𝐂𝐚𝐭𝐡𝐚𝐫𝐬𝐢𝐬 | K.Taehyung

『27』

Cela fait deux heures. Deux heures que je le fixe de façon si intense que je me demande comment il fait pour ne pas tourner son regard vers moi. Cela fait maintenant deux semaines que je n'ai pas dormi une seule fois au Magic Shop et deux semaines que je ne lui ai pas parlé. Mes mains enserrent mon bic et jouent dangereusement avec, le faisant tournoyer habilement dans ma main. Ça devient comme une obsession: j'ai besoin que sa voix si spéciale ne s'adresse qu'à moi et pas à cette masse d'étudiants dont la moitié féminine se retrouve en pâmoison devant lui. D'ailleurs pourquoi ça m'énerve autant ? 

Je serre les dents et m'affale brusquement contre le dossier de ma chaise, étendant mes jambes devant moi tout en continuant de le fixer. Est-ce que je passe pour une folle ? Peut-être bien mais aujourd'hui j'ai bien l'impression que mon coeur est décidé à me faire tourner en bourrique. Quand il parle et que ses lèvres bougent avec élégance, les images de notre baiser fiévreux me revient et tout de suite, une chaleur étrange s'empare de mon corps tout entier. Suis-je devenue dépendante ? Je n'en ai aucune idée et je suis bien décidée à le vérifier. 

Soudainement, mon professeur annonce la fin du cours. Je prends mon temps pour ranger mes affaires tout en gardant un oeil sur Taehyung qui fait de même. Parfois, je vois quelques étudiantes qui s'arrêtent à son bureau et qui se penchent de manière excessive, sûrement pour lui permettre d'admirer cette vue féminine si populaire que l'on appelle la poitrine. Je grogne d'agacement et balance mon sac sur mon épaule avant de commencer à descendre les marches de la façon la plus lente qui soit. Une fois que quasiment tout le monde est sorti de l'amphithéâtre, je me précipite au bureau de Taehyung et plaque mes mains sur le bois, ce qui lui fait immédiatement lever les yeux vers moi. Quand son regard croise le mien, je vois qu'une lueur prend vie. 

— Qu'est-ce que vous voulez mademoiselle Bang ? 

Je plisse les yeux et regarde autour de nous. Plus que quelques étudiants et nous serons seuls. Je ne lui réponds pas, attendant patiemment que le vide se fasse. Lui ne bouge pas. Au moins il est disposé à m'écouter, ce que je ne pensais pas possible jusque là. 

Une fois qu'il n'y a plus personne, la porte claquant derrière le dernier étudiant, je reporte mon regard sur Taehyung qui se tient debout, me dominant de plusieurs centimètre, lui et sa carrure imposante. Mais je ne me dégonfle pas: je commence à être habituée à sa personne et ses méthodes d'intimidation. 

— Je n'y arrive pas, je lance de but en blanc. 

— Tu n'arrives pas à quoi ? 

Lentement, il prend certains de ses livres et les range dans son sac bien que son regard reste fixé sur le mien. Je me demande bien comment il fait d'ailleurs pour être si précis dans ses mouvements sans y faire attention. Je me mords brièvement la lèvre inférieure et continue. 

— Le Magic Shop me manque. 

— Pourtant tu y travailles chaque soir. 

— Ce n'est pas pareil parce... 

Je serre les dents et baisse le regard. Parce que je ne peux pas lui parler ? Parce que je ne peux pas le voir en dehors des cours ? Parce que je ne peux pas dormir dans ses appartements et me sentir proche de lui ? Pourquoi mon coeur commence-t-il à battre si vite quand il est là ? Je lâche un lourd soupir tremblant pour essayer de me détendre mais rien n'y fait, je suis tendue à l'extrême quand son regard me brûle. 

Je l'entends alors se mettre en mouvement, ce qui m'oblige à redresser la tête pour voir s'il n'est pas en train de partir. Cependant il n'en fait rien, se contentant de contourner son bureau. Je suis son mouvement avant de me retrouver dos au meuble, mon professeur en face de moi. En contre jour, je ne vois que son ombre mais celle-ci est déjà bien suffisante pour me faire déglutir. 

— Parce que tu ne me vois pas ? 

Ses deux mains viennent se poser de chaque côté de ma personne sur le bureau dans mon dos. Cette proximité me rend fébrile alors que mes yeux se baladent entre ces iris sombres et ses lèvres tentatrices. Je déglutis tout en humectant mes lippes avant de doucement hocher la tête. Oui, je me devais de l'avouer. Je m'étais habituée à l'avoir dans mon quotidien, à ses remarques acerbes et ses taquineries. Et voilà que du jour au lendemain, il l'avait quitté sur un baiser passionné. 

Il me fixe longuement et brusquement, ses lèvres viennent à la rencontre des miennes. Je n'ai pas le temps d'être étonnée que mes jambes flageolent en un instant tandis qu'il lâche un long soupir de soulagement, comme s'il venait de se libérer d'un poids. Nos bouches se redécouvrent et s'harponnent comme deux jumelles trop longtemps séparées. Mes bras viennent entourer son cou, ses mains attrapent ma taille avant qu'elles ne descendent lentement jusqu'à mes cuisses, me faisant frissonner d'un sentiment inconnu. Etait-ce du désir ? Une fois sa destination atteinte, mon professeur me soulève, me faisant assoir sur le bureau tandis que sa langue vient taquiner ma lèvre inférieure. 

Ma respiration est si rapide que je me demande encore comment je fais pour respirer. Mon coeur bat affreusement vite dans ma poitrine, jouant du tambour dans ma tête à un tel point que je n'entends que lui. Tout ne devient que chaleur et sensation, une bulle de passion qui nous isole du reste. Mes mains explorent sa chevelure avant de descendre jusqu'à ses joues que je caresse du pouce, entrouvrant mes lèvres pour qu'il vienne me donner plus que ça. Nos langues ne tardent pas à se rencontrer également, tout comme nos bassins. Son torse contre ma poitrine me réchauffe et provoque en moi des milliers de frissons. 

Je l'entoure de mes jambes pour le garder près de moi alors que ses bras font de même. Je ne veux plus jamais quitter cette chaleur. 

Je l'ai ma réponse. 

Je suis belle et bien dépendante.