Lorsqu'il se retourna, j'eus beaucoup de peine à cacher ma stupéfaction. Loin de dramatiser la situation, je redoutais quelque chose que je ne pouvais identifier. Car, une rencontre aussi étrange avec l'un des associes de mon père ne me rassurait guère. Lorsqu'il me tendit la main en déclarant s'appeler Maël, je vis la lueur de défi présent dans son regard. Nullement dérange par la situation.
A ce moment précis, je regrettai de ne pas lui avoir accorde plus d'attention la nuit dernière. J'aurais peut-être pu en tirer quelque chose. Tout me dérangeait dans cette histoire. Le fait que mon père ait menti. Que Luke m'ait suivi à l'extérieur. Qu'il ait menti sur son prénom. Rien n'était coïncidence lors de cette soirée. Je sentais qu'un engrenage venait d'être enclenche. J'avais une grenade entre les mains. Mais je ne pouvais savoir si elle exploserait ou pas. Je nageais en pleine incertitude. Les deux autres disaient s'appeler Jalel et Daniel.
Du bar, je regardais ces trois spécimens discuter d'un air trop sérieux pour ce genre de soirée. Apres quelques minutes, Luke ou Maël - qu'en sais-je ?- se dirigea vers le bar non sans leur adresse le même rictus que la dernière fois. Sans y réfléchir, je me dirigeai vers lui.
- Je ne sais pas lequel vous sied le mieux entre vos deux prénoms déclarai-je stupidement.
Je ne savais pas quoi dire pour enclencher la conversation. Il gardait son sempiternel sourire, mais ses yeux restaient rives sur le serveur.
- Un martini, commanda-t-il.
Debout, prés de lui, je ne savais que faire. J'ouvris la bouche pour parler mais je ne voulais pas gagner un point de plus en ridicule. Je voulais partir, mais je n'arrivais pas à l'ordonner à mon cerveau. Apres avoir avale sa connerie de martini d'une seule traite, il leva enfin sur moi, des yeux inexpressifs. J'étais bien loin de mon inconnu du disco.
Il n'était pas particulièrement chaleureux lors de cette soirée. Mais aujourd'hui je percevais une distance qui me sidérait, confirmant mes soupçons. Je ne comprenais rien à la situation.
- vous êtes belle ce soir, marmonna-t-il en me fixant avec ses yeux vides.
J'aurais pu le prendre pour un compliment. Mais rien dans son ton, ou son regard ne me l'indiquait. Il énonçait une évidence. Du genre qu'on est oblige d'admettre parce que vrai, et non par gaieté de cœur.
- Depuis quand la beauté est considérée comme un défaut ? répondis-je
Il sortit son portable de sa poche, se mit à pianoter sur l'écran sans un mot d'excuse.je ne comprenais pas pourquoi je supportais cela. Ni pourquoi je restais plantée la, a le fixer. Encore un peu et on me prendra pour une malade mentale.
- J'ai un appel important à passer, déclara-t-il avant de partir, les yeux toujours rives sur son écran.
Je scrutai rapidement les gens présents dans le salon pour voir si tout était passe inaperçu. En temps normal, je ne lui aurais jamais plus lance un regard. Mais ma curiosité mangeait ma raison, m'empêchant de réfléchir convenablement. Je sentais que ces trois hommes n'étaient pas d'ordinaire associe comme ils le prétendaient tous. Et il y avait Maël...
Une épée de Damoclès flottait sur nos têtes. Et je ne suis pas certaine de pouvoir me passer du peu d'équilibre que j'avais au sein de cette famille.
Alors je décidai de le suivre, discrètement je l'espere.il marchait d'un pas alerte et parlait a voix basse. Il ouvrit la porte de la cuisine et se dirigea vers le jardin. Il marchait sans aucune hésitation, comme s'il connaissait déjà bien les lieux.
Il longea la piscine, s'enfonça sous les arbres et se refugia derrière la cabane. Je m'approchai doucement, priant le ciel pour qu'il ne remarque pas ma présence.
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Les arômes de l'enfer
Fiksi UmumLorsque tout s'effondre comme un château de cartes. Lorsque l'on se rend compte que les fantômes du passé ne nous ont jamais quitté. Lorsque le paradis et l'enfer se frôlent dangereusement, au risque de s'unir. Lorsque tous nos sentiments, nos émoti...