Résistance

Page Arrachée

Tiens, une page d’un autre livre arrachée et collée sur une page probablement remplie… Ce n’est pas l’écriture de Camille.

« Samedi 28 décembre 1940,

Je n’écris pas souvent dans ce livre, même si je l’ai depuis bientôt dix ans. Mais aujourd’hui est un jour particulier. Je fais cette note à une heure presque tardive, mais je suis tellement choqué de ma découverte, que je me dois de l’écrire. Laissez-moi tout vous raconter.

Ce matin, comme tous depuis une semaine, je sortais d’une réunion entre moi, Erwin et plusieurs autres généraux allemands. Nous préparions un certain évènement, dont je ne vais pas parler ici. Quand je suis sorti, j’ai voulu passer dans les rues marseillaises et peut-être espérais croiser ma rivale. Je me suis baladé dans ces rues, afin de rentrer chez moi. Je suis ainsi passé devant un marchand de journaux, et je me suis permis de m’arrêter pour feuilleter le nouveau. En général, on m’aurait refusé, mais l’homme qui tient cette petite affaire me reconnaît depuis mon dernier passage avec mes collègues allemands. Il se contente alors de m’observer, sans rien dire. J’ouvre le journal dans les dernières pages et trouve un court poème, signé Mrs. Freedom. Persuadée que c’est Free, je me suis souvenue de notre dernière conversation. Elle m’avait l’air distante, et surtout méfiante. Je n’ai pourtant rien fait de mal, quelle ne sache.

Je reprends mes esprits et me mets à lire son nouveau texte. Il s’agissait aux premiers abords, d’un écrit d’amour. Cela me paraissait étrange venant de sa part, mais après tout, peut-être n’était-ce qu’un message caché. Et si je vous écris, c’est parce que j’ai trouvé ce message. Le poème, en soi, raconte la passion amoureuse très forte que Mrs. Freedom éprouverait pour un homme. Je suis resté de marbre, en réfléchissant. Y avait-il un autre homme dans sa vie ? Ou parlait-elle de moi ? Je sais qu’elle me supportait, enfin auparavant en tout cas, mais je ne pense pas qu’elle est ressenti ce genre de choses envers moi. Je me suis mis à relire plusieurs fois le texte, jusqu’à comprendre. Vous n’êtes pas prêt.

L’auteur a utilisé une méthode très subtile pour cacher ses messages. Une méthode à la fois maline et très dangereuse. Maline car un simple fou ne pourrait comprendre. Dangereux, car dorénavant, je saurais lire ses textes et les décrypter. Si vous lisez son poème, que je n’ai pas retenu, vous devez observer la dernière lettre de chaque vers. Et cela forme des mots parfois abrégés, mais tout de même, une phrase. Free, sache que j’ai reçu ton message, et j’espère que tu le sais (si jamais tu lis ça).
Enfin, je vais vous laisser. Elle ne m’a pas laissé d’horaires, mais je pense que je dois y aller. Il est presque l’heure de couvre-feu. L’heure à laquelle je l’avais retrouvé la dernière fois à l’ancien café. Je vous tiens au courant de ma réunion avec l’ennemie inconnue.