Symphonie stellaire

2 - Caprices

-"À tout à l'heure, papa."

Ignir prit son fils dans ses bras, puis se releva et s'adressa à moi.

-"Lucy, occupe-toi correctement de lui en attendant mon retour.

-Bien, monsieur."

Il referma la porte derrière lui, puis on entendit une voiture démarrer puis partir.

Ça y est. Le calvaire va commencer.

Natsu se retourna.

-"Lucy. Fais-moi à manger !

-Vous venez de finir de petit déjeuner avec votre père.

-C'était infect, tu l'as mal préparé. Refais-m'en un autre, et avec de la crème glacée ! 

Infect ?! Le maître s'en serait plaint, si c'était le cas.

-"Daignez patienter jusqu'au goûter, jeune maître."

-" Non ! Je veux manger maintenant !" fit le garçon en tapant du pied.

Voilà maintenant un mois que je travaillais chez les Dragneer, un mois depuis lequel c'était la même chose tous les jours : ce petit garçon de deux ans mon cadet me faisait vivre un enfer en l'absence de son père.

Me voilà à glisser parce que Natsu a mis de l'huile par terre, et en plus d'être tombée, c'est moi qui devrai tout nettoyer... L'autre fois il avait piqué les clés de la maison et s'était enfuit avec.
C'était dur de lui courir après, parce que mon uniforme -composé d'un bustier et d'une jupe longue noirs ornés de dentelle blanche et d'une paire de ballerines- est plutôt inconfortable.

Voilà enfin l'heure du goûter.

-"Je veux pas de choux !

-Mais, votre père a dit qu'il voulait que vous en mangiez.

-M'en fiche, je veux pas de choux !"

Ce genre de crise arrivait environ 5 fois par jour, et je ne m'y faisais jamais.

-"J'ai dit que j'en voulais pas !" fit-il en renversant violemment son assiette. Résultat, je me pris le manche de sa fourchette dans l'œil.

Disons que ce n'était pas très agréable.

En plus, aujourd'hui, Natsu avait l'air d'humeur particulièrement mauvaise, c'était allé loin. Il avait renversé de la peinture sur le mur du salon.

Peu après, un bruit de clé se fit entendre, venant de la porte d'entrée.

Le maître rentrait.

Je n'avais jamais laissé paraître quoi que ce soir d'une matinée mouvementée au père, car il idolâtrait son fils à un point que je ne le voyais même pas en train de le punir - en vrai c'est parce que je sais qu'il ne va pas me croire, mais bon-. De toute façon, Natsu nierait tout.

Le voilà qui courait se cacher.

Lorsque le maître rentra, il tint un langage autre que son habituel.

-"D'où sort cette peinture ?"

-"Je.. Cest moi qui en ai prise dans le garage, et renversée ici par mégarde.."

Je fus coupée par une gifle qui me déséquilibra, et je me retrouvai par terre.

-"Comment oses tu ? Sais tu combien ce salon m'a coûté ?!"

Mes yeux s'embuaient, je ne fis que les baisser.

-"Que ce soit la dernière fois !" tourna-t-il les talons.

Je me relevai et fondis en larmes.

Disons qu'une gifle, c'est douloureux.

Voilà en quoi être une esclave était désavantageux.

Subir sans broncher, je ne pouvais même pas me plaindre.