numéro huit

12 1 12
                                    

Isaak est le premier à sortir de la voiture, accompagné de prêt par sa mère qui lui fait un dernier briefing sur le déroulement du weekend. Je n'entends que des brides de la conversation qui me suffisent pour savoir que mon ami ne passe pas un excellent moment.

Sa mère l'agresse à coup de "si ça se passe mal tu peux dire adieu à..." et de "t'as intérêt à pas faire de la merde, Isaak".

La manière qu'elle a d'appuyer sur le prénom de son fils me fait froid dans le dos.

Après l'avoir prévenu pour la troisième fois de la journée, sa mère se tourne vers nous.

-Bon, je viens vous chercher Dimanche en début de soirée. Pas de bêtises et amusez-vous bien.

Elle fait une bise à chacun de nous avant de monter dans sa voiture et de disparaître dans le paysage sauvage.

-C'est parti pour deux jours de folie, s'écrie Alya comme une hystérique.

Nous rions tous en nous dirigeant vers le perron de la grande maison typique de la région.

Je découvre un intérieur très chaleureux et spacieux.

La nuit commence déjà à faire son apparition, nous mettant dans une ambiance de fête.

Martin connecte son portable à l'enceinte que j'ai emmenée et lance l'album Caress your soul des Sticky Fingers.

Isaak et moi échangeons un sourire étincelant à l'entente des premières notes du titre "Kiss The Breeze".

Notre amour pour ce groupe ne fait qu'accroître au fil du temps.

-Tu gères trop, Martin !

Il me lance un sourire complice en se mettant à danser sur le rythme enivrant de la musique qui résonne dans toute la maison.

Je regarde tous mes amis tour à tour et je réalise que je ne pourrai jamais en avoir de meilleurs qu'eux. Je réalise à quel point il représentent une immense partie de ma vie.

On est tous les six assis autour de la table en marbre de la pièce principale. On se raconte des anecdotes tout en dégustant les quelques bières qu'on a emmenées dans nos valises.

Le ventre de tout le monde commence à crier famine. La pizza est donc notre remède.

Alya prend la direction de la musique et cela se fait grandement entendre puisque le registre change totalement.

Une musique d'un rappeur français que je ne connais pas se fait entendre dans la pièce.

Je n'écouterais pas ça seule, dans ma chambre, mais ce n'est pas désagréable à écouter et cela met une bonne ambiance.

J'ai l'habitude d'entendre du rap car la majorité de mes amis n'écoute que ça. J'en viens donc à connaître certains de ces titres par cœur.

Tout le monde, sans exception, se met à chanter quand c'est au tour de "Juste pour voir" de S. Pri Noir et Nekfeu de se faire entendre.

En temps normal, j'aurais honte de chanter - ou plutôt rapper, à tue-tête ce genre de musique mais je profite simplement d'un moment en or avec les personnes qui me sont le plus chers au Monde.

Nekfeu est l'un des seuls rappeurs français que j'écoute sans l'influence des autres. Il a timbre de voix que je prends extrêmement de plaisir à écouter et il est sans hésitations le plus talentueux quant à l'écriture.

Je le considère comme un réel poète.

Je passe une merveilleuse soirée. Ce genre de moments me fait du bien : pas d'alcool à flot, uniquement des personnes que j'aime, de la bonne musique, de la bonne bouffe, des merveilleuses conversations et une ambiance magique.

Alya me tire jusqu'à un espace libre dans la pièce et nous commençons à danser comme des folles sous les regards amusés des garçons.

J'essaie d'ignorer les images de mon agression qui voilent ma vision. Je ferme les yeux en espérant chasser ces mauvais souvenirs, en vain.

Alya me lance un regard inquiet, s'arrêtant tout à coup de danser.

Elle sait ce qui traverse mon esprit farfelu.

Elle m'adresse un sourire désolé et me prend chaleureusement dans ses bras fins.

Me sentir entourée et aimée me réchauffe le cœur. Ce sentiment n'est pas souvent le bienvenu dans mon cœur mais quand il l'est, je ne suis que bonheur.

À 1h00, nous sommes tous fatigués à cause de la semaine de cours que nous venons de subir.

-Qui dort avec qui ?

Alya et Oli courent dans la chambre dotée du plus grand lit de la maison.

On voit que mon meilleur ami avait envie de dormir avec moi...

-Je me mets avec Isaak et vous vous mettez ensemble, ça vous va, demande Martin.

Je ne réponds rien mais me dirige simplement vers la chambre que je vais partager avec Oscar pendant 2 nuits.

Ça a déjà été le cas pendant une semaine entière mais je ne peux m'empêcher de ressentir quelque chose face à cette idée.

-Je dois me changer, commencé-je. Tu peux te retourner s'il te plaît ?

Ses lèvres s'étirent en un léger sourire tandis qu'il se retourne en se cachant les yeux théâtralement.

Je me dirige rapidement vers mon sac détenant le t-shirt que j'ai pris pour dormir.

Je me change en vitesse pour me retrouver uniquement en t-shirt et en culotte.

C'est en me retournant que je deviens folle : Oscar s'était retourné vers un miroir. Il pouvait, par conséquent, me voir nue - ou presque.

Je me jette sur lui, en furie.

Il ne semble pas apeuré le moins du monde puisqu'il se contente de rire aux éclats en me plaquant sur le lit. De ce fait, il se retrouve sur moi qui suis allongée, les bras au dessus de ma tête.

On se regarde sans rien dire jusqu'à ce qu'il pousse un juron en s'écartant brutalement de moi.

Qu'ai-je fait ?

C'est en baissant les yeux sur son corps parfaitement proportionné que je remarque une bosse au niveau de son entre jambe.

Je remonte mon regard jusqu'au sien qui est fuyant. Au lieu de faire comme si de rien n'était afin de ne pas le gêner, je me mets à éclater de rire en me tenant le ventre.

Il me maudit du regard en se glissant sous la couette que nous allons partager.

La fille qui crééait les nuagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant