6, Shawn

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Sur ma moto, même à huit heures du matin, je slalome entre les voitures. Coups de klaxon contre doigts d'honneur. C'est une journée comme les autres qui commence, la seule chose qui change est ma destination : l'université. Cette putain d'école de friqués où on va m'apprendre des putains de conneries.

Je ne dirai pas que je connais tout de la vie, mais elle a été suffisamment garce avec moi ces dernières années. Les cours ne me servent à rien, bosser dans le café d'Andrew n'est pas la meilleure perspective d'avenir non plus mais je dois commencer quelque part. Je trouverai du travail ailleurs plus tard. C'est ça que je veux, gagner ma vie mais aussi avoir ma liberté. Pouvoir m'en sortir sans mon frère tout en flirtant avec les règles. Oui, c'est exactement ça. Etre enfermé dans une salle de classe, ce n'est pas fait pour moi. En réalité, si je suis les ordres d'Andrew, c'est uniquement à cause de mes parents et des espoirs qu'ils avaient misés sur moi, l'université en faisait partie. Ça me fait chier mais je le leur dois, je leur dois absolument tout.

Il y a un certain temps, disons que j'ai eu un sacré problème. Ils n'ont pas hurlé comme la plupart des parents l'auraient fait, non. Ils ont réfléchi posément aux différentes options qui s'offraient à moi et ils m'ont soutenu. Ils auraient pu m'en vouloir, ça aura sûrement été la plus grosse connerie de ma vie mais ils ne m'ont jamais lâché. Je ne veux plus les décevoir. Jamais.

Quand j'arrive sur le parking, je ne ralentis pas et ces gosses de riche n'ont d'autres choix que s'écarter. Je freine brusquement à la dernière minute, là où je peux garer ma moto en frôlant de peu un type qui n'a pas voulu se bouger. S'il a envie de se retrouver sous les roues de ma bécane, il n'a qu'à demander.

Je retire mon casque, le range dans le coffre sous le siège après avoir sorti mon sac de cours. Je ferme tout et attache mon véhicule.

— On devrait même pas t'autoriser à rouler avec cet engin, entends-je derrière moi. Et avoir le droit de venir étudier ici, c'est interdit pour les sous merdes dans ton genre.

Je me tourne pour faire face au provocateur. Il a des couilles pour oser me parle de cette façon, c'est vrai. Je reconnais le gars que j'aurai pu renverser et puis ça fait tilt.

C'est son mec à elle, cette tête de con que je serai ravi de me farcir si l'occasion se présente.

Excuse-moi ? Dis-je. T'as parlé ? Non parce qu'il m'a semblé entendre une fiotte essayer de jouer au dur.

Son visage se déforme sous l'effet de la colère mais il est interrompu par l'arrivée d'une voiture qu'il reconnaît et moi aussi désormais.

Shelby sort de son véhicule, parfaitement apprêtée. Une jupe rouge, un poil vulgaire - ce qui m'étonne de sa part - avec un haut noir simple mais qui doit coûter une fortune, des escarpins noirs à talon fin. Je me demande comment elle parvient à marcher avec ces aiguilles sous ses pieds.

Quant à son visage, il est maquillé comme à son habitude : beaucoup trop. Bien que ça ne m'intéresse pas, elle ne devrait pas se cacher sous toutes ces couches de produits.

Tous les regards sont désormais rivés sur eux. Il la rejoint et colle sa bouche sur la sienne. Je détourne le regard, de peur de me mettre à gerber.

— Salut Shawn, minaude une fille que je n'ai pas vu arriver.

Je récupère mon sac et me tourne vers elle.

Contrairement à la Princesse, cette dernière porte un chemisier dont les deux premiers boutons sont ouverts ainsi qu'une jupe courte tant qu'à faire. Pas de talons mais une bouche que j'ai envie d'embrasser. Elle est mignonne, sans plus alors pour se faire remarquer, elle doit en faire un peu plus pour obtenir le regard des garçons.

Beautiful LiarWhere stories live. Discover now