J'adore le titre.
Bon, en vrai, ça ne me concerne pas. Il paraît que les gens à haut potentiel peuvent aussi être appelés multipotentiels. Ça veut dire qu'ils sont doués dans plein de trucs, et qu'ils changent très vite de sujet après l'avoir épuisé. Et que c'est très chiant pour faire des choix : à quoi ça sert de se lancer dans le métier d'ébéniste si on sait que dans quelques mois on en aura marre ?
Moi, je n'exploite pas un sujet à fond pour en choisir un autre après. Bon, sauf pour le sujet du haut potentiel. Mais on va pas chipoter.En revanche, ça a été compliqué de faire des choix pour les études. Ma psy m'a dit que c'était à cause "de mes capacités intellectuelles". En vrai, je ne sais pas. Mais mon parcours vers la décision finale est plutôt comique, du coup je vous en parle.
Quand j'étais petite, j'avais une imagination assez productive. Vraiment. Genre... Vraiment. Et quand j'ai su parler, j'en ai fait profiter à tout-le-monde. On pouvait plus m'arrêter. J'étais vraiment à fond. Je piochais des idées à droite à gauche. Dans les histoires que ma maman me lisait, dans les Disney, pis dans ma tête tout simplement je crois. Mon personnage préféré, c'était Peter Pan. J'ai décidé très tôt que je ne voulais pas grandir.
Et puis je suis arrivée à l'école, et j'ai appris à lire. Et je me suis totalement perdue dans mes bouquins. Je n'allais à l'école que pour la récréation et les évadées qu'elle me permettait. Je crois que j'ai fuit la réalité plus loin que personne. Pour vous donner une idée, j'ai englouti les trois premiers Harry Potter en quelques jours, et je faisais tellement que ça que je n'arrivais plus à dormir la nuit. Et comme j'avais très peur de ne pas arriver à dormir, j'ai piqué une crise énorme. Mes parents m'ont confisqué mes livres. Ce qu'ils ne savaient pas, c'était que j'avais un exemplaire de La coupe de feu sous mon oreiller...
Cette imagination, elle se voyait aussi quand je jouais avec les autres. Vous connaissez la passion principale des petites filles autour du CE1 ? Ce sont les chevaux. Et elles adorent galoper dans la cours en troupeau, hénissant comme de fiers mustangs ... Pitié ! Je déteste les chevaux ! Qui aimerait ressembler à ces faibles équidés qui bouffent de l'herbe et de l'avoine à longueur de journée ? Personne n'a dit à ces gamines que leur poney préféré ne tiendrait pas un mois dans un monde sans hommes ?
Bah, du coup, moi, j'étais un guépard (130 km/h max) ou un jaguar (j'avais lu qu'il pouvait bouffer un anaconda et qu'il était considéré comme une divinité par certaines civilisations). Voilà. Au moins, je jouais avec elles.
D'ailleurs, c'est autour du CE1 que j'ai commencé à dessiner. J'avais ma revanche à prendre sur quelqu'un, du coup... J'aimais beaucoup ça, et je progressais seule, mais vite. Bon, côté technique, c'était la merde, mais, comme me l'avait dit un prof d'art plastique à l'époque, "la sensibilité est là". En même temps, j'ai commencé à écrire des poèmes et des nouvelles. J'ai même gagné un concours d'écriture (d'ailleurs j'assume pas la photo sur internet). Là ça se voit pas, mais je vous assure que je sais écrire syntaxiquement parlant correctement.
Bon, du coup, dans la tête de tout le monde, j'étais une littéraire en puissance.
Et puis je suis arrivée en sixième. Et là, ben il a bien fallu que je sorte de ma bulle, parce qu'on a pas vraiment le choix. Ça a été compliqué (on a déjà parlé de l'intello coincée) mais du coup ça m'a forcé à m'intéresser au monde autour de moi. Mais comme je ne me soupçonne pas hp pour rien, c'est parti un peu trop loin et j'ai commencé à poser des questions bizarres. La dernière en date est "peut-on fondre ?" Mon père m'a dit non. Mes parents appellent ça des questions à la con. Bon c'est vrai qu'en théorie, je pourrais chercher sur Internet ou dans les bouquins. Mais ça prendrait trop de temps, du coup je les pose autour de moi. Heureusement, mes amis sont toujours très contents qu'on formule un débat. En plus, j'en ai qui pose des questions au moins aussi cheloues que les miennes (n'est-ce pas ?). Comme j'avais des bonnes notes en maths physique et SVT (En français aussi, MAIS IL FALLAIT QUE JE TROUVE UNE ORIENTATION, OK ?), mes parents en ont déduit que j'appartenais finalement à la caste des scientifiques. Ça les arrangeait : c'est plus facile de trouver un métier comme ça ! Et j'étais d'accord avec eux, alors je suis partie dans la filière S.
Donc jusque là, si vous suivez, je suis passée par les cases L, artiste-avec-un-crayon, et S. Mais c'est pas fini !!!
En seconde, je suis allée chez l'ostéopathe. Et pendant qu'elle me remettait les os en place, elle m'a demandé ce que je voulais faire plus tard. Je savais pas. Elle m'a dit qu'elle, elle savait. Alors j'ai voulu savoir. Mais elle m'a dit que je saurai plus tard. Mais j'ai insisté. Alors elle m'a dit que ce serait sans doute dans le social, avec des GENS. Parce que j'étais perpétuellement sous tension, ce qui trahissait une forte sensibilité aux autres.
J'avoue, avec ma mère on s'est un peu moqué d'elle. Moi, avec des GENS ? Ça va bien ? Je savais pas ce que je voulais faire, mais j'étais bien au courant de ce que je voulais pas faire DU TOUT.
Et ben, en apprenant que je pouvais potentiellement être HP, j'ai développé un immense respect pour cette femme. Parce que c'est elle, la première et la seule, qui ait détecté mon hypersensibilité et mon empathie. C'est pour ça que je sais pas être fondamentalement méchante. Même moi je savais pas !
Par la suite, j'ai appris qu'en général, quelqu'un de HP a une relation particulière à l'autre, soit de compassion du fait qu'il ressent ce que l'autre ressent, soit d'amertume (ça veut rien dire mais je sais pas comment dire) parce que sa sensibilité l'a fait se faire bousillé par les autres. Enfin bref, apparemment, on est prédisposé à bosser sur les gens et avec eux.
C'est dingue quand même... Vous vous rendez compte ? Cette dame, elle a deviné tout ça rien qu'en effleurant mon crâne ! Incroyable...
M'enfin, sa déduction ne va pas me faire changer d'avis, parce que maintenant, je sais ce que je veux faire : du dessin pour raconter des histoires. De la BD ou de l'animation, en gros. Parce que c'est ce qui me plaît le plus, finalement, et c'est un domaine où chacun peut réussir à sa manière. On invente. Les sciences, j'aime bien ça, mais il faut des bases, et au fond, quand on propose quelque chose, soit ça existe, soit non. On découvre.
Je sais que je vais faire polémique, ça donne matière à réflexion, mais c'est vraiment pour ça que je me détourne d'une potentielle carrière de chercheuse ou d'ingénieur. Parce que je ne pourrais jamais être la meilleure, alors que dans les histoires, on ne vous demandera jamais d'être le meilleur.
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RandomJ'avoue, j'avais pas d'idée pour le titre. Ça peut s'apparenter a un Rantbook. Je suis trop honnête.