15 avril 2011

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15 avril 2011

Il y a des jours où je me demande si je ne vais pas étrangler ma mère. En guise de poisson d’avril, j’ai eu l’immense joie, bien que je ne sache pas vraiment si ce terme soit bien adéquat, d’être réveillée par la sonnerie stridente de la porte d’entrée à 6h du matin. Autant vous dire que j’avais tout de la sorcière revêche et échevelée ! Et voir la mine réjouie de ma mère en ouvrant la porte n’a pas eu pour effet d’adoucir mon humeur.

Un véritable ouragan est entré chez moi et dans ces cas là, mieux vaut prendre son mal en patience et attendre que l’orage passe. A peine ai-je ouvert cette satanée porte qu’elle commençait déjà à jacasser. J’ai tourné les talons sans dire un mot, comme d’habitude avec une pointe d’exaspération pour aller me faire une tasse de café bien corsé ! Elle avait de nouveau sa mine de chat gourmand qui rêvait d’avaler un canari. Sa voix m’a déclenché un début de migraine. Le genre de migraine qui commence en sourdine et qui monte crescendo jusqu’à vous donner envie de vous frapper la tête contre les murs.

Enfin, j’ai pris mon mal en patience et j’ai attendu assise dans la cuisine avec mon café que ma très chère mère cesse de pérorer. De son très long monologue, je n’ai retenu qu’une seule chose : elle avait une grande nouvelle à m’annoncer ! Et comme je m’y attendais, elle a de nouveau trouvé le « grand amour ». Parfois, j’ai l’impression, lorsque je regarde mes parents, d’être moi l’adulte et eux deux adolescents qui papillonnent d’une relation à une autre.

Elle m’a décrit l’homme de sa vie sous toutes les coutures, taille, âge, couleur des cheveux et des yeux, métier … Honnêtement, la seule pensée qui m’a traversée est que bientôt, elle va trouver le grand amour sur les bancs d’un lycée. A croire qu’elle et mon père font un concours. Je lance les paris. A votre avis, lequel des deux va réussi à se trouver avec quelqu’un de moins de vingt ans ? C’est démoralisant. Et, si je ne peux pas me fier au jugement de mes parents, comment puis-je faire confiance au genre humain ?

Les rares fois où j’ai tenté de me lancer dans une relation un tant soit peu, j’ai eu la possibilité de voir jusqu’où la perversité humaine peut aller.

A la minute où j’ai réussi à me débarrasser de ma mère, j’ai appelé ma soeur pour discuter. J’avais besoin de me vider la tête. La situation a vite été tournée en dérision et les rires ont fini par fuser fort heureusement et mon mal de tête s’est dissipé peu à peu sans médicament. La relation que j’ai avec mes parents ou plus exactement l’illusion d’une relation me laisse perplexe. C’est un peu fatiguant. Sans cesse devoir faire semblant. Il faudrait peut être un jour faire quelque chose mais quoi ?

Des mots, une vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant