Lettre Vingt-Neuf : Jeudi 12 juillet
Cher Grand-père, peux-tu imaginer la joie que ça a été de recevoir Marine, Lilia et Rose en même temps à l'heure du goûter, aujourd'hui ?
J'étais tellement heureux qu'on ait été à nouveau tous réunis ! On a mangé des glaces, tranquillement assis les uns à côté des autres dans le jardin un peu laissé à l'état sauvage. Ce moment avait une saveur de liberté. Tu vois ce genre d'instant où tu regardes autour de toi ; où tu te rends compte que tes meilleurs amis sourient de concert et plaisantent en mettant de côté leurs problèmes et leur tristesse ; où tu peux presque palper à quel point ils sont contents, fiers d'être présents avec toi ; où tu sens la main de ton copain dans la tienne et sa tête calée sur ton épaule. Ce genre d'instant où tu te dis ''c'est ça. C'est ça que je recherchais, que j'ai toujours recherché. Je suis moi-même et je suis bien.''
Ces vacances sont une révélation, Grand-père, et je suis d'autant plus heureux que Marine soit revenue parmi nous pour en profiter également. C'est cette vie que je veux mener, c'est ce bonheur que je veux atteindre, tous les jours ! Je veux savoir profiter de tout ce qui m'est offert, puisqu'après tout, ''le bonheur, c'est de continuer à désirer ce qu'on possède'' n'est-ce pas ?
Rose a bien meilleure mine depuis la fin de la période d'examens, elle a proposé de rester nous aider cet après-midi, ce qu'on n'a bien sûr pas refusé. Lilia et Marine ont tenu à transporter quelques affaires également, bien qu'elles ne fussent (oulala subjonctif imparfait...) pas réellement venues pour ça à la base. En tous cas, je suis tellement content que notre groupe d'amis se soit ressoudé, avec Rose en plus ! Elle s'est d'ailleurs bien intégrée, la ''Rosy'' ; elle n'a de cesse de ramener la bonne humeur parmi nous, même si elle entre moins dans les délires enfantins que nous (tu ne la verras visiblement jamais se mettre à chatouiller quelqu'un ou faire des pitreries sur la table de jardin, coucou Casper). Elle ne parle pas toujours beaucoup, mais sa présence est relaxante, rassurante. Elle est d'un silence agréable.
Quant à Elric, il est bien plus câlin que ce que j'imaginais, même si je savais déjà qu'il appréciait le contact humain et les marques d'affection. De fait, il a tendance à souvent entourer mon ventre de ses bras en rapprochant son torse de mon dos pour poser son menton sur mon épaule. J'adore quand il fait ça. Sinon, il me câline beaucoup, j'ai l'impression d'être un privilégié... Je suis vraiment bien avec lui ; j'ai hâte de le présenter à Ilias qui n'en peut plus de savoir que j'aie (''enfin'', d'après lui) avoué mes sentiments avec Elric, qu'ils soient réciproques et qu'on soit ensemble ; sans jamais avoir pu le voir. On n'a jusque là jamais reparlé de ma sexualité avec Elric, j'avoue que j'appréhende un peu cette discussion, même si je sais que je peux lui faire confiance pour le soutien et la douceur. Il m'a suffisamment montré qu'il savait se montrer présent.
Je t'embrasse,
Gabin.PS : J'ai tellement envie de l'embrasser, lui... Si tu le voyais, il est à tomber ! J'ai vraiment de la chance...
Lettre Trente : Dimanche 15 juillet
Cher Grand-père, comment vas-tu ?
Je suis rentré pour le week-end, puisque les parents voulaient me voir un peu, mais je me suis pas mal ennuyé car Ilias est chez Marc et Marion, en vacances. Le seul avantage est que j'ai pu prendre tout mon temps sous la douche, sans que Miss Helena ne me rappelle à l'ordre. Même si je sais qu'en réalité, elle me laisse excéder un peu mon temps, et est assez flexible au niveau des horaires de lavage. Elle préfère qu'on soit propres, et heureusement !
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Cher Grand-Père
Teen FictionGabin, étudiant en faculté, a une orientation sexuelle particulière qu'il ne parvient plus à garder pour lui. Difficile d'aimer romantiquement parlant les hommes et sexuellement parlant les femmes. Ne sachant pas à qui se confier, il décide d'écrire...