Chapitre 2 - On commande ?

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Quelques jours plus tard, Guillaume se réveilla avec ce même sentiment de lassitude et que toute sa vie était inutile. Il resta longtemps dans son lit à contempler le plafond, n'ayant aucune envie de quitter les draps chauds de son lit pour braver le froid du petit appartement. Il se résigna pourtant en se rappelant qu'il avait un rendez-vous important aujourd'hui. Mais quoi ? Il soupira et se tourna afin de prendre son portable sur sa table de nuit afin de vérifier mais celui-ci ne s'y trouvait pas et il se leva en soupirant. Bordel, qu'est-ce qu'il faisait froid. C'était pas humain.

Il enfila rapidement un pull et mit des chaussettes de sport afin de se déplacer jusqu'au salon où il avait dû laisser son portable la veille sans se transformer en glaçon dans les prochaines secondes. Il se dirigea vers son sac et fouilla précipitamment dans celui-ci avant d'enfin trouver l'objet qui l'intéressait. Il s'affala lourdement sur le petit canapé et ramena la couverture qui traînait sur l'accoudoir de celui-ci pour se recouvrir avec et essayer de se réchauffer un minimum. Il appuya sur son agenda dématérialisé et regarda à la date d'aujourd'hui. Rien. Pourtant... il était sûr d'avoir un rendez-vous, non ? Peut-être dans la semaine ? Il regarda rapidement aux autres jours et soupira en se rappelant enfin. Il avait un rendez-vous à Pole-Emploi dans deux jours, jeudi. P.E. Très intelligent de l'avoir noté comme ça hein, pensa-t-il en lui-même avant de se lever, la couverture toujours par-dessus ses épaules, pour aller se recoucher dans son lit. Lorsqu'il s'allongea, il pensa avec joie qu'il n'avait rien à faire pour les deux prochaines journées et qu'il pouvait ainsi se terrer chez lui, sans avoir à adresser la parole à qui que ce soit. Il ouvrit les yeux en se disant qu'il était décidément devenu anti-social. Agoraphobe ? Ou misanthrope encore ? Il soupira tristement. C'était pas ça mais... mis à part quelques élus, il ne supportait plus les gens. Leur stupidité, leurs conversations stériles, leurs faux-semblants pour faire croire qu'ils étaient heureux... On est tous dans le même sac, pensa-t-il amèrement, le bonheur n'existe pas. Ce n'est qu'une illusion. Seul l'amour peut-être peut encore nous sauver. Et encore. S'il existe.

Il pensa brièvement au papier de Claude, toujours dans la poche de son pantalon, et se redressa sur son oreiller. Les gens sont tellement tristes et malheureux dans leur vie qu'il leur faut ça. Un faux-semblant de relation, d'amitié, d'amour... Comme ces robots. Ah, ils doivent s'en mettre plein les poches ces gens-là vu l'époque dans laquelle on vit ! Il hésita puis se leva, allant chercher le papier. Il le déplia et le regarda en réfléchissant. Après tout, je ne suis pas mieux qu'un autre. Moi aussi, je suis malheureux. Je peux essayer. Ça ne coûte rien d'essayer... Je peux toujours me faire rembourser si jamais je ne suis pas satisfait. Et au pire, si c'est une arnaque, je me serais fait prendre comme un idiot. Il sourit en exhalant un petit rire sans joie et alla chercher son ordinateur dans le salon, puis vint se rasseoir sur son lit afin de commencer à regarder sur le site.

***

C'est fou le nombre de détails qu'on pouvait choisir. Que ce soit sur la personnalité ou sur le physique. Il se rappela brièvement que Claude lui avait dit que plus détaillée était sa commande et plus chère elle sera. Il haussa les épaules en se disant que de toute façon, il faisait ça pour s'amuser. Il la rendrait sûrement au bout de quelques jours à peine, étant déjà ennuyée de ce nouveau produit. Parce que c'est ce que c'était, non ? Un produit. Une béquille pour avancer dans la vie, comme il était écrit sur le site ? Non, une vente de sentiments pure et simple pour les gens en manque d'amour. Ou pour ceux qui avait une vie sociale de merde. Il se demanda s'il faisait partie de l'une ou l'autre catégorie, ou peut-être même les deux. Puis il secoua la tête, repoussant cette idée dans le fond de son esprit. Non. Lui, il voulait juste expérimenter. S'amuser, en somme. Ce jeu rendrait sa vie un peu moins lourde à supporter, même si ça n'était que pour quelques jours à peine.

Il vérifia la commande, les détails qu'il avait choisi et se prit à se moquer de lui-même mentalement. Il n'était pas très novateur en somme. Grande, blonde, yeux bleus, douce et compréhensive... pour ne citer que les premiers détails qu'il avait entré de sa future poupée. Il ne devait pas être le seul à avoir choisi ce modèle, si modèle il y avait. Il leva les yeux au ciel en voyant le prix et se reprit. Tant pis, il avait bientôt rendez-vous à Pole-Emploi, non ? Puis il se ferait bientôt rembourser alors... Il rit intérieurement en se faisant la remarque qu'il ne l'avait pas encore achetée qu'il pensait déjà à la rendre et appuya sur le bouton pour finaliser son achat.

Commande passée. Arrivée sous les prochaines 48h.

Il resta un instant pensif puis se mit à chercher une série à continuer dans son ordinateur, afin de tuer – littéralement – le temps.

Fiction OrelxGringe - Orel.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant