C'est un assassin. Un meurtrier, que j'ai infiltré involontairement.
Suite à cette trahison, je suis donc obligée de partir beaucoup plus tard que d'habitude pour aller au kiosque, sachant que l'homme savait approximativement où j'habitais. En partant, je suis contrainte de prendre un chemin différent de celui de d'habitude. Pendant mes dix minutes de marche, je n'ai pas cessé de regarder derrière moi, effrayée que quelqu'un ne me suive.
Une fois à l'endroit prévu, je fais rapidement le code, et dis « Reichen » tellement vite, que Mr. Jo comprit que je suis pressée. Quand je me trouve à l'intérieur, Rose et Blanche se précipitent vers moi et me demandent :
« Que se passe-t-il ? Tu vas bien ?
- Oui, mais je crois que quelqu'un ma suivie.
- Vraiment ? s'exclame Mr. Jo en fermant la porte à double tour.
- Oui, soupire-je essoufflée. Depuis hier soir, j'ai peur que la Milice ne sache qui je suis.
- Ca se comprend. C'est tellement horrible ce qui s'est produit, soupire Blanche la voix brisée. J'ai eu peur que tu n'aies été blessée.
- Non, je n'ai rien. Mais j'ai tout vu depuis chez moi. Je n'ai pas pu dormir.
- Tu m'étonnes ! ajoute Traümen. On ne s'habitue jamais à ce genre choses. Le pire, c'est qu'on sait tous que ce n'est pas la première fois, et que ce ne sera pas la dernière.
Tout le monde baisse la tête, les yeux fixant le sol. Nous prions pour chaque âme que les Allemands emportent au quotidien. Pour chaque homme, chaque femme et chaque enfant que Dieu ramène à ses côtés. A la fin de notre prière silencieuse, Mr. Jo relève la tête et caresse sa barbe, faisant mine de réfléchir.
- Comment cela a-t-il pu se produire ? Je ne comprends pas. Cela fait près de 6 mois maintenant que ce bar est ouvert aux résistants : pourquoi maintenant et seulement maintenant ?
J'hausse les épaules en soupirant. J'étais obligée de faire croire à une certaine ignorance de ma part. Ils ne devaient pas savoir que c'était de ma faute. Que c'était moi qui avais fait rentrer un collaborateur dans nos rangs, et provoquais la mort de plusieurs alliés. Je ne serais pas capable de soutenir leur regard probablement pleins de haine.
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Résistance
Historical Fiction" Je m'appelle Camille, Camille Loiret. Je suis française et j'ai la trentaine. [...] Mais je ne suis pas que ça: je suis aussi résistante. Histoire d'une femme résistante en France pendant la 2eme Guerre Mondiale.