/14/ Machoires de fer

10.5K 959 46
                                    



-Je... je vais te sortir de là mais je t'en pris tais-toi!

Elle sait parfaitement que lui demander de se taire équivaut à lui demander d'arrêter d'avoir mal, mais elle sait aussi que si ses cris stridents arrivent jusqu'aux oreilles de Sean, Ève et Jarod, elle ne donne pas cher de leur peau.

Ne pouvant utiliser sa main droite elle glisse les doigts de sa main gauche entre les dents en métal du piège qui dévore la jambe de Milo et lui demande la gorge nouée de tirer l'autre mâchoire vers lui, ce qu'il tente de faire malgré la souffrance.
Mais l'un et l'autre ont beau tirer de toute leurs forces rien n'y fait et la bouche de fer reste close.

-A... attends ne bouge pas.

Elle s'écarte de lui à quatre pattes et cherche à tâtons dans l'obscurité un branche ou une pierre qui pourrait servir de levier. Elle trouve une sorte de rondin de bois assez fin mais de toute évidence solide et reviens vers Milo. Elle glisse l'objet entre les mâchoires et pousse sur le rondin mais rien ne bouge.

-V... viens... ici... je... vais essayer... de t'aider...

Le jeune homme à la langue presque paralysée, il n'arrive plus correctement à s'exprimer et il a des vertiges, mais il fait son maximum pour neutraliser la douleur même si c'est la première fois de toute son existence qu'une telle souffrance physique et mentale le submerge.

J'ouvre obéit, se met de son côté et ensembles tirés sur le levier improviser et, par miracle, cela fonctionne et le piège s'ouvre, libérant le mollet ensanglanté de Milo.

Joyce se penche sur la blessure et approche son visage pour essayer de voir l'ampleur des dégâts. Ses yeux sont habitués à l'obscurité depuis un moment et elle constate avec horreur qu'un os blanc comme neige sort de la chair et déchire la peau. Elle ravale son dégoût à cette vue et se reprend. Elle n'a aucune idée de s'il s'agit du tibia ou du péroné mais cette fracture ouverte est largement pire que ce qu'elle a à la main et se sent soudain égoïstement chanceuse de toujours pouvoir courir, elle.

-Ça... ressemble à... quoi?

Milo essaye de pousser petit rire ironique, comme si toute cette situation était un gros gag.

-C'est...

Elle ne trouve pas les mots alors elle va directement à ce qui est important:

-Tu ne peux plus te déplacer, même en boitant. Essayer ne serait-ce que de te relever et je pense que tu pourrais te vider de ton sang. Enfin je ne sais pas je n'y connais rien! C'est mon père qui est médecin pas moi! Je suis en putain d'études de lettres en quoi tu penses que ça pourrait nous aider là bordel?!

La panique la gagne, elle débite ces paroles à toutes vitesse en commençant à hyperventiler. Milo pause une main sur son épaule, essayant de la calmer:

-Vas y!.. Va... chercher de l'aide... c'est notre... seule chance!
-Non! Je... je ne peux pas te laisser!

Il l'approche sauvagement de lui et lui dit, les sourcils froncés:

-C'est notre... seule... chance Joyce! Je compte... sur toi...

Elle reste figée quelques instants. Comment peut il rester aussi calme et confiant alors qu'il vient de se fait broyer la jambe?! Lui qui était si fébrile et paniqué tout à l'heure est désormais empli de courage et d'espoir. Les rôles se seraient-ils soudain inverser?!

Elle hoche alors la tête.

-D'a... d'accord! Je reviens te chercher avec du secours!

Elle se jette presque dans ses bras et le sert de toutes ses forces contre elle, contre son cœur.
Il pousse un petit rire, essayant de la rassurer alors que ses yeux sont livides, sont visage jaunâtre et que des gouttes de sueur coulent de son front:

-Ce n'est pas... un adieu, juste... un au revoir...

Elle lui sourit et se lève. Elle tourne les talons mais il la rappelle une dernière fois, cette fois l'expression de Milo est triste et grave:

-Au cas où... quand même... si je ne devais... pas m'en sortir... je veux juste te dire que... je t'aime Joyce...

Cet amour fraternel qui les ont toujours portés et réunis.

Cette fois Joyce ne se laisse pas abattre et lui dit en tentant de sourire comme elle l'aurait fait avant... tout ça:

-Plus cliché tu meurs... Mais moi aussi je t'aime et tu vas t'en sortir!

Et sur ces mots elle reprend sa course effrénée.

JoyceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant