La fille qui crééait les nuages

numéro treize

"Je m'en veux" m'a-t-il écrit.

Alors je lui ai répondu que moi aussi. Moi aussi je lui en voulais.

"Je suis désolé" m'a-t-il envoyé.

Alors je lui ai répondu que moi aussi j'étais désolée. Désolée que ça ne puisse pas marcher entre nous.

"Pardonne-moi. Et recommençons tout à zéro, Cassiopée" a-t-il insisté.

Mais cette fois Oscar, je ne t'ai pas répondu.

Durant ce poème que tu m'as lu ou encore lorsque tes bras se sont enroulés autour de mon corps, j'y ai cru.

J'ai cru que peut-être nous allions pouvoir s'attacher l'un à l'autre. Peut-être même tomber amoureux. Et tout ça sans se faire du mal. Enfin pas trop.

Et puis elle est arrivée. Elle a dit des choses. Ton regard m'a confirmé que ces choses n'étaient pas des mensonges. Ces choses que tu lui as murmuré dans le creux de l'oreille hier soir étaient des mots que tu aurais pu m'adresser ce matin. Peut-être même que tu lui as dit les mêmes choses qu'à moi. Et puis si ça se trouve, ce poème, il était pour elle la nuit durant laquelle elle était ton amante.

Alors au lieu de subir les brûlures que m'infligeait ton regard sur moi, je suis partie, vous laissant tous les deux comme des cons.

Il est 4h34. Mes yeux refusent de se fermer, mon corps de fatiguer, mon cerveau de tourner à toute vitesse, mon cœur de brûler. Mon âme aussi refuse de s'abstenir de souffrir.

Ce n'est pas Oscar qui me blesse. Non c'est vrai, je ne suis pas amoureuse de lui, nous n'avons jamais été ensemble, nous n'avais jamais partagé une nuit d'intimité.

Non, je crois plutôt que les blessures que je subis sont dues à ma conscience qui me crie que j'ai été naïve, que jamais je ne ferai confiance à nouveau.

Je me suis empêchée de vivre une quelconque histoire d'amour depuis dix-sept ans pour me protéger. Car je savais pertinemment que laisser quelqu'un t'aimer et le laisser savoir que tu l'aimes en retour c'est lui donner les clefs pour briser ton cœur.

J'ai été stupide en me faisant presque avoir par cette personne qui ne me mérite manifestement pas mais ça n'arrivera plus.

Le temps guérit toutes les blessures. J'ai donc juste à attendre que ça passe.

Ça passera.

Ça passera.

Ça passera.