numéro onze

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Est-ce je pense trop ? Cette question trotte dans ma tête depuis des heures. J'ai toujours pensé que réfléchir était une bonne chose mais là, allongée sur mon lit en écoutant du Scorpions, ça me bouffe de l'intérieur.

J'en ai assez de passer mon temps à être déçue des gens qui m'entourent. J'avais, au fond de mon être, l'espoir qu'Oscar échappe à la règle mais je me suis, encore une fois, fait de faux espoirs.

Il est évident qu'il joue avec mes sentiments - que je ne peux réprimer- et qu'il n'a jamais eu l'intention de construire quoi que ce soit avec moi.

Comme un signe du destin - ou du karma ou quelque entité s'acharnant sur mon être - le célèbre morceau Still Loving you joue ses premières notes dans le silence des quatre murs de ma chambre. Chambre que je trouve, à cet instant précis, étouffante.

Je lance une playlist de classique au piano et sort un livre de ma bibliothèque bien garnie. La lecture et la musique sont, séparément, deux moyens que j'ai pour m'échapper de ma réalité monotone. Mais quand je les fusionne, ce qu'il se passe dans mon corps et mon âme est encore plus  sensationnel. 

J'ouvre donc Aussi loin que possible là où j'en étais restée. Éric Pessan, à travers ses mots et l'histoire qu'il me conte, ne fait qu'accroître l'envie, toujours présente au fond de moi, de fuir la vie que je mène. Une vie qui m'ennuie et qui me fait rêver d'aventures, de peur, de rencontres et d'amour.

J'avale la fin l'ouvrage en quelques dizaines de minutes et voilà que les pensées que je n'arrive pas à faire taire se remettent à hurler dans ma tête.

Parfois j'aimerais simplement que tout cesse, que ces voix qui résonnent dans ma tête à m'en bouffer la vie se taisent pour toujours.

D'autres jours, je me rends compte de l'opportunité que j'ai d'être en vie et la seule chose que je souhaite est de profiter de cette dernière.

Étrangement, aujourd'hui appartient à ces deux catégories.

Quoi que tu te dises (je te sens venir), je ne passe pas mes journées à me morfondre sur une infime histoire sentimentale - si on peut vraiment appeler ça comme ça.

Non, c'est même bien loin d'être le cas. J'essaie d'oublier que j'ai failli m'attacher à un garçon qui aurait eût le pouvoir de me détruire. Heureusement, la carapace que j'ai mis des années à bâtir me protège.

Et lorsque j'arrive à oublier cet étrange garçon pour ne serait-ce que quelques minutes, des pensées bien plus sordides et profondes prennent le contrôle de mon esprit.

Elles m'envahissent et me font envier les instants à regretter Oscar qui paraissent doux à côté.

Ce dernier ne m'a pas donné signe de vie depuis plusieurs jours. Sans raison.

Du grand Oscar.

Je crois que jamais je n'arriverai à cerner ses pensées.

Pour quoi ou pour qui son cœur bat-il ?

Qu'est-ce qui le fait vibrer ?

Le sait-il lui-même ?

Les jours passent et un sentiment prend vie en moi. Au départ il se fait timide et n'ose pas sortir du fond de mon âme.

Puis, petit à petit, ce même sentiment prend une place importante dans mes journées.

Ces derniers jours ont été affreux et ce sentiment d'abandon et de solitude qui ne fait qu'accroître ne veut pas lâcher la prise qu'il sert entre ses dents.

Cette prise, c'est mon cœur.

Je me suis rarement sentie aussi seule que maintenant alors que je suis entourée d'Oli et Isaak qui ne semblent pas remarquer mes récents changements d'attitude.

La fille qui crééait les nuagesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant