numéro un

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Ça va me tuer, je le sais. C'est une certitude. Mais malgré les images de mes deux pauvres poumons en décomposition et les avertissements du médecin qui résonnent dans ma tête, je tire une grosse taffe sur ma cigarette.

J'enfile un sweat, mon casque et saute sur ma moto qui m'emmène jusque chez Oli. Cet étrange prénom appartient à la personne qui se rapproche le plus de ce qu'on pourrait appeler un meilleur ami. Il est là depuis aussi longtemps que je puisse m'en souvenir. On en a fait des conneries tous les deux. On a grandit côte à côte. C'est plus qu'un meilleur ami, c'est mon frère.

J'entre sans même sonner, embrasse Nathalie, sa mère, et monte les escaliers quatre à quatre jusqu'à la chambre du seul homme de cette maison.

En entendant la porte s'ouvrir, il lève sur moi des yeux faussement enragés.

-Qu'est-ce que t'as foutu, Cass ?

Je lui lance un regard désolé et un haussement d'épaules.

-T'as tout acheté, lui demandais-je.

-Évidemment, pour qui tu me prends, ironise-t-il.

On se pose sur son lit en fumant, en parlant et en écoutant un vieux vinyle des Smiths car on doit attendre que sa mère nous laisse la maison pour pouvoir commencer à tout préparer pour la soirée de ce soir qui va se dérouler ici, chez Oli.

Quand enfin arrive 19h00, nous commençons à enlever les meubles et affaires fragiles se trouvant dans le salon et la cuisine d'Oli pour éviter la casse. Nous installons la piste de danse improvisée, la nourriture mise à disposition pour les personnes qui auraient un creux et surtout l'alcool. Beaucoup d'alcool. Trop d'alcool. Toujours trop d'alcool.

À 20h30, le premier retentissement de sonnerie se fait entendre. Oli et moi nous levons donc du canapé afin d'aller ouvrir aux premiers invités.

-Salut Oli, dit une fille du lycée d'un ton très enjoué.

Elle me détaille de la tête aux pieds avant de me cracher un "salut" du bout des lèvres.

Oli me serre un peu plus la main qu'il avait prise quelques secondes avant. C'est sa manière de me soutenir et de me signifier qu'il est là.

Les autres arrivent petit à petit et à 21h00 une trentaine de personnes sillonnent la pièce en attendant qu'une bonne ambiance se mette en place, que les gens se lâchent et qu'enfin, chacun puisse s'amuser.

Oli, le roi des soirées d'enfer décide donc de prendre les choses en mains en mettant de la musique entraînante et en déclarant " que la fête commence". Il se croit vraiment dans un film américain. Mais ça à l'air d'avoir de l'effet puisque des cris résonnent des quatre coins de la maison et, en effet, la fête commence.

Alya, Martin et Isaak, les amis avec qui je passe la majeure partie de mon temps, passent le seuil de la porte, m'arrachant le premier vrai sourire de la soirée.

Je les prends chacun a leur tour dans mes bras durant de courtes étreintes avec lesquelles je ne suis pas à l'aise.

Étrangement, Alya ne ferme pas la porte derrière elle. Je comprends pourquoi quand je vois quelqu'un d'autre apparaître.

Je ne crois pas le connaître. Ses cheveux bruns, ses yeux tout aussi foncés et son anneau au nez ne me disent rien.

Il est plutôt mignon. Même très mignon. Trop mignon.

-Oscar, je te présente Oli, c'est chez lui qu'on est, précise Alya.

Ils se serrent la main avec un sourire poli.

La fille qui crééait les nuagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant