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Voilà quelques heures que les deux amis alternaient entre course et marche rapide afin de fuir cet enfer. Peu à peu, le chemin de fer les avait guidé au beau milieu d'un petit village de campagne, bien loin de toute civilisation. Là, ils avaient fait un crochet par une vieille étable afin que Damien puisse échanger sa chemise de nuit par les vêtements qu'il tenait tout contre lui depuis le début de leur fuite. Vêtu convenablement, les deux amis s'étaient aventurés à travers les différentes rues de la petite bourgade, à la recherche d'un endroit où passer la nuit et, si possible, de quelques mets afin de combler leur appétit. Cette traversée des bois avait déclenché de bruyants grognements en provenance de leurs estomacs et, peu à peu, leurs paupières s'alourdissaient, menaçant à tout instant, de se clore définitivement. 

Finalement, leurs pas les menèrent au-devant d'une église. Son clocher, surplombant le village, annonçait une heure déjà avancée de la soirée et, résigné, Thomas prit la parole : 

- On va passer la nuit ici. Quoi de mieux que la maison de Dieu pour nous accueillir après tout ? 

- Mais t'es sûr que les portes vont être ouvertes ? 

- Plus qu'à vérifier. Je n'y mettrais pas ma main à couper mais j'ose espérer que la maison du Seigneur nous permettra de trouver refuge. 

Alors à grands pas, le bouclé s'approcha de la porte et mollement, fit pression de sa paume contre celle-ci qui, contre tout attente, s'ouvrit sans mal. 

- Dieu est avec nous ! S'exclama le brun en esquissant un sourire. 

- Je ne te savais pas si croyant... 

- Ce n'est pas le cas, mais tâchons de faire bonne figure si nous voulons qu'il nous accorde sa grâce. Répondit Thomas en riant. 

Finalement, c'est sans un bruit que les deux garçons pénétrèrent dans la bâtisse. Autour, les piliers de pierre et les fresques composant les voûtes de l'église renvoyèrent l'écho de leurs pas hésitants. 

- On dirait qu'il n'y a personne... Chuchota Damien. 

- On dirait bien. Essayons de regagner la tour de l'horloge, on risquera moins d'y croiser quelqu'un. 

- Bonne idée, je te suis. 

Toujours sur leur garde, les deux adolescents s'aventurèrent sous les arches de pierre à la recherche d'un accès quelconque à leur but. Et peu à peu, une petite porte en bois vermoulue par le temps s'offrit à leur yeux. Vivement, ils échangèrent un regard entendu avant de s'y engouffrer. 

Rapidement, ils avaient gravis le long escalier en colimaçon et à présent, les gigantesques rouages de la vieille horloge s'offraient à eux. L'endroit n'était pas bien grand, compte tenu de la place occupée par les différents engrenages mais offrait néanmoins une vue imprenable sur la bourgade en contre-bas. Ce point de vue leur permettrait d'apercevoir les allés et venus des individus souhaitant potentiellement regagner l'église. 

- La vue est magnifique. Souffla Thomas qui s'était approché de l'une des minuscules fenêtres qui composaient la façade. Viens vois ça. Ajouta t-il à l'adresse de son comparse. 

Lentement, le châtain s'était penché vers la fenêtre, passant son visage par dessus l'épaule de Thomas qui ne pouvait détacher son regard de ce paysage nocturne. 

- T'as pas tort. Admis simplement le châtain d'un air désinvolte.

- Comment ça j'ai pas tort ? Bien sûr que j'ai raison ! S'indigna le brun en tournant son visage vers celui de son camarade. 

Cette action, Thomas la regretta immédiatement. En effet, son visage ne se retrouvait à présent qu'à quelques centimètres de celui du châtain qui, surpris par la réaction de son comparse, avait également tourné la tête. Durant quelques secondes, ils se fixèrent ainsi, dans le blanc des yeux, et le feu gagnant leurs joues. 

Camp - [ Terraink ] [En Cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant