15, Shelby

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Quand je rentre chez moi, il n'y a pas un bruit, je n'entends que celui de mon cœur qui fait écho dans mes oreilles.

Personne n'était encore parvenu à me mettre dans cet état euphorique. J'ai envie de danser - ce que je fais - et de crier mais je me retiens et monte l'escalier marbré sur la pointe des pieds.

Soulagée de n'avoir croisé, ni réveillé personne, je referme doucement la porte de ma chambre avant de venir me jeter à plat ventre, sur mon lit. Je manque d'écraser Princesse, mais elle a le réflexe de s'écarter au dernier moment.

Je prends un de mes oreillers et y enfonce mon visage avant de me mettre à hurler. Je crie en silence pendant de longues secondes.

Juste après, je me sens beaucoup plus sereine, il fallait que ça sorte, que j'extériorise cette bulle de bonheur.

Je roule pour me retrouver sur le dos, admirant les ombres qui se forment sur mon plafond. Princesse me rejoint finalement, donnant des petits coups avec sa tête pour que je puisse la caresser.

Je soupire, je n'ai jamais rien ressenti de tel et je comprends que Shawn se conduise de cette façon. Pour garder une telle liberté, je serai prête à beaucoup de choses.

Ce soir, il m'a beaucoup appris. Je n'étais encore jamais montée sur une moto, je n'avais jamais été si proche d'un homme. J'ai senti chacun de ses mouvements, cette adrénaline qui m'a d'abord fait paniquer, m'obligeant à me coller un peu plus à lui. Sa main sur les miennes, me retenant quand j'ai commencé à m'habituer aux sensations. Il a aimé ça autant que moi.

Mon premier hamburger, manger de la nourriture avec les mains. Ma mère en aurait eu une syncope à coup sûr, elle m'aurait engueulée et j'aurai été forcée d'aller me faire vomir mais elle n'était pas là et j'ai pu profiter de chaque bouchée, malgré mon appétit de moineau.

Et puis, il y a eu Shawn. Une complicité, quelque chose de vrai s'est créée entre nous. Il ne change pas pour autant, il parle toujours avec autant de vulgarité, me provoquer semble l'amuser mais il n'a pas été méchant, comme il a déjà pu l'être. Il est resté lui-même sans toutefois faire son connard. Il ne m'a pas jugé, on a simplement passé une soirée ensemble. Ça n'a jamais été un ami mais ce n'est pas mon copain non plus. Shawn est ma parenthèse dans ce monde de fausseté. Il est ma vérité, mon secret et ma liberté.

Quand je repense à ce que m'a dit Antony « Ce genre de mec n'attend pas après une fille, il se servira de toi jusqu'à ce qu'il se lasse. » Après cette soirée, je n'en suis plus si sûre. Je suis peut-être naïve, je me jette peut-être dans la gueule du loup mais j'ai envie de croire qu'il s'est passé quelque chose de spécial entre nous.

Pourquoi devrait-on le cataloguer automatiquement parce qu'il plaît aux filles ? Ce que je ressens quand il m'embrasse, quand il me touche, quand il me frôle, je ne l'invente pas, tout ça est bien réel et je ne me suis jamais sentie aussi vivante qu'avec lui.

Comme s'il avait posé sa marque sur moi, je sais que j'en veux encore, que je ne me contenterai pas de si peu. Cette soirée a ouvert quelque chose en moi, j'ai compris certaines choses et même si je ne peux pas tout envoyer valser, il est peut-être temps de faire place au changement.

Quand je pense que Lyla s'est jetée dans ses bras ! Même si elle ignore tout de ce qui se passe entre Shawn et moi, ça me fait quelque chose, j'ai l'impression d'avoir été trahie. Ce n'est qu'une amitié factice mais elle fait quand malgré tout partie de mon entourage le plus proche. Mais savoir que Shawn l'a rejetée, elle avant de venir me retrouver, moi, je ressens une pointe de fierté. Je crois que Lyla aimerait avoir tout ce que je possède, incluant la maison, la garde-robe et même le mec. Je lui donne tout si on me promet que j'aurai la liberté de prendre chacune de mes décisions, que je ne serai plus jamais dirigée par personne et que je puisse être avec Shawn...

Beautiful LiarWhere stories live. Discover now