Trois mois s'étaient écoulés, et la chaleur de septembre s'était peu à peu estompée, laissant à présent place à la fraîcheur hivernale. Les jours s'écourtaient et les journées de travail se faisaient de plus en plus pénibles, au fur et à mesure que la température chutait.
Ce matin là, les pensionnaires se réveillèrent difficilement. La lune baignait toujours le ciel de sa faible lueur lorsque la lumière du dortoir apparut aux yeux des masses encore somnolentes. Les corps se glissèrent lentement hors des fines couvertures et les pieds traînèrent jusqu'à la sortie de la pièce.
Rapidement, les pensionnaires se retrouvèrent sur les draisines qui semblaient glisser, entichées d'une routine récurrente. Le vent frais d'un matin de décembre soufflait sur les visages et les têtes, simplement vêtues, pour certaines d'entre elles, d'un frêle bonnet. Rapidement, les véhicules arrivèrent à destination, toujours et encore au même endroit, sur les mêmes terres boueuses où les pensionnaires creusaient inlassablement depuis maintenant des années.
Durant ce mois, les conditions de travail des pensionnaires avaient évoluées : petit à petit, le froid avait succédé au lourdes températures qui avaient assommé les travailleurs durant la saison. Maintenant, la déshydratation, les gorges sèches et les sueur qui perlaient sur les fronts avaient progressivement laissé place aux gerçures qui entaillaient maintenant les lèvres et les mains des jeunes hommes. En cette matinée particulièrement froide, les membres engourdis des garçons formaient inlassablement les mêmes briques de combustible sombre qui contrastaient avec la neige retournée de toute part et présente sur la totalité du territoire. Ainsi la matinée se déroula lentement au fil des hurlements grinçants du vent qui sifflait et glaçait, par la même occasion les membres auditifs des jeunes gens.
Puis la pause fut annoncée. Tous se dirigèrent à leur place habituelle et recouvert à présent d'une faible couche de neige nouvelle, tombée la nuit et encore immaculée. Si pure pensa Damien en prenant place sur un tronc d'arbre couché, imprimant la marque de son derrière sur celui-ci. Rapidement il faut rejoint pas Thomas et Cyril, dont les cheveux avaient repoussé rapidement de 3-4 centimètres tout au plus aux cours de ces derniers mois.
- Cette matinée a été érintante... souffla le boucle en allumant à l'aide d'une frêle allumette un simple tube de tabac.
Ses deux acolytes acquiescèrent. Le rouquin entama son sandwich à grandes bouchées tandis que Damien, de son côté laissait vagabonder ses orbes bleues le long des branchages et des buissons démunies de leurs feuilles. Tout semble mort... pensa-t-il tristement avant d'être interrompu brusquement par la tape amicale du bouclé qui lui tendait le petit tube de tabac. La fumée finit de s'évanouir dans le ciel tandis que les amis finissaient leur maigre repas. Ces trois derniers mois avaient rapproché les trois compagnons qui discutaient souvent le soirs avant se s'endormir, à table ou bien encore lors des courtes permissions qui leur étaient accordées le soirs, à la suite de leurs tâches. Les trois acolytes s'étaient rapidement trouvés de nombreux points communs qu'ils partageaient avant leur arrivée en ces lieux, sur lesquels ils débattaient et redébattaient inlassablement, tentant chaque jours d'apporter de nouveaux points de vue, de nouveaux arguments, idées ou bien sujets qu'ils pourraient exploiter encore et encore.
- Dites... je sens plus mes orteils c'est normal ? Demanda Cyril qui n'avait laissé que très peu de mots franchirent la barrière de ses lèvres depuis le début de leur repas.
- Pas vraiment... dit simplement Thomas. Essaye de te les réchauffer comme tu peux...
- Et comment suis-je censé me débrouiller ? Demanda de nouveau celui-ci ?
- Fais comme moi, avant de mettre tes bottes, enroules chacun de tes pieds dans un mouchoir en tissu. C'est pas le top mais c'est toujours mieux que rien...
- D'accord merci. Lui répondit Cyril, le regard perdu et la voix faible.
Leurs échanges n'étaient guère intéressant et tous se ressemblaient énormément ne laissant d'autres choix aux jeune garçons que d'aborder d'un ton un peu plus las à chaque fois, les mêmes sujets redondants...
Puis le repas fut déclaré clos et les travailleurs furent rappelés au travail. Très vite, les pelles et les pioches se remirent en mouvement, découpant de nouvelles briques de combustibles.
Après quelques heures de travail toujours régies par le froid qui gelait chaque centimètre carré de peau de chaque individus, une plainte s'éleva parmi le bruit incessant des outils.
- Je commence à avoir vraiment froid... se lamenta Cyril dont la pelle glissa de ses mains.
Thomas et Damien posèrent leur regard sur lui, l'encourageant d'un regard. Mais une nouvelle plainte de sa part fut accompagnée d'une chute : son visage heurta la neige, y déposant la marque de celui-ci.
- Relèves toi. Siffla la voix de l'un des instructeurs.
Aucun semblant de réponse ne franchit ses lèvres et le corps toujours posé sur la neige, avait cessé de grelotter et son regard quand à lui s'était posé au loin, lançant dans le vide, de multiples appels à l'aide.
Les regards s'étaient posés, plus lourds que jamais, sur la scène qui se jouait sous leurs yeux. Certains individus observaient simplement la scène d'un oeil désinvolte et malheureusement trop habitué à ce genre de comportements alors que d'autres, paralysé, regardait ce triste spectacle de leur grands yeux écarquillés. Thomas et Damien faisaient tous deux partis du deuxième camps.
Puis les secondes s'égrainerent lentement avant que les mouvements précis du surveillant ne le pousse à saisir une pelle de ses deux mains. La scène paraissait irréelle et semblait se dérouler au ralentit. Progressivement, l'homme leva la pelle au dessus de sa tête, s'apprêtant à l'abattre sur le corps encore allongé dans la neige. Puis la pelle tomba. Le bruit résonna en écho pendant de longue secondes sous les regards choqués des pensionnaires qui avaient abandonnés leur labeur depuis le début de l'incident.
- Allez réveilles toi fainéant ! Siffla l'homme en tendant de nouveau ses bras au dessus de sa tête. Alors un nouvel écho résonna, à la différence que celui-ci ne s'abbatit pas sur le visage du rouquin mais bel et bien sur le crâne du supérieur. L'action s'était déroulée très vite : pris d'un élan de lucidité, Damien avait bondit, pelle en mains et l'avait abattu sans hésitation sur le crâne dégarni de son supérieur. Son corps vacilla un instant avant de finalement s'écraser dans la neige. Tandis que le chatain réalisait à présent la gravité de son acte, Thomas avait courut à la rescousse du rouquin, tentant tant bien que mal de le ramener à lui. Pris d'un élan d'empathie, le chatain vérifia prestement la respiration du supérieur. Soulagé de découvrir que celui-ci respirait encore, il se releva et courut en direction de ses amis tout en hurlant aux autre pensionnaires de profiter de cette occasion pour fuir.
Les regards s'échangèrent, méfiants. Chacun cherchait dans des pupilles voisines, le courage de s'en aller de cet endroit. Pendant ce temps là, Cyril revint à lui. Les larmes lui montèrent aux yeux et de multiples excuses bredouillées s'échappèrent de ses lèvres. Thomas et Damien tentèrent comme ils purent de la rassurer, frottant énergiquement son dos. Puis les trois acolytes purent enfin se relever. Cyril avait recouvré les forces nécessaires et ses deux amis le soutinrent, l'aidant à marcher.
- Qu'est ce que vous attendez ?! Hurla Damien à l'adresse des pensionnaires qui s'agitaient et se perdaient dans de multiples réflexions stupides dénuées de sens : la liberté était là et leur tendait la main, pourquoi attendre ?
Les trois compères s'éloignèrent, enjambant les différents outils laissés à l'abandon, contournant les individus présents, immobiles, sur le terrain. Puis lorsque leur ombre ne fut plus, tous se mirent à courir. Pris d'un élan de lucidité, tous reprirent soudain espoir. L'espoir d'une liberté qu'ils avaient oublié.
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Camp - [ Terraink ] [En Cours]
Fanfiction"Camp" est la fiction relatant le passé douloureux de deux adolescents. Thomas et Damien, jeunes garçons âgés de 16 ans, vont se voir affronter, bien avant l'heure, les supplices que la vie peut leur offrir, ou leur infliger, au choix... ⚠️ TW : vi...