02 Décembre

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Ereyne n'attendit pas la réponse de son compagnon et retourna se coucher. Elle grimpa avec difficulté dans son lit, rabattit tant bien que mal les couettes et tenta vainement de respirer par le nez. Zelyan, qui l'avait suivie, resta debout au bord du lit. Les bras croisés, la mine renfrognée, il constata les dégâts ravageurs que des microbes occasionnaient sur sa belle.

— Tu sais que j'ai failli répandre le chaos pour toi ?

— Comme s'il te fallait une excuse, grommela Ereyne avant de se moucher.

L'immortel lui accorda le point. Il aimait le désordre, la traque, la chasse, la course poursuite, la torture, la mort, tous ces petits riens  qui rendaient la vie intéressante.

— Tout est de ta faute après tout.

— M'en moque.

Zelyan n'eut eu cure et continua.

— Je rentre chez moi après une bonne chasse, le ventre bien rempli. Le paysage me rappelle la date, décembre est là. Et soudain la déprime totale. Oui la déprime. Car me vient en mémoire que tu vas être intenable, autoritaire, mielleuse, avec ce sourire béat aux lèvres, pendant un mois, que tu vas martyriser les serviteurs déjà morts pour leur plus grand malheur, que tu vas mettre toutes ces horribles décorations un peu partout. Imagine un peu ma frayeur lorsque je franchis les portes de la maison et que rien n'est en place, pas un bruit, pas l'ombre d'une boule de noël.

— Zelyan...

— Alors oui, tu n'as pas vraiment été kidnappée, mais l'erreur n'est pas mienne. Je n'ai pas surréagi, non, je ne peux pas te laisser dire cela.

— J'ai rien dit, gronda Ereyne qui souhaitait plus que tout qu'il s'en aille et la laisse dormir.

— Je n'ai pas surréagi, j'ai évalué une situation anormale, une situation de crise n'ayons pas peur des mots. J'ai donc agi en conséquence... Et j'ai appelé mes fils.

Ereyne lui tourna le dos et soupira, il ne se tairait donc jamais. Zelyan la regarda lutter contre ces bestioles invisibles à l'oeil nu et sourit.

— Ah ma douce, si tu te voyais, si... faible. Sur cette bonne nouvelle, je m'en vais profiter de cette journée de répit. Les pères Noël attendront demain et ce n'est pas pour me déplaire.

Il repartit le coeur joyeux, réfléchissant à ce qu'il allait bien pouvoir faire. Allait-il descendre aux cachots ? Ou bien en enfer ? La journée serait-elle consacrée à la lecture des derniers rapports ou bien à des activités plus saines ? Meurtres, découpe de membres, invocation de forces occultes...

L'immortel arriva en bas et obliqua vers la salle d'armes, prêt à commencer par un petit échauffement.

—  Tu voulais nous voir père ? 

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Pour la seconde fois aujourd'hui Zelyan se figea. Il se tourna lentement et découvrit avec horreur ses fils l'attendant dans le hall.

— Zut.

Zelyan s'occupe de NoëlOù les histoires vivent. Découvrez maintenant