01 décembre

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En ce beau matin de décembre, Zelyan revenait d'une petite partie de chasse en Chine. L'empire du milieu, ou l'archipel des îles villes comme on l'appelait à présent, possédait encore quelques montagnes où vivaient des tribus nomades au goût marqué mais délicieux. L'immortel s'y était rassasié avec ses fils loups et n'aspirait plus aujourd'hui qu'à digérer tranquillement. Cependant, au fil de sa course vers Woodcastle, il avait remarqué quelques éléments qui ne lui plaisaient guère. Les églises qui pullulaient depuis la fin du déluge s'étaient parées de décorations, comme toutes les villes avoisinantes. Oui, à son grand damne cet événement était déjà de retour... Noël.

Mais, lorsqu'il pénétra dans le château, Zelyan prit peur. Les lieux étaient calmes, beaucoup trop calmes.A l'approche de Noël Ereyne mettait toujours la maison en branle. Elle s'activait à sortir des milliers d'années d'achats de décoration des placards et les disposaient, à l'aide des serviteurs, partout dans les couloirs. Cependant, cette fois, rien.

Le coeur de Zelyan ne fit qu'un bond et il se précipita vers le donjon. Si rien ne se produisait c'est qu'elle était partie. Ereyne l'abandonnait une fois encore. Il courrait vérifier qu'elle avait pris des bagages, il y aurait certainement un indice sur sa destination. Elle l'ignorait, et Zelyan s'était bien gardé de lui dire, mais, sa tendance à choisir des vêtements typiques de la région dans laquelle elle se rendait facilitait grandement les recherches.

Il déboula dans leur chambre où tout était sombre. Les volets et les rideaux demeuraient clos, ce qui ne dérangea pas l'immortel outre mesure. Il commença par le dressing à l'entrée et la colère qui montait petit à petit dans son coeur s'évanouit pour un sentiment bien plus humain : la peur. Tout était à sa place, Ereyne n'avait rien pris. C'était impossible, elle ne serait jamais partie les mains vides. Une idée germa dans son esprit, aussitôt repoussée, mais qui revint en force.

Non... Personne n'aurait pu, à moins qu'elle ? Non, elle n'était pas si faible, elle n'était plus si faible... Ou bien ? Non, personne ne pouvait pénétrer le château. Bon peut-être Seth, mais il n'aurait jamais fait cela... Ou si ?

Zelyan convint que c'était de l'ordre du possible et se rendit à l'évidence : Ereyne s'était faite enlever.

Furieux, il commença à tout fouiller afin de mettre la main sur une demande de rançon ou un indice quelconque lui permettant d'identifier le ou les ravisseurs avant de se raviser aussi sec. S'ils avaient été assez malin pour pénétrer le château, ces individus n'avaient certainement pas laissé de carte de visite. Il hurla en direction de la porte qu'il voulait tous ses fils dans le hall dans l'heure.

— Et qu'ils soient sobres ! ajouta l'immortel pour Fitz qui reçut l'information du bas de l'escalier menant au donjon.

Nul besoin d'aller plus haut pour entendre Zelyan qui vociférait et faisait les cent pas dans le dressing de sa compagne. Il réfléchissait à voix haute, alternait mots et grognements tandis qu'il passait et repassait devant les rangées de robes, chaussures et autres vêtements. Il allait les étriper, les faire cuire à petit feu, les égorger, les piétiner, les rôtir, les découper, les fesser, les pendre, les écarteler...

​​​​​​​Soudain, décoiffée, pâle, tremblante, en sueur, enveloppée dans deux couvertures, les yeux gonflés, humides et le nez rouge, Ereyne surgit de la chambre à coucher demeurée dans la pénombre.

— Mais tu vas me laisser dormir oui ?!

Zelyan s'occupe de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant