13, Shelby

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Le lendemain, quand mon réveil sonne, je ne sais plus si je dois me lever ou non. C'est bien la première fois que ça m'arrive. Moi, qui d'ordinaire a une horloge dans la tête, qui me réveille avant la sonnerie, là je me sens différente, comme si certaines priorités avaient changé. Parce qu'en réalité, c'est le cas et Shawn n'y est pas pour rien, ça c'est une certitude.

L'écran du réveil indique à peine cinq heures du matin, je ne commence ma journée que dans plusieurs heures. Mais me lever aux aurores est primordial pour appliquer sur ma peau les masques, les crèmes de soin puis enfin toutes les poudres et le maquillage. Opération « camouflage » ! Mes cheveux subissent exactement le même sort et j'ai beau rappeler à ma mère qu'il n'y a aucun intérêt à répéter cette opération chaque jour, elle reste butée dans son idée. Mais aujourd'hui, j'ai envie de changement, de ce que ma mère qualifierait de « rébellion ». Oui, c'est exactement ça.

Je fini tout de même par poser les pieds sur le sol, et allume ma lampe de chevet pour éclairer la pièce en douceur. J'entends le miaulement de Princesse qui n'apprécie pas l'agression de la lumière. Elle baille, s'étire et finit par me montrer son ventre que je m'empresse d'aller caresser, son ronronnement est presque instantané. Je l'adore, elle m'apaise. Les jambes dans le vide, mon bras replié sur le couvre-lit où repose ma tête, je profite de sa chaleur, de sa douceur et de ce sentiment de bien-être qu'elle est la seule à pouvoir me procurer. Des fois, j'aimerai que cela suffise, que je n'ai pas à aller chercher cette lame mais malheureusement, j'en suis incapable.

Je regarde Princesse se délecter de ma tendresse, ouvrant l'œil de temps en temps mais sans trop faire d'efforts.

— Qu'est-ce que je vais faire ? Demandé-je autant à moi-même qu'à mon chat.

Je ne m'attends pas vraiment à une réponse de sa part mais peut-être une réaction, un indice qui puisse m'indiquer quelle direction prendre.

Toc. Toc. Toc.

— Shelby ? Entends-je derrière ma porte. Tu es levée ?

Je gonfle les joues, exaspérée. Elle ne me laissera dont jamais respirer ?

— Oui, je suis debout, réponds-je en soupirant. Comme chaque matin.

Je suis décidée à la provoquer un peu mais ça ne la déstabilise même pas. Je me demande parfois si elle a réellement un cœur. Si c'était le cas, elle ne pourrait pas être aussi froide en permanence, c'est humainement impossible.

— Parfait, mets-toi en tenue. Antony sera là dans cinq minutes.

Merde ! J'avais complètement oublié ma séance matinale !

Je n'ai aucune envie d'aller courir. C'est tout l'inverse. Je rêve de retourner me glisser sous la couette pour pouvoir encore m'interroger sur le sens de ma vie et sur le fait que mes mains me réclament à nouveau le corps de Shawn.

Quand je descends un peu plus tard, Antony m'accueille avec un grand sourire comme à son habitude. On dirait que les problèmes, il ne connait pas ou que ça lui passe au-dessus de la tête. Il est toujours de très bonne humeur et avec son air chaleureux, je parviens à me laisser complètement aller. Je ne suis pas une personne qui se confie facilement, et même si je ne lui dévoile que les grandes lignes de ce qui se passe dans ma vie, c'est déjà ça de prit. Ce n'est pas un confident, plutôt quelqu'un d'extérieur à mon univers mais qui parvient à me comprendre et parfois même, à me conseiller.

De cinq ans mon aîné, des cheveux blonds foncés, des yeux verts clairs et pour ne rien gâcher, un corps musclé, au vu de son activité professionnelle. Antony est loin d'être un vilain garçon et il est vrai, sans être méchant pour autant. S'il avait été riche, je n'aurais pas été étonnée que ma mère cherche à arranger quelque chose entre nous. Mais heureusement, il ne l'est pas. J'ai suffisamment à faire avec un... enfin... deux, désormais.

Beautiful LiarWhere stories live. Discover now