L'odeur de la fatalité [2]

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La lumière tamisé éclairé faiblement la pièce, lui conférant une atmosphère inquiétante. Une affreuse moiteur emplie d'une odeur de vieux whisky embaumé l'espace. Il s'était levé tôt pour rejoindre le bureau de celui qui se présentait comme son patron malgré sa nuit courte et agitée. La scène de la veille tournait encore dans son esprit inlassablement, lui rappelant sa lâcheté. Mais Ken ne pouvait plus reculer maintenant. S'avançant doucement dans la pièce, il resta en face du bureau en bois couverts de diverses feuilles de papier annotées, de verres vides et de traces de cendre. La tête basse, il évitait le regard de l'homme assit en face de lui qui le toisait avec un sale sourire accroché au visage.


─ Bien, voilà pour toi gamin.


Une main épaisse à la peau abimée par la dureté de la vie fit glisser une liasse de billet en sa direction. Sa récompense pour le dur labeur de la veille se tenait à quelques centimètres de lui. Le jeune homme regardait l'argent sans oser y toucher, le regard éteint de sa victime dans l'âme. Chassant cette terrible pensée, il se saisit des odieux morceaux de papier qu'il rangea dans la poche de son jean nerveusement. Un grossier rire quitta les lèvres gercées de l'homme en face de lui. Ken se sentait si sale à présent. Mais avant qu'il n'ait le temps de se flageller mentalement, il entendit la chaise racler contre le sol. Le monstre s'était relevé, contournant son bureau pour réduire la distance qui les séparait.


─ J'ai un autre boulot pour toi. Tu vas accompagner Falko, il t'expliquera ce que tu devras faire une fois sur place. Ne me déçois pas gamin, je sais que tu peux devenir un homme.


La main vint s'abattre brutalement sur son épaule, lui glaçant le sang. Le décoloré se contenta de hocher la tête fébrilement sous le rire gras qui enveloppé ses tympans. L'homme tapota alors sa joue avant de repartir en direction de son bureau.


─ La voiture t'attend dehors, tu peux disposer.


Sans demander son reste, il quitta le petit bureau sous le regard des deux hommes en noir qui montaient la garde devant la porte. Comme si un monstre pareil avait besoin de chien de garde. Soupirant, le jeune homme avança d'un pas rapide vers l'extérieur du bâtiment, traversant l'immense salle sombre insalubre qui faisait office de hall. La voiture l'attendait en effet, un homme immense adossé confortablement sur la portière de celle-ci. Falko posa son regard sur le décoloré en le dévisageant légèrement. Ses yeux azurs brillaient sur sa peau pâle, contrastant avec sa chevelure noire peu entretenus qu'il ramenait en arrière à l'aide d'une trop grosse quantité de gel. Cet homme n'était pas beaucoup plus vieux que lui, pourtant son visage dur laissait deviner un vécu peu enviable. Sans lui accorder un seul mot, il se redressa pour ouvrir la portière.


─ Monte.


Sa voix rauque était sèche et cruelle. Le décoloré avança donc en direction de la voiture pour venir prendre place sur le siège passager. A peine eut-il le temps de s'y asseoir que la portière venait de claquer violemment. Maintenant c'était certain, il se retrouvait piégé ici. Essayant de se détendre, le jeune homme s'installa plus confortablement sur son siège alors que Falko l'avait rejoins côté conducteur. Le brun démarra le contact et la voiture se déplaça doucement, dans le silence le plus total. Ken se demandait ce qu'il allait avoir à faire avec ce mec aussi jovial qu'une porte de prison. Certainement pas quelque chose d'agréable. Observant le monde qui défilait devant lui par la fenêtre fumée, il tentait de ne pas céder à la panique à nouveau.

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