L'odeur de la fatalité [3]

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Lorsqu'il ouvrit à nouveau les yeux, Ken poussa un gémissement de douleur. Son corps le tiraillait fortement. Pas une seule parcelle de son corps lui semblait en bon état. Comme paralysé par ce mal, il resta quelques secondes sans oser bouger afin d'analyser le seuil de sa douleur.

Après quelques résultats non concluant, le jeune homme vînt passer sa main sur son visage, tentant de reprendre ses esprits difficilement. Pourquoi avait-il si mal ? Il se redressa en laissant un nouveau gémissement plaintif s'échapper de ses lèvres. Il se rendit alors compte qu'il était dans la voiture de Falko. Cherchant du regard le brun, il le trouva assit sur le siège côté conducteur, un joint au bord des lèvres, l'air pensif. En apercevant le visage du décoloré dans le rétroviseur, les yeux azurs se posèrent sur ce-dernier, le toisant avec impassibilité.

─ J'ai ramené l'argent au patron.

─ D'accord.

─ Ça va mieux ?

─ J'en sais rien.

─ Tu veux que je te dépose chez toi ?

─ Ouais, je veux bien.

─ Bien. Note l'adresse là dessus.

Il lui tendit alors son gps que le plus petit saisit entre ses mains avant de s'exécuter. Ses pensées étaient encore troubles, il ne parvenait pas à se souvenir de ce qui avait pu se passer pour qu'il finisse dans un état pareil. Mais il n'osait pas poser la question au grand brun de peur que sa réponse lui fasse trop mal. Ken se sentait vide, comme si quelque chose s'était brisé en lui. Le fait de ne pas pouvoir poser de mots sur ce qui le rendait comme ça le frustrait énormément mais peut-être que la frustration n'était pas pire que la vérité à cet instant. Il rendit l'appareil au conducteur qui le déposa sur le tableau de bord avant d'allumer le contact. Le plus jeune observait le monde au travers des vitres teintées, la nuit était déjà tombée sans l'attendre et la pluie avec elle. Visiblement, il était resté endormi durant plusieurs heures. Le brun l'avait donc laissé dormir dans sa voiture, ce qui lui semblait étrange. Il aurait pu l'abandonner dans un coin, c'est d'ailleurs ce qui lui semblait le plus probable. Ken ne parvenait pas à imaginer cet homme capable d'un geste sympathique envers autrui. Il faut dire que le jeune homme ne s'était pas  vraiment montrait d'un altruisme très élevé au cours de cette journée.

Sur le trajet le silence régnait à nouveau en maître, seul les gouttes de pluie sur le pare-brise osaient se faire entendre. Le grand brun restait silencieux, mais il aperçut plusieurs fois son regard le guetter dans le rétroviseur. Cependant, le plus jeune ne saurait dire si son regard était menaçant ou non. Falko avait l'air en colère. Son visage était plus dur que ce matin lorsqu'il l'avait rencontré. Ne cherchant pas plus loin, le décoloré se laissa tomber contre le dossier de la banquette arrière, essayant de faire abstraction de la douleur qui brûlait l'intégralité de son pauvre corps.

Au bout de quelques longues minutes, la voiture s'arrêta au pied du bâtiment familier. Sans attendre, Ken ouvrit la portière pour pouvoir sortir lorsqu'une main se posa sur son avant bras. Surpris, il se retourna vers le conducteur qui affichait un air grave.

─ Demain tu peux rester chez toi, on a pas besoin de toi.

─ D'accord. Mais, comment ça se fait ?

─ Le patron a pensé qu'une journée de repos ne te ferait pas de mal.

─ Il me prend pour un faible ?

─ C'est ce que tu es.

─ Quoi ?

─ On te file une journée de repos gratuitement, sois reconnaissant. Maintenant vire ton cul de ma caisse et tire toi. Je viendrai te chercher quand on aura besoin de toi.

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