8, Shawn

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C'est certainement la parole la plus sincère que je lui ai dite depuis que je l'ai vu passer la porte du café.

Quand j'ai entendu le ronronnement du moteur avant d'apercevoir la voiture, j'ai su que ça ne pouvait être qu'elle. J'ai halluciné ! Elle est revenue. Même après toutes les crasses que je lui ai faites, elle s'est à nouveau présentée devant chez moi. Je ne sais pas ce qu'elle cherche, ni la raison de sa venue ici mais elle a un certain cran, je ne peux que m'incliner, surtout pour une nana aussi coincée qu'elle.

Mais cette expression sur son visage débarbouillé, je donnerai cher pour la revoir. Son air réellement choqué suite à mon tout premier compliment la rend beaucoup plus accessible. Comme si c'était la première fois de sa vie qu'on lui disait une chose pareille, ce dont je doute. Son maquillage la rend agressive, une reine des glaces alors qu'à nu, son visage à tout de suite quelque chose de beaucoup plus sincère. C'est comme si elle avait deux personnalités différentes.

En réalité, cette fille est bien plus complexe qu'elle n'y paraît. Et cette nuit est chargée d'un parfum d'inconnu, d'une chance de peut-être découvrir ce que Shelby s'efforce tant bien que mal de cacher.

— Tu comptes rester dans cette bagnole toute la soirée ?

Elle reprend son air pincé et j'aurai presque envie de soupirer. Qu'elle arrête deux secondes avec son attitude glaciale.

— Non, je dois y aller.

— Tu devrais rester un peu.

— Je ne veux pas rester avec toi.

— Bien sûr que si.

Je tente d'ouvrir sa portière mais elle est bien évidemment fermée.

— Si tu ne sors pas, c'est moi qui entre, la menacé-je.

Elle s'interroge intérieurement sur ma capacité à bluffer, sauf que je suis bel et bien sérieux.

— Tu ne ferais pas ça...

— Ne me dis jamais ce que je ne ferais pas puisque je te prouverai le contraire.

Elle doute encore, alors j'insère la moitié de mon corps par sa fenêtre, ce qui la fait me stopper directement.

— Très bien, tu as gagné. Sors de là.

Je m'exécute et la centralisation se déverrouille quand elle active la poignée. Elle referme derrière elle et se tourne vers moi.

— Et maintenant ?

Je lui adresse un sourire en coin et l'invite à marcher un peu, ce qui ne me ressemble pas.

— On peut faire comme si on ne se connaissait pas. Comme si je n'étais pas un vrai connard et toi une princesse coincée.

Elle refait cette tronche qu'elle tire quand on ne lui dit pas ce qu'elle aimerait entendre. Elle est mal tombée avec moi, les filtres je ne connais pas.

— Pourquoi on dirait que tu fais la gueule en permanence ? T'en a pas marre d'être comme ça des fois ?

Elle me frustre tellement que j'ai besoin d'une nouvelle clope. Je finis par m'adosser au bout de mur près de la porte, jambe repliée, j'y appuie mon pied.

Les yeux cloués sur le béton, elle reste muette, même le vent fait plus de bruit qu'elle.

— J'te parle. J'essaye de communiquer là. Tu pourrais au moins faire l'effort de répondre.

Silence radio et elle fait demi-tour.

— Tu vas où là ? l'agressé-je.

Je vois bien que je m'y prends comme un manche mais je ne sais pas dire les choses calmement. Elle a l'air fragile alors que je suis quelqu'un de brusque.

Beautiful LiarWhere stories live. Discover now