/38/ Cachette secrète

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Tout le reste de la journée, Simon a l'esprit embrumé par les paroles de Joyce.
L'homme qu'elle a torturé et tué était donc le « grand méchant loup » dont elle fait tant la description abominable dans son autobiographie?!
Mais pourquoi est-il là bas? Comment est-ce possible? Et comment sa compagne est morte?!

*****

-J'y vais. Tu viens?

Il lève les yeux vers Adèle qui le regarde en souriant, son manteau sous le bras.

-Non désolé j'ai encore du boulot... on se voit demain.
-D'accord... bonne soirée alors.
-Bonne soirée.

Elle ne peut cacher sa déception mais s'en va sans insister tandis que Simon se retrouve seul avec le service de nuit.

Il décide de retourner voir Joyce. Il ne pourra pas dormir tant qu'il n'aura pas plus d'explications...

Il entre dans la chambre plongée dans l'obscurité et allume la lumière.

-Bonsoir...

Elle ne répond rien. Il referme la porte derrière lui et s'approche.

-Écoutez... je veux vous aider. Mais il faut que vous m'expliquiez.
-Expliquer quoi?
-Tout.

Elle ne peut s'empêcher d'afficher un sourire ironique.

Tout »...
-Pourquoi ne pas avoir appelé la police?!
-Avant ou après l'avoir tué?
-Avant... après... je ne sais pas...
-Il ne m'aurait jamais laissé le faire de son vivant. Ce n'était pas ça qu'il voulait.
-Et après?
-A quoi cela aurait-il servit? Je l'avais torturé et tué... qu'est ce que cela aurait changé?

Simon n'a pas de réponse à lui apporter. Il reste silencieux. Joyce finit par reprendre en fixant le plafond:

-Vous savez... il me l'a dit en mourant...
-Il vous a dit quoi?
-Lorsque je lui ai coupé la queue...

Une nuée de frisson traverse l'échine de Simon. Mais il ne sait pas si ce qui le terrifie le plus est l'acte en lui même ou l'indifférence avec la quelle elle en parle.

-... Il m'a dit qu'il avait gagné.
-Gagné quoi?

Elle reste muette une seconde. Puis elle tourne son visage vers lui et articule:

-Détachez-moi.
-Désolé mais je ne peux p...
-Je l'ai caché dans le seul endroit où personne n'allait chercher. Donc soit vous me détachez, soit vous allez le chercher vous même.

Simon ne comprend pas immédiatement.
Chaque patient est fouillé intégralement avant de venir ici. Et le seul endroit où elle a put cacher quelque chose est...

-Attendez ne me dites pas que...

Les mots restent bloqués dans sa gorge.

-Alors Roméo! Tu me détaches ou tu y vas?

Le dilemme qui s'offre alors à lui est littéralement cornélien.
Il ne peut pas la toucher comme ça, s'il était prit sur le fait il serait trainé en justice pour attouchement sexuel sur une patiente. Mais s'il la détache et qu'il s'avère qu'en réalité il n'y a rien de cacher et que ce n'était qu'une manœuvre pour pouvoir s'enfuir ou pire, les conséquences pour lui seraient tout aussi funestes.

Il réfléchit un long moment, mais finalement la curiosité l'emporte:

-Je ne vous détache d'une main. Et vous vous laisserez rattacher juste après c'est clair?

Elle hoche la tête en levant les yeux au ciel.
Il s'approche et détache son poignet droit en restant sur ses gardes.

Joyce secoue sa main pour retirer les fourmis qui commencer à la démanger puis, sans lâcher une seconde le regard du docteur elle glisse sa main dans sa culotte. Elle écarte les cuisses au maximum malgré les sangles et attrape du bout des doigts de morceau de papier enroulé et caché précieusement dans son vagin.

Lorsqu'elle lance un petit sourire insupportable à Simon alors qu'elle a toujours la main en bas, il ne peut s'empêcher de détourner le regard, bien trop gêné par cette lueur insoutenable présente au fond de ses iris. 

Après un moment qui lui semble durer des siècles elle brandit le bras, avec entre ses doigts le morceau de papier.

-Qu'est ce que c'est?
-Je l'ai trouvé dans la bouche de Constance... peu de temps après qu'il est finit enfin par se vider de son sang. C'est lui qui l'avait mis là après l'avoir violée, torturée et assassinée...

Simon prend le morceau de papier qu'elle lui tend et tente d'oublier d'où il provient, à savoir de la bouche d'un cadavre puis d'un sexe de femme.
Il prend soin de rattacher Joyce qui, comme elle l'avait dit, se laisse faire le déroule et lit à haute voix:

Tu pensais t'être enfin vengée de tout ce que je t'avais fait, à toi et à ceux que tu aimais. Mais saches que je voulais mourir, dès la seconde où tu as réussis à fuir dans cette voiture grise tachée de sang. J'ai perdu mon pari. Tu as gagné. Et pourtant j'étais toujours en vie. Il était normal que tu finisses ce que tu avais commencé. Je suis fier de toi Petit Chaperon Rouge»

JoyceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant