« Bon, voilà Orel... Ce que j'ai à te dire ce n'est pas très marrant...
— Dis-moi, dit gentiment le robot en lui offrant un petit sourire. Qu'est-ce que c'est ?
— Je sais pas trop comment te dire ça...» dit Guillaume en cherchant ses mots.
Il regarda autour de lui les meubles du salon où ils étaient venus s'asseoir après avoir mangé afin de trouver une chose à laquelle se raccrocher et éviter à avoir à voir l'air triste d'Orel quand il lui dirait la vérité. Mais c'était peine perdue. Il poussa alors un long soupire et agrippa l'accoudoir de son vieux fauteuil en cuir avant de se tourner vers le robot.
« Voilà... Tout ça... n'est qu'une erreur.
— Une erreur ? répéta Orel en fronçant les sourcils.
— Oui, une erreur.
— Comment ça ? demanda le robot en affichant un air confus. Tu n'as pas commandé de robot ?
— Si, si, bien sûr que si... bafouilla-t-il en se passant une main derrière la nuque d'un air embarrassé. Mais juste... pas toi, quoi...
— Oh... répondit seulement Orel, semblant comprendre tout à coup ce qu'il impliquait par là. Je vois... Tu avais commandé... autre chose ? »
Guillaume tiqua légèrement en l'entendant s'appeler lui-même une chose.
« C'est... Oui... dit-il, légèrement perturbé par le vocabulaire choisi par le robot. Tu n'es pas vraiment ce pour quoi j'avais passé commande...
— Et... Qu'est-ce que tu avais demandé ? demanda Orel doucement.
— Une fille pour commencer, dit-il en souriant d'un air gêné au robot. Et puis, j'avais demandé qu'elle soit blonde aux yeux bleus... Et pleins d'autres détails sans importance...
— Effectivement... dit Orel en clignant des yeux. On est loin du compte. »
Guillaume haussa les sourcils en l'entendant. Est-ce qu'il venait vraiment de faire de l'humour ? Ou du sarcasme...?
« Et alors ? demanda Orel après s'être distraitement mordu la lèvre inférieure. Qu'est-ce que tu comptes faire ? »
Guillaume soupira d'un air abattu et Orel sembla comprendre.
« Tu vas me renvoyer, c'est ça ? dit le robot tristement.
— Orel, je... dit-il alors que la culpabilité commençait à s'immiscer en lui.
— Non, le coupa Orel en lui souriant tristement. Tu as le droit, c'est normal. S'ils se sont trompés sur la marchandise alors il ne devrait avoir aucun problème d'échange...
— Orel, ne parle pas de toi comme d'un simple produit, dit-il en attrapant sa main brusquement.
— Mais... C'est ce que je suis, dit le robot d'une voix surprise. Non ?
— Oui mais... balbutia Guillaume en cherchant ses mots et il resserra distraitement ses doigts autour de sa main.
— Alors il n'y a pas de problèmes, lui sourit doucement Orel. Je ne suis pas humain, Guillaume. Et puis... C'est pas la première fois que ça arrive, j'ai l'habitude.
— Comment ça ? dit Guillaume en fronçant les sourcils. C'est pas la première fois que quoi arrive ?
— Je veux dire... C'est pas la première fois qu'on me renvoie, murmura Orel en baissant les yeux. Mais je pense que ce sera la dernière.
— La dernière ? s'étonna Guillaume en lâchant doucement sa main. Pourquoi tu dis ça ?
— Je crois... que je ne suis pas censé m'en rappeler. Mais il y a eu une erreur de fabrication sûrement, entre le bouton et ça... Un robot de Robotix n'a droit qu'à trois essais en maison et s'il est renvoyé trois fois... Au bout de ces trois fois il est... Je sais pas comment dire... Détruit ? On l'enlève du marché ?