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Cela faisait à présent quelques mois qu'un semblant de calme s'était réinstallé au sein de l'internat. Lentement, les températures avaient chuté, laissant place à un début d'hiver fébrile. Lassé, Damien avait fait profil bas, ne voulant attirer sur lui, plus de regards noirs. Ainsi, l'adolescent rebelle qu'il avait été lorsqu'il était arrivé avait été enfoui au fin fond de son être. Chaque jour, il continuait cependant de fréquenter Thomas et Cyril avec lesquels il s'entendait particulièrement bien. Ils s'étaient d'ailleurs trouvés de nombreux points communs, notamment musicalement parlant. En effet, lors de certaines de leurs permissions, les adolescents avaient l'autorisation d'allumer un vieux poste radio grésillant d'où s'échappait une chanson country redondante mais dont les paroles, inspirant la liberté et l'espoir, les avaient réunis. Ainsi, ce morceau était devenu une sorte d'hymne qu'ils fredonnaient lorsque les temps se faisaient difficile et que le courage leur manquait. Aujourd'hui, alors le mois de novembre se terminait lentement, les pensionnaires avaient été autorisé à se divertir lorsque leurs diverses tâches auraient été achevés. C'est ainsi qu'au fur et à mesure, le nombre d'adolescents présents dans la petite pièce augmentait peu à peu. Bientôt, le petit groupe se réunissait de nouveau après avoir accompli leurs missions respectives. De ce fait, les 3 amis se retrouvèrent bien vite dans un coin de la salle, le vieux poste devant eux, laissant échapper faiblement de ses haut-parleurs, cette inlassable chanson de country redondante.
Du coin de l'oeil, Damien ne pouvait s'empêcher de scruter les différentes activités qui occupaient ses pairs. Certains jouaient au billard, lisaient, d'autres fumaient en discutant gaiement ou encore, certains attendaient, assis sur de simples chaises de bois en face d'une vieille télévision, éteinte. On était mardi et en ce jour, l'un des surveillants venait et allumait pour quelques courtes trentaines de minutes ce poste, permettant aux jeunes, une fois de temps à autre, de se distraire grâce à quelques programmes stupides passant à la télé. Alors patiemment, le groupe attendait sagement pendant 5, 10, 15 puis 20 minutes jusqu'à ce qu'un surveillant daigne enfin s'approcher. Après s'être rapidement raclé la gorge, l'homme prit une grande inspiration avant de simplement annoncer :

- Pas de télévision aujourd'hui.

Rapidement, il tourna alors les talons et dans le petit salon, des élans de protestation s'élevaient de part et d'autre.

- Je vous signal que vous avez déjà un poste radio, ce qui n'est déjà pas mal ! Alors estimez vous heureux ! Ajouta t-il d'un ton ferme.

- Et pourquoi il n'y aurait pas de télévision ?! Hurla Damien qui venait de se relever brusquement, les paumes à plat sur la table.

Le surveillant se retourna, scrutant de ses yeux perçants la salle avant que ceux-ci ne se posent sur le châtain, le sang battant toujours à ses tempes. Au fil des jours, l'adolescent s'était fait à cet aspect difficile du camps, seulement, l'injustice qui y régnait, il ne l'avait toujours pas digéré.

- C'est comme ça et c'est tout si -

- Il n'y a pas de raison ! Tout le monde a rempli sa tâche, personne ne s'est plaint ou n'a fauté ces derniers jours, alors pourquoi ?! Hurla t-il de
nouveau.

Dans la salle, le bruit des conversations s'élevait, couvrant peu à peu la musique qui s'échappait du poste.

- Et bien si c'est comme ça, pourquoi ne pas vous retirer le poste aussi ?! Ajouta le garde d'un ton narquois.

- Vous n'avez pas le droit !

- J'vais me gêner tiens ! Ria t-il en s'approchant.
D'un mouvement vif, il avait saisit l'auto-radio et s'éloignait déjà, coupant d'un même élan, le sifflet à cette machine qui continuait, de sortir inlassablement les mêmes notes.

Camp - [ Terraink ] [En Cours]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant