J'assistais ce matin, au lever du soleil. Une manière de me préparer mentalement a la nouvelle journée qui s'annonçait. Insomniaque, d'aussi loin que je m'en rappelle, je n'ai jamais manque a cette habitude qui devint finalement une tradition. Lorsque j'étais enfant, je me tenais à cette place, avec des yeux remplis de vénération. C'est à ce moment que la magie de la journée s'opérait. Lorsque l'homme, avait encore assez de songes en tête pour l'empêcher de nuire à la pureté de la nature. L'aube qui efface définitivement la veille, et fait place à un nouveau jour. Ultime moment, ou la nature se fait entendre dans ce monde endormi.
En tout cas, je m'en étais convaincue. Elle m'insufflait sa force. Sa chaleur se répandait en moi, signe que j'étais prête à affronter une nouvelle journée. La porte d'entrée se ferma doucement, m'indiquant que Licha venait de faire irruption dans ma chambre.
- Quand apprendras tu a frapper avant d'entrer ? lançai-je sans me retourner.
Elle ne me répondit pas, comme a chaque fois qu'elle trouvait une conversation inutile. Elle posa sa tête sur mon épaule et m'enlaça.
- Tu t'attendais à cette irruption Dahlia, me souffla-t-elle à l'oreille.
Je souris à sa remarque, sachant qu'elle avait pertinemment raison. Elle venait souvent me retrouver a cette heure, comme pour me faire comprendre que je n'étais pas seule, que les ombres appartenaient a la nuit et qu'on affronterait ensemble cette nouvelle journée. C'était un serment, un cri qui venait du cœur. Et je m'y accrochais.
- Tu ne m'as jamais avoué comment tu as découvert mon rituel, tentai-je.
- Et tu ne le sauras jamais, chuchota-t-elle d'une voix de conspiratrice.
Je haussai les épaules, mais ne répliquai rien. L'heure n'était pas à de futils bavardages. Le soleil, dominait timidement le ciel pale, nous habituant à sa présence. Mais bientôt, il sera impossible de le fixer sans risquer de se bruler la rétine. Les feuilles des arbres frémissaient, une brise légère effleurant mon visage, telle une caresse. Trois mois que je n'avais plus de ses nouvelles.
- Je donnerais n'importe quoi pour retourner a l'université, murmura ma sœur quelques instants plus tard.
- Les cours te manquent autant ? tu devrais être heureuse d'en avoir termine répliquai-je en contenant les sarcasmes qui me venaient en tête, et qui ne l'auraient sans doute que blessée. J'avais tendance à oublier a tort, la profonde sensibilité de ma sœur.
- Non répondit-elle en me tapotant le sommet du crane. C'est mon insouciance de l'époque qui me manque. Tout me semblait alors tellement simple.
Je levai les yeux au ciel mais me retint de protester pour ne pas lui donner la satisfaction de constater mon agacement. Et je préférais de toute manière, ne pas faire d'allusion à cette époque qu'elle enjolivait. Rien n'a jamais été simple pour elle. je me rappelle a quel point elle se plaignait des cours, des étudiants....
- Tu comptes les laisser pousser un jour ? m'interrogea-t-elle en tirant sur mes courtes mèches.
-Je les préfère ainsi déclarai-je en me dirigeant vers mon miroir.
J'observai mes cheveux en me remémorant le jour ou ma mère avait découvert que je les avais coupés. On aurait cru que j'avais commis un meurtre. Ma sœur ferma les fenêtres et rentra sous mes draps, espérant rattraper les précieuses minutes de sommeil, qu'elle venait de perdre.
- Je te réveillerai à sept heures, l'avertis-je. Maman n'apprécierait pas que l'on rate notre premier petit déjeuner en famille, depuis notre arrivée.
Elle recouvrit sa tête de la couverture, désireuse de se soustraire à mes paroles. Je la rejoignis et fermai les yeux. Effleurant du doigt la chaine en argent que je portais au cou, je fredonnais une chanson dont j'avais oublie le titre. Recroquevillée sur elle-même Licha soupira :
- Tu pourrais essayer de te taire ? exigea-t-elle d'une voix rogue.
Je ne lui répondis pas, me laissant submerger par les souvenirs d'une autre existence.
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Les arômes de l'enfer
Narrativa generaleLorsque tout s'effondre comme un château de cartes. Lorsque l'on se rend compte que les fantômes du passé ne nous ont jamais quitté. Lorsque le paradis et l'enfer se frôlent dangereusement, au risque de s'unir. Lorsque tous nos sentiments, nos émoti...