Lettres XXXIII - XXXVII

148 13 37
                                    


Lettre Trente-Trois : Samedi 21 juillet

Cher Grand-père, comment vas-tu ?

Tout d'abord, il faut que tu saches que je n'ai pas réussi à ne pas réveiller Elric, mais il s'est rendormi aussitôt qu'il a pu poser sa tête contre mon torse (oui ça me semblait d'une urgence vitale de répondre au Post-Scriptum de ma lettre précédente. Pourquoi me lis-tu, Grand-père ? Franchement, je me pose la question...).

Aujourd'hui était presque comme Helena l'avait prévu, à la différence près que ses deux parents étaient finalement présents - Lise a réussi à repousser un rendez-vous pour pouvoir partager cette dernière journée avec nous tous - ce qui a bouleversé sa répartition des tâches. Mais au final, on a tous un peu moins travaillé, ce qui fait qu'on est plus en forme et qu'on a pu se faire un grand goûter à base de glaces et autres sucreries tous ensemble. Tu sais, ce genre de moment où on est tous assis dans l'herbe autour d'une grande nappe contenant monts et merveilles en terme de nourriture, à boire et à manger tout en bavardant et riant. Tous réunis, puisque les trois filles étaient de la partie également. J'ai adoré quand Elric m'a tiré en arrière jusqu'à ce que ma tête repose sur ses jambes croisées en tailleurs, pour déposer un léger baiser sur mes lèvres. Je ne te le décrirai pas, je ne saurais le faire. Un baiser ça ne s'écrit pas, ça se ressent. Mais sois assuré que ce que j'ai ressenti, c'était beau.

Par rapport aux toiles d'araignée, c'est Lilia qui les a finalement toutes fait disparaître en un rien de temps, sans oublier de me jeter un regard légèrement moqueur auquel j'ai répondu par un levé de majeur. Elle s'est enfuie en riant, cette petite peste ! Mais bon, je l'adore quand même, je suis contradictoire. Mon copain n'a eu de cesse de se trouver des petits prétextes pour descendre passer une minute avec moi à la cave, ce que j'ai particulièrement apprécié ; de fait, je me suis mis à faire de même, ce qui a à la fin donné place à une sorte de jeu dont les règles étaient plutôt floues. Lier l'ultime à l'agréable est ce que chaque personne de cette planète devrait faire chaque jour.

Le crépuscule est là, moment transitoire d'un monde vers un autre, et bientôt la nuit viendra clore cette journée, la classant dans la case des souvenirs. Ce soir est le dernier que je passe ici, sauf si Casper m'invite, bien évidemment ; et j'avoue que j'ai tout sauf envie de m'en aller. Les petits bisous d'Elric dans mon cou alors que j'écris cette lettre me font un bien fou et me perpétuent dans mon bien-être de me trouver ici (il lit par-dessus mon épaule, ce coquin, et le voilà qui détourne les yeux, comme si ce n'était pas vrai). Je ne vais pas tarder, je pense, à aller rejoindre le matelas qui me fait de l'œil depuis un moment ; il est vrai que la fatigue accumulée me retombe dessus à présent. Mon copain vient de s'y installer et me tend les bras pour que je le rejoigne ; je vais donc te laisser, Grand-père. À partir de demain je retrouve mon lit, mon frère, mes parents et ma maison. Sans oublier ma batterie, bien sûr ! Je vais m'en donner à cœur joie, en espérant que Papa veuille bien se prêter au jeu comme il l'a fait la dernière fois !

Je t'embrasse,
Gabin.

PS : J'ai hâte de te voir pour la Toussaint, vous viendrez bien passer un week-end chez nous, comme chaque année ?



Lettre Trente-Quatre : Dimanche 22 juillet

Cher Grand-père, comment se passe la vie en Normandie ?

J'ai retrouvé Ilias ce matin, il avait la peau halée et un sourire jusqu'aux oreilles qui m'a rendu tellement fier ; il resplendissait le petit frère ! Aujourd'hui est passé entre petites histoires racontées l'un à l'autre, confidences sur nos ébats amoureux et beaucoup, beaucoup de musique. On a découvert chez Papa un esprit métalleux inattendu (pourtant visiblement marqué) et pour le moins amusant ; ça lui arrive de hocher violemment la tête en rythme durant certains morceaux ; comme s'il était dans un concert de hard. Par contre, comme Maman a dû s'imaginer que je n'ai rien fait de sportif depuis le début des vacances (note l'ironie), elle m'a confié le nettoyage de l'étage ; ainsi que le rôle de cuisinier particulier de la maison. Ilias m'a pris en pitié et a retroussé ses manches avec moi, sans manquer de me gratifier de son magnifique sourire encourageant (mon dieu je deviens gaga de mon petit frère, ce n'est plus possible, il va vraiment finir par dire que je suis ''relou''...). Je suis d'ailleurs heureux qu'il sourie à nouveau spontanément ; en grande partie grâce à Marion. Au fait, Ilias compte lui demander de sortir avec lui d'ici peu, j'espère qu'il conclura - qu'ils concluront - et qu'ils seront bien ensemble !

Cher Grand-PèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant