La fille qui crééait les nuages

numéro trois

Je me réveille sans vraiment comprendre ce qu'il m'arrive. Je me sens bidonnée et ma tête tourne affreusement.

Le corps allongé à côté de moi me fait faire un saut.

La tête plaquée au sol, le rire d'Oscar résonne dans la chambre.

On est entrain de se gaver de toute la nourriture qui nous passe sous le nez quand Oscar fait une chose qui me surprend tellement que j'en reste bouche bée.

Il enlève son t-shirt, dévoilant une peau tailladée et mutilée, tout comme la mienne.

Ma bouche s'ouvre mais aucun mot ne s'en échappe.

À ce moment-là, je ressens tellement de sentiments.

Explosion d'émotions.

Et puis sans qu'aucun de nous ne s'y attende -surtout pas moi, je m'effondre au sol en pleurant comme jamais je n'ai pleuré.

Mais qu'est-ce qu'il m'arrive, bon sang ?

Il s'abaisse à mon niveau et me serre simplement dans ses bras jusqu'à ce que je me calme.

On ne s'est échangé aucun mot mais on a compris tellement de choses.

Oscar qui paraît si heureux, qui semble avoir une vie idéale est en réalité un être torturé. Torturé au point d'exprimer toute sa rage en s'arrachant le corps et le cœur en lambeaux.

-Et avant que tu ne poses la question, il ne s'est rien passé cette nuit entre nous.

Changement de sujet effectué avec facilité.

-Oh, non, évidemment. Tu t'étais déjà vidé les couilles dans Mina.

Il me regarde outré.

-Oh, fais pas le choqué, je t'en pris. T'es parti on-ne-sait-où pendant trois quarts d'heure avec elle. Elle est revenue rayonnante. Faut pas être un génie pour faire le rapprochement.

-Tu m'espionnes maintenant, rit-il. Serais-tu jalouse ?

Je le regarde avant d'éclater de rire. Il m'interroge du regard.

-Pourquoi je serais jalouse ?

Je ne sais pour quelle raison, mais je crois apercevoir une lueur de déception dans son regard brun.

-T'aurais pas pu me rappeler plus tôt, crie Oli dans le combiné téléphonique.

-Mon portable n'avait plus de batterie. Et c'est bon, je suis pas morte.

Il soupire et je sais sans le voir qu'il se passe la main dans ses cheveux.

-Vous avez fait quoi avec Oscar ?

-Quoi "qu'est-ce qu'on a fait" ? Qu'est-ce tu veux qu'on ait fait. On a dormi, point.

On parle quelques minutes encore et puis je décide de raccrocher pour rattraper le sommeil dont j'ai besoin.

Je suis réveillée par les gémissements de ma mère. Encore un moins que rien de passage qu'elle se tape.

J'en peux plus. Mes clopes, mon portable accompagné de mes écouteurs feront l'affaire. Je sors et me pose dans un coin légèrement glauque mais calme alors ça me va.

J'enfonce mes écouteurs dans mes oreilles et lance Waves de Dean Lewis et le sens des paroles auxquelles je n'avais jamais vraiment prêté attention me frappe soudainement.

"Une tempête se prépare
Et je me retrouve coincé en plein milieu de tout ça
Et ça prend le contrôle
De la personne, que je pensais être."