Quand ses amis arrivèrent, il leur présenta son plus beau sourire et il vit à leurs têtes qu'ils ne s'attendaient sûrement pas à le trouver ainsi. Ils devaient le croire à moitié mort, tombé dans la dépression ou l'alcool, au vu de sa dernière discussion avec Claude avant de ne plus donner signe de vie. Puis ils firent une autre tête perplexe lorsqu'il leur présenta Orel. Ce dernier les salua poliment, un petit sourire timide sur le visage, et il fondit intérieurement en le regardant.
« Mon colocataire. » expliqua-t-il à ses amis et il vit à leurs regards qu'ils ne le croyaient pas pour un sou.
Ils prirent l'apéro tous ensemble et il vit les regards suspicieux et moqueurs que s'échangeaient Matthieu et Ablaye mais il s'en foutait royalement. Tout ce qui comptait c'était qu'ils étaient là, ensemble, à bavarder dans la joie et la bonne humeur.
À un moment de la soirée, la sonnette retentit et Ablaye soupira :
« C'en est fini du calme. Voici la tempête ! »
Orel lui lança un regard interrogateur lorsqu'il se leva pour aller ouvrir et il lui fit un clin d'œil voulant dire t'es pas prêt pour ce qui arrive.
À peine Claude fut-il entré dans le petit appartement, un grand cri enthousiaste se fit entendre et Guillaume revint dans le salon en rigolant, Claude sur ses talons.
« Mais y a quelqu'un que je ne connais pas ici si je ne m'abuse ! » s'exclama son ami en fixant Orel, qui était assis sur le canapé de l'autre côté de la pièce.
Orel lui lança un regard paniqué, ne sachant pas quoi répondre à ça, et il lui sourit tendrement avant de se rasseoir à ses côtés et de poser une main sur son dos.
« Salut p'tite tête, moi c'est Claude, se présenta ce dernier d'une voix enthousiaste en s'approchant d'Orel. Deuklo pour les intimes. T'es un intime à partir de maintenant, tu l'auras compris. D'accord ? dit Claude en se penchant vers Orel pour le serrer dans ses bras.
— T'inquiète Orel, rit Guillaume en le voyant se tendre, pris au dépourvu. Il est complètement timbré. Fou, si tu préfères... se reprit-il en voyant son regard perdu.
— T'as le moindre problème, tonton Deuklo est là pour te le résoudre. Je suis là si t'as un souci. Ok p'tite tête ? Tu m'as bien compris ? demanda Claude en se redressant, sans même prendre le temps de répondre à Guillaume qui l'avait traité de fou.
— Euh... d'accord... balbutia Orel qui semblait complètement perdu.
— Super, on est sur la même longueur d'onde alors ! dit Claude en s'asseyant à côté d'Ablaye qui se tenait la tête dans les mains, sûrement embarrassé des inepties de Claude. Eh poupée, c'est quoi ton nom déjà ? demanda alors Claude à Orel qui avait l'air de plus en plus mal-à-l'aise et Guillaume se redressa en entendant comment il l'avait appelé.
— Claude ?
— O-Orel... répondit Orel à ses côtés en se rapprochant de lui.
— Orel... C'est un joli nom pour une poupée... dit Claude en se perdant dans ses pensées.
— Claude ! s'écria Guillaume en se levant tout à coup. Toi, moi, cuisine ! Tout de suite !
— Ben quoi ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? demanda Claude en se tournant vers Ablaye et Skread à ses côtés.
— T'es encore bourré ? lui demanda Skread.
— Ben nan, même pas. »
Guillaume l'attrapa alors par le bras et le tira derrière lui jusqu'à la cuisine. Il eut à peine le temps d'entendre Skread rassurer Orel en lui expliquant que Claude était toujours aussi lourd et que ça n'avait rien à voir avec lui avant de claquer violemment la porte de la cuisine derrière lui.
« Ben qu'est-ce qu'il t'arrive, ma biche ? lui demanda Claude d'un air surpris en haussant les sourcils.
— Poupée ? dit Guillaume lentement, haussant les sourcils à son tour.
— Ben ouais, c'est la poupée non ? dit Claude sur le ton de l'évidence.
— De quelle poupée tu me parles là, Claude ?
— Ben de celle de Robotix. La boîte dont je t'ai parlé la dernière fois.
— Attends, dit Guillaume en faisant un pas en arrière. Comment tu as su que c'était un robot ?
— Ben j'sais pas, mon pote. J'te parle de ce truc et ensuite tu disparais pendant des jours entiers sans donner de nouvelles. Y'a des connexions qui se font là-haut, quoi. »
Guillaume le regarda d'un air dubitatif, les bras croisés sur le torse. Il pouvait pas être aussi intelligent quand même ? Il savait que Claude avait par moment des éclairs de lucidité mais là, c'était trop.
« Et c'est tout ?
— Bah j'ai vu son bracelet argenté aussi. Et je me suis rappelé que l'article que j'avais découpé parlait d'un bracelet ou je sais plus quoi avec leurs prénoms gravés dessus.
— Je vois... Et ça te dérange pas ?
— De quoi ? dit Claude en fronçant les sourcils.
— Ben que ça soit un mec, dit Guillaume sous le ton de l'évidence, détournant le regard un instant, embarrassé.
— Nan, j'en ai rien à foutre pour tout te dire, dit Claude en haussant les épaules. Puis je pense que tu vas me raconter l'histoire un jour ou l'autre, à moitié bourré dans un bar. Donc je m'en fais pas trop pour ça.
— C'est pas un robot comme les autres, Claude. Il est spécial, dit Guillaume d'un air sérieux.
— Oh ça, je n'en doute pas... Pour que tu le choisisses lui parmi tant d'autres. Parmi des tas de bonnes meufs... »
Guillaume rit et lui donna un coup de poing sur l'épaule affectueusement. Il se tourna vers la porte pour sortir de la cuisine puis jeta un coup d'œil à son ami par-dessus son épaule :
« Au fait, Claude... L'appelle pas poupée. Ça le met visiblement mal-à-l'aise.
— Ok, chef. À vos ordres, chef. » répondit Claude en portant sa main à son front et faisant un signe militaire.
Guillaume rit de nouveau puis sourit en secouant la tête avant de se diriger vers le salon. Quel idiot.