Lettres XIII - XVI

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Lettre Treize : Mercredi 9 mai

Grand-père, c'est l'horreur !

Les parents de Marine sont partis en déplacement ce matin, ils s'envolaient vers l'Allemagne pour trois jours mais leur avion a eu un problème technique lié à une fuite de gaz, si j'ai bien compris. Merde, Grand-père, ils sont morts dans l'après-midi ; personne n'a su les sauver ! Ils ne sont même pas décédés sur le coup, pourtant nul n'a été capable de les secourir... Marine ne répond ni au téléphone ni par messages. Je m'inquiète énormément, j'espère juste qu'elle ne va pas merder... Lilia m'a dit qu'elle allait la rejoindre, il ne faut pas qu'elle reste seule avec son désespoir. Elle est dévastée, notre Marine, je ne sais pas quoi faire, comment réagir. C'est si soudain... Ça lui est tombé dessus sans qu'on ne puisse la protéger de cette horreur qui survenait d'un coup dans sa vie. Lilia est très affectée aussi ; d'une part parce que sa copine est au plus bas ; de l'autre car elle appréciait elle-même énormément ses deux parents. Bon sang, pourquoi ça lui arrive comme ça, d'un coup ?

La vie est trop injuste, Grand-père, même si ce n'est pas directement envers moi. Cette famille ne méritait pas cette tragédie ; que va faire notre Marine, maintenant ? Imagine si elle était confiée à ses grand-parents, qui habitent en Picardie ? Et si elle devait se séparer de Lilia, de nous ? Elle a besoin de soutien ; mais surtout de stabilité, d'un environnement familier alors que son quotidien s'effondre. Si elle part en Picardie, elle se sentira d'autant plus seule, tu ne crois pas ? J'espère que son couple avec Lilia survivra à ça... Si tu savais, si je savais dans quel état elle est actuellement... Je ne sais plus ce que j'écris, probablement que cette lettre te semble insensée ou du moins incompréhensible mais j'avais besoin de me relâcher. J'ai peur pour elle ; pour Lilia aussi. Même Cass a arrêté de dire des bêtises aujourd'hui. Des policiers sont venus chercher Marine en plein milieu d'une séance en amphi, tu te doutes bien qu'on est resté sur le cul (pardon pour l'expression) ; d'autant plus qu'ils ne nous ont rien expliqué. Ils sont juste arrivés, ont demandé à ce que Marine les suive, puis sont repartis avec elle. On n'a plus eu de nouvelles après ça, jusqu'aux vingt heures.

Ils l'ont donc emmenée à l'extérieur, puis elle ne nous a donné signe de vie qu'après qu'ils l'aient confiée à sa tante qui était venue la chercher à l'hôpital où sont ses parents. Elles sont rentrées sur Paris, où habite la tante de Marine ainsi que ses deux cousins. Apparemment, ils ont été aussi présents que possible, malgré leur propre peine, mais elle a refusé tout contact et s'est enfermée dans la chambre d'amis en répétant le prénom de Lilia. D'ailleurs, celle-ci vient de m'envoyer un message comme quoi elle arrivait devant l'immeuble ; elle va essayer de lui parler, ou au moins de lui rappeler qu'elle n'est pas seule. Cette année aurait dû rester belle, pourquoi a-t-elle tournée de cette façon ? C'est complètement injuste...

Parfois, je me sens seul, Grand-père. Je mentirais si je disais que les bras de Kiam ne me manquent pas. Mais que veux-tu, je ne peux tout simplement pas accepter ses actes délibérés... Je vais parler avec Elric, j'espère qu'il réussira à m'aérer l'esprit parce que je ne me vois pas m'endormir dans ces conditions. Au passage, j'ai presque fini son bracelet. J'ai hâte de le lui offrir.

Je pense essayer de voir Marine demain, en fonction de son état et de ses envies, évidemment.

Je t'embrasse,
Gabin.

PS : Peut-être que je ne pourrai finalement pas venir vous voir pendant l'été, je vais essayer d'être présent pour Marine, et aider au déménagement de Casper.



Lettre Quatorze : Jeudi 10 mai

Cher Grand-PèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant