Tous avec moi

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Dans ma tête, on est plusieurs. Schizophrénie, vous dite ? Que dalle, les amis !!! J'ai simplement parfois l'impression que mon corps et mon esprit sont habités par des personnalités différentes qui se les passent entre elles. Partons à la découverte de ces multiples facettes.

La gamine :
La gamine est, selon moi, celle qui dévoile le plus mon haut potentiel. C'est elle qui prend le dessus quand on parle d'un sujet très intéressant, dans lequel je me sens à fond impliquée. Je deviens alors un monstre de rapidité et d'idées réflectives, survolant toutes les explications possibles à un phénomène, ou les potentialités d'un projet. Je suis alors étonnement mature dans mon raisonnement, mais mon enthousiasme débordant pour le sujet et mon débit de paroles accéléré et souvent très "enfant" (pas le temps de chercher ses mots) font de moi une ridicule môme sautillante et insupportable. Je crois. Mes parents prennent toujours un air exaspéré quand je pose une question "inhabituelle", mais au fond je sais qu'ils sont fiers. Et on peut avoir des discussions géniales avec les copains, pour peu qu'on choisisse les bonnes personnes.
Une anecdote ? En cinquième, en plein cours de français, j'ai voulu parler du héros d'un texte, et j'ai dit : " mais le mec, là..." C'était assez choquant pour ceux qui ne savaient pas que j'étais capable de jurer (ben ouais, putain et merde, ça colle pas avec l'image de l'intello coincée).
Et ça m'arrive souvent, et je déteste qu'on me coupe, parce que j'aimerais finir ce que je dis !

La vieille :
Ça, c'est quand je parle avec mon père. De politique, de religion, de différents systèmes sociétaux. C'est un peu la gamine qui arrive à se canaliser, le temps d'avoir un échange construit avec des adultes (qui ont souvent un peu de mal à suivre si on commence à parler sans articuler). C'est un peu celle qui transparaît dans mes contrôles et sûrement celle qui m'aidera dans le milieu professionnel.

La "normale":
C'est mon caméléon, ce qui s'éloigne le plus de ce que je suis, il me semble. C'est l'image que j'ai construit par imitation, en regardant mes amis. Une fille plutôt mature, une ado qui paraît savoir où elle va, avec des préoccupations aussi banales que son apparence, les résultats du prochain ds, les potins du lycée, et, maintenant qu'on a tous un peu grandi et qu'on relève le niveau, des soucis d'ordre administratif, et les études.
Cette fille, c'est celle qui a un rire crispé quand quelqu'un fait une blague pas drôle, qui fait genre de s'intéresser aux problèmes des autres alors qu'au fond, elle sait qu'elle ne peut pas gérer. C'est surtout celle qui s'adapte à chaque personne de son entourage. Qui adopte son point de vue, son opinion, le temps d'un dialogue (parfois d'un monologue de l'autre). Avec le temps, sans m'en rendre compte, je me suis constituée une "base de données" qui me permet de me souvenir de ce qu'il faut éviter dans une conversation, selon ce qui risque de déclencher un débat sans issue. Parfois, je ne m'en souviens qu'après avoir sorti mes premiers mots, et il faut rectifier. Cette "mémoire" est quand même très déstabilisante de temps en temps, quand quelqu'un change d'avis sur quelque chose sans que j'y sois préparée, ça me prend de cours. La gamine en moi ressurgit alors, le temps de se poser la question : "qu'est-ce qui a changé depuis la dernière fois ?" Et puis on change le souvenir défectueux.
Des fois, à l'inverse, cette poupée falsifiée décide de se rebeller, et je choisis le bord opposé à tout le monde, juste par orgueil. Juste pour prouver aux autres que non, tout le monde ne pense pas pareil, ou que si, c'est TELLEMENT évident ce que tu dis que tu n'as pas le droit de donner la possibilité d'exister à une idée contraire en insistant sur la tienne. Dans ces cas-là, je m'inverse tellement de l'autre moi caméléon que je me sens plus garçon que fille, plus extra-terrestre qu'humaine, plus en désaccord avec tout le monde, plus je-m'en-foutiste que le reste du temps.

La gamine chiante :
Je n'ai pas dit que l'autre ne l'est pas. Mais celles-ci... C'est un peu le côté obscur de la force. Hypersensibilité, tu te rappelles ? Ben parfois c'est cool (rarement, dans mon cas), pis parfois... Quand je perds à un jeu où j'estime être en droit de gagner, où je gagne d'habitude (test de culture générale, par exemple), quand on frappe là où ça fait mal et que ma susceptibilité se réveille, ou ma jalousie, d'ailleurs... Je deviens une vraie fillette en manque d'attention, qui geint lamentablement. Une partie de moi très désagréable, que je n'ai pas encore réussi à maîtriser totalement (enfin ça m'arrive quand même moins qu'il y a plusieurs années)

L'handicapée sociale :
Bon c'est vrai que c'est pas très sympa pour les gens qui sont réellement handicapés sociaux. Désolée, les gars. Je me doute bien que moi, c'est rien. N'empêche que je me sens vraiment freinée, coincée, dans ce personnage là. Il survient quand je rencontre de nouvelles personnes, quand je reste avec quelqu'un seul à seule, quand je retrouve quelqu'un que je n'ai pas vu depuis longtemps, quand je téléphone ou que je correspond par messages. Il cohabite souvent avec le caméléon numéro un. Genre, en surface "oui, effectivement, mamie, je suis en première scientifique" (sourire crispé), à l'intérieur : " putain parle plus fort c'était quoi sa question déjà ton sourire est trop crispé c'est pas assez ouvert ce que t'as dit elle va pas pouvoir répondre il va y avoir un blanc ça va être gênant mais non t'inquiètes la prochaine c'est est-ce que la première s c'est dur tu connais prépare la réponse... PITIÉÉÉ !!!"
Assez pénible.

Bref. Ça fait pas mal de visages pour une seule personne, même si on est censé en avoir des milliers chacun, ect... Bien sûr, celle qui est le plus souvent là, c'est le caméléon. Cette image, on la retrouve dans plein de témoignages, de vidéos et de blogs sur le développement personnel du surdoué. On l'appelle aussi le faux-self. Mais je crois que même sans connaître l'expression, je l'aurais quand même appelée caméléon, ou peut être l'adaptée...
Après, les autres, j'ai cité quand elles apparaissent le plus souvent. Cependant, il y a des gens avec qui il est plus facile d'être vrai. Au fond, tout le monde a un caméléon, mais on s'en éloigne vraiment loin quand on est avec quelqu'un de chouette.
Je dis ça, mais je ne sais pas encore laquelle est la vraie moi.

C'est un code barreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant