/42/ Héritage

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Joyce a le visage penché en arrière, les yeux rivés vers les constellations qui illuminent le ciel noir de cette nuit sans nuage.
Seul le bruit de sa propre respiration et du léger vent qui fait frémir les feuilles vient perturber ce calme merveilleux.

Elle ferme les paupières et laisse ce souffle doux et frais caresser son visage et se mélange et à ses cheveux. Elle lève les bras vers le ciel comme pour le remercier. Le remercier d'être là. Le remercier pour sa beauté, pour sa sérénité...

Elle réouvre les yeux et sort de sa poche un morceau de papier déchiré.
Le reste du papier qu'elle n'avait pas donné à Simon cette nuit là dans l'hôpital. Elle l'avait préalablement déchiré en deux parties et il n'avait alors lu que la première.
Ce n'est que lorsqu'elle les a sut prêts qu'elle leur a lu, à lui et à Adèle, le mot complet que lui avait laissé Sean.

Soudain le bruit des pas de Simon et d'Adèle la sortent de ses pensées.

-Alors?
-Ça y est ils sont endormis.
-Bien.

Elle avance d'un pas vers eux.

-Vous êtes prêts?

Ils hochent la tête simultanément.
Elle pose sa main droite sur la joue de Simon et la gauche sur celle d'Adèle et les regarde lentement tour à tour.

-Tout a commencé ici. Dans cette forêt. Prêt de cette rivière. Sous ses arbres. Il y a presque six ans. Vous n'étiez pas là... Mais désormais vous allez vous aussi écrire l'Histoire.

Elle s'approche d'Adèle et dépose ses lèvres humides sur les siennes puis fait de même avec Simon.

-Nous sommes liés à tout jamais. Nous faisons ce pour quoi nous sommes venu au Monde...

Elle brandit le morceau de papier puis reprend:

-Il nous a guidé, mais désormais c'est à nous de tracer notre propre chemin.

Et sur ces mots elle le lache et le laisse s'envoler au gré du vent avant de tomber dans le léger courant de la rivière.
Ils le regardent se noyer et disparaître dans les flots puis Joyce se tourne vers Adèle:

-Donne moi la batte.

Elle lui tend et cette dernière la saisit fermement. Simon sort de ses poches deux scalpel qu'il manipule à la perfection et Adèle retire le couteau de cuisine particulièrement affûté de sa ceinture.
Ils se regardent tour à tour et se mettent enfin ensemble à marcher vers le petit campement endormi, après tant d'attente...

Joyce ne peut s'empêcher de tourner son visage une dernière fois vers l'endroit où a été englouti le papier et elle repense une dernière fois à ce texte qu'elle a fini par savoir par cœur et qui a guidé ses pas depuis qu'elle l'a lu jusqu'ici et maintenant:

« Tu pensais t'être enfin vengée de tout ce que je t'avais fait, à toi et à ceux que tu aimais. Mais saches que je voulais mourir, dès la seconde où tu as réussis à fuir dans cette voiture grise tachée de sang. J'ai perdu mon pari. Tu as gagné. Et pourtant j'étais toujours en vie. Il était normal que tu finisses ce que tu avais commencé. Je suis fier de toi Petit Chaperon Rouge.
Et pour cela je t'ai légèrement aidé pour que nous nous retrouvions enfin de nouveau l'un en face de l'autre. Mais si je te l'avais dit alors tu ne l'aurais jamais fait, j'ai dû donc utiliser tout ce petit stratagème comme quoi je voulais te tuer pour venger la mort de Ève. Mais enfin pour qui me prends tu? Ma destiné était bien plus profonde et lointaine que de s'arrêter à de telles broutilles sentimentales.
Il est temps que tu prennes le relais et que tu continues sur ce chemin divin que je t'ai enseigné. Comprends tu la portée de tout cela? Il ne s'agit pas juste de souffrance, il s'agit de la vérité. L'unique vérité céleste, la mort n'est pas quelque chose de terrifiant. En réalité c'est la plus belle chose au monde. Et il faut que tu l'enseignes à ton tour... Nous ne sommes pas des tueurs sanguinaires ou des psychopathes, nous sommes les seuls à comprendre ce pourquoi nous sommes sur cette terre. Il faut que le monde le comprenne, et passer par des tortures et des meurtres était nécessaire tu le sais, comme il était nécessaire que tu me tues.
Oui tu as gagné. Tu n'es plus le Petit Chaperon Rouge à présent... Tu es le Grand Méchant Loup, et tu l'as prouvé. Trouves toi ta propre meute et réalise ce pourquoi tu es venu au monde.
C'est ta destinée Joyce... comme ça a été la mienne.»











•••FIN•••

JoyceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant